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Mooc, Serious Game, Réalité Virtuelle : le e-learning vieillissant laisse progressivement place au digital learning

Mooc, Serious Game, Réalité Virtuelle : le e-learning vieillissant laisse progressivement place au digital learning
Le comité exécutif d'Accenture a été entièrement caricaturé en super-heros pour les besoins d'un jeu collaboratif.
Retrouvez cet article dans le CIO FOCUS n°95 !
Gérer sa carrière et se former : le numérique au coeur des défis

Gérer sa carrière et se former : le numérique au coeur des défis

Se former tout au long de la vie est une nécessité, notamment dans tous les métiers du numérique où les technologies évoluent rapidement. Mais si le numérique est ainsi la source d'un problème, le numérique est aussi une solution. Les nouveaux outils du Digital Learning s'appellent en effet MOOC,...

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Les évolutions technologiques dopent la formation. Les Mooc, les Serious Game ou encore la réalité virtuelle lui apporte de plus en plus d'interactivité qu'elle soit professionnelle ou académique. Le e-learning qui commence à accuser quelques kilomètres au compteur est en passe de céder sa place au digital learning.

PublicitéL'image d'Épinal du bon vieux formateur faisant un cours magistral à un parterre d'élèves studieux et attentifs a du plomb dans l'aile. De plus en plus, les cours comme les formations gagnent en interactivité grâce aux nouvelles technologies. Popularisés par l'université d'Harvard qui a été une des premières à en faire une arme d'éducation massive, les Moocs (Massive open online courses), ou CLOM (Cours en ligne ouverts et massifs) en bon français, entraînent dans leurs sillage de très nombreuses pratiques.
En effet, ces cours en ligne n'ont plus l'apanage des formations innovantes, les serious games et la réalité virtuelle, révélée au grand jour avec l'Occulus Rift, ouvrent le champ des possibles. Mais comme toujours, mieux vaut prendre ses précautions avant de se ruer sur ce genre de systèmes. Il y aura toujours des cas où les formateurs auront leur place et d'autres ou ces technologies, tout comme celles à venir, s'imposeront d'elles-mêmes. Mais comme le rappelle l'organisme de formation Demos, dans un livre blanc sur le sujet, ces deux mondes ne doivent pas être opposés. « Cela fait plus de dix ans que le e-learning existe et permet de suivre des cours à distance », rappelle Olivier Ferhart, directeur du pôle formation à distance de Demos. Il est toutefois en train d'évoluer vers le digital learning. « La technologie vient s'immiscer à tous les niveaux de la chaîne de valeur de la formation », précise-t-il. L'interactivité de ces cours augmente ainsi de façon exponentielle.
Les apprenants sont de plus en plus mis à contribution à travers des quizz, des Mooc ou encore des serious game. Toutefois, il faut savoir adapter ces formations aux publics auxquels elles s'adressent. « La difficulté aujourd'hui c'est d'arriver à faire le tri dans tout cela. Les nouveaux moyens ne remplacent pas les anciens », tranche Olivier Ferhart.
Il image ses propos : « Quand on sait qu'un Mooc coûte entre 50 000 et 200 000 euros à mettre en place, il ne sera pas judicieux d'y avoir recours pour former 20 personnes sur un site unique. Mieux vaut faire appel à un formateur. En revanche s'il s'agit de 20 000 collaborateurs à travers le monde, c'est effectivement une solution toute indiquée ». Il en va de même en fonction de l'implantation des équipes à former. Il sera très difficile de délivrer des formations très gourmandes en réseau dans des zones où les infrastructures ne suivent pas.

Elèves et professeurs poussés à la collaboration

Ce constat est partagé par les établissements de l'enseignement supérieur qui s'internationalisent à grand coup de numérique. De plus en plus bercés dans le e-learning, ils proposent à leurs étudiants des solutions pour étudier à distance via des LMS (Learning Management System). « Toutefois, dans le cadre de cours à l'international, nous devons tenir compte des spécificités de chaque zone géographique », déclare Daniel Evans, directeur de l'innovation de l'EM Lyon.
L'établissement vient de s'équiper d'un nouvel environnement de travail entièrement digitalisé basé sur les infrastructures SoftLayer d'IBM. « En déployant notre principe de Smart Business School, nous pouvons apporter de la valeur à tous les niveaux de la chaîne de l'enseignement. En outre, nous apportons aux étudiants plus d'interactivité avec leurs cours et un meilleur suivi », déclare Daniel Evans. Cette démarche stimule aussi bien les étudiants que les professeurs.
Ces derniers ne sont plus simplement dans une logique de transmission du savoir à sens unique. Non seulement, ils sont poussés à se remettre en question mais ils rentrent dans une logique de collaboration avec les élèves et leurs confrères. C'est le blended learning. « Dans cette optique, nous avons largement renforcé nos solutions collaboratives pour encourager le partage. Nous nous appuyons majoritairement sur des offre SaaS », ajoute Daniel Evans. Cette option permet une plus grande évolutivité des systèmes et une meilleure agilité, selon le directeur de l'innovation. Sur le suivi des étudiants, l'analytique apporte également beaucoup en permettant de détecter les décrochages. « Nous pouvons suivre leurs activités, la fréquence de rendus des devoirs et leur présence », expose le directeur de l'innovation qui se défend de tout flicage. Non seulement, ces données sont exploitées avec leur consentement mais en plus les étudiants sont reconnaissants.
En outre, l'EM Lyon mise de plus en plus sur l'innovation pour enrichir ses contenus de formation. L'établissement a mis en place un « learning lab » en partenariat avec l'Ecole Centrale. « Nous étudions tout ce qui peut nous passer sous la main », commente Daniel Evans. Ainsi, l'EM Lyon teste en ce moment des tables tactiles pour certains cours. L'établissement développe le format Mooc. Certains cursus de ce type sont d'ores et déjà disponibles.

PublicitéLes Mooc gagnent en reconnaissance


Ces derniers sont d'ailleurs loin d'être l'apanage de l'enseignement académique. Comme dit plus haut, les entreprises commencent à en faire un usage récurrent pour former leurs équipes tout comme n'importe quelle structure en quête de formation. « Par essence, le Mooc s'adresse à tout le monde », rappelle Mathieu Nebra, fondateur d'OpenClassrooms, l'ancien Site du Zéro, bien connu de tous ceux qui, un jour, se sont arrachés les cheveux sur un langage de programmation.
La plate-forme qui compte aujourd'hui 2,5 millions d'abonnés dispense des cours en ligne à un très vaste public. A titre individuel et personnel, les Mooc commencent à rencontrer une forte adhésion des personnes désirant se reconvertir ou enrichir leurs domaines de compétence. Leur dimension professionnalisante est de plus en plus reconnue.
A noter que dans le cadre de la réforme de la formation professionnelle, les Mooc vont bientôt bénéficier d'une reconnaissance étatique. OpenClassrooms a même pris les devants en passant des accords avec des grandes écoles pour la validation de certains cours. Il sera également possible de les financer sa formation par le biais des OPCA (Organismes Paritaires Collecteur Agréé).

Des scénarios dignes d'Hollywood


Dans le cadre de Mooc dédiés spécialement aux entreprises il est très important de bien comprendre les problématiques des apprenants. « La phase de préparation en amont est un moment clés dans la réalisation du Mooc », témoigne Mathieu Nebra. Une fois le cahier des charges définit, il faut créer le Mooc et accompagner les responsables de formations qui ne sont pas forcément sensibilisés aux particularités de ce mode de formation. « Le plus difficile au final reste d'intégrer le Mooc à la culture de l'entreprise », déclare Mathieu Nebra.

« L'important dans un Mooc aujourd'hui, c'est de réussir à faire des cours intéressants », déclare Mathieu Nebra. Le taux d'absentéisme et de décrochage est en effet plus élevé dans une formation non présentielle mais paradoxalement, ces formations permettent d'apporter une plus large base de compétences. Pour y remédier, Open Classrooms tente de scénariser ses cours au maximum. Mathieu Nebra ne cache pas s'inspirer des séries américaines pour tenir les apprenants en haleine. Il est également nécessaire de mettre en place un maximum de challenges. A ces fins, la plate-forme s'appuie non seulement sur une batterie de développeurs mais également des spécialistes de la pédagogie. Le Mooc tend ainsi à se rapprocher du serious game.

Le serious game s'impose dans la galaxie des outils de formation

Utilisés pour la formation depuis déjà quelques années, les serious game se popularisent. Le Cigref lui même est en train d'en déployer un pour sensibiliser les utilisateurs à l'utilisation des données. Il devrait être opérationnel d'ici la fin du mois de mars. Privilégié pour la formation des managers, ces jeux sérieux apportent une dimension plus immersive et surtout plus fun à la formation grâce à la gamification.
« Avec les serious games, on est dans un push d'échanges entre la machine et l'apprenant et c'est cela qui est radicalement nouveau », déclarait Philippe Legrez, directeur juridique de Michelin, lors de la mise en place d'un serious game pour sensibiliser ses équipes aux lois antitrusts.
Il détaillait : « ce jeu, qui été conçu avec des commerciaux, s'inspire de situations vécues. Il propose une diffusion de scénettes par épisodes qui immergent les équipes commerciales dans un univers qui leur est familier ».

Un Comex super-héroïque dans un jeu décalé

Chez Accenture, la direction a mis en place un jeu collaboratif pour permettre aux générations Y de mieux appréhender l'actualité de l'entreprise et notamment sa stratégie. « Notre savoir faire, c'est notre expérience à l'international. Il est important de le partager », déclare Charlotte de la Ronde, directrice marketing et communication de la SSII. Toutefois, les équipes réclamaient toujours plus d'informations et bien que celles-ci soient déjà existantes, leur accès n'était pas optimal. « Nous nous sommes concertés et avons cherché un moyen de faciliter cet accès tout en le rendant dynamique. L'idée du jeu s'est imposée d'elle même », précise Charlotte de la Ronde. L'idée était de mettre en place un quizz dans un univers complètement décalé. La plupart des équipes de direction ont été mise à contribution et le comex s'est prêté au jeux. « Nous les avons représenté sous la forme de super-héros », raconte la directrice marketing. Afin d'être sûr de ne pas se tromper, une équipe représentative de la cible du jeux collaboratif a été mise en place pour faire office de beta-testeurs. Avec une moyenne d'age de 31 ans, Accenture baigne complètement dans la génération Y. Or, la publicité nous a largement montré à quel point il été facile de se tromper quand il s'agit de s'adresser avec humour à une génération plus jeune. Le jeu se présente ainsi sous la forme d'une carte intégrant une notion de progression et donc de challenge. « Dès son lancement, il a reçu une forte adhésion. Nous avons mené un intense teasing en amont pour susciter l'envie », explique Charlotte de la Ronde. Le premier jour, 1 000 collaborateurs se sont connectés au jeu. Aujourd'hui, ils sont 3 000 à l'utiliser quotidiennement. Pour limiter son utilisation, les joueurs ne peuvent faire que deux challenges par jour et ces derniers ne durent pas plus de quelques minutes. D'un point de vue technique, la DSI a été mise à contribution pour que le jeu respectent les impératifs de sécurité imposé au SI. Il a toutefois été développé avec le concours d'une agence externe mais son exploitation est entièrement internalisée.
Du point de vue du retour sur investissement, les équipes ont constaté que le taux de bonnes réponses a augmenté de 10 % et donc la connaissance des enjeux stratégiques d'Accenture dans les mêmes proportions. « Nous savons très bien que cette solution n'est pas définitive et arrivera bientôt à sa fin. Nous n'excluons pas de créer autres choses si le besoin s'en fait sentir », déclare la directrice marketing.

La réalité virtuelle pour tout simuler

S'il est en revanche une solution qui est encore peu utilisé mais qui devrait rapidement devenir incontournable dans les années à venir, c'est la réalité virtuelle ou augmentée. Qu'il s'agisse de Daniel Evans, Olivier Ferhart, ou de Mathieu Nedra, tous avouent étudier de prêt cette technologies et envisagent déjà des applications. Du côté de la division train de la SNCF, les simulateur de conduite utilisée depuis 1988 laissent entrevoir les possibilités offertes par la réalité virtuelle. « Ils permettent de simuler grands nombre de situation à moindre frais », détaille Philippe Delerue, responsable des simulateurs de conduite pour l'opérateur ferroviaire. Ce dernier précise l'existence de deux type de simulateurs pour former les conducteurs. Les premiers, dit de procédure, représente pas de machines spécifiques et sont utilisé pour la formation des nouveaux conducteurs. Les simulateur de missions reproduisent, de leur côté, des machines à l'identique. Ils sont employés pour la formation continue des conducteurs qui doivent s'adapter à des locomotives spécifiques. Il faut noter que chaque cheminot doit passer au moins deux journées de formation par an.

La réalité virtuelle toujours très coûteuse

Toutefois, ces simulateurs et notamment ceux de missions, sont des machines très lourdes et très coûteuses. « Quand nous en commandons un nouveau modèle, les délais sont de trois ans avant que nous puissions l'utiliser. En outre, nous devons coller aux évolutions apportées par les constructeurs au fil de l'avancement des travaux. En plus, les rames deviennent de plus en plus complexes », explique Philippe Delerue.
A travers les nouveaux dispositifs telle que l'Occulus Rift, la SNCF espère simplifier l'utilisation des simulateurs. « Nous sommes aussi en train d'étudier leur utilisation pour simuler les déplacements dans la cabines », ajoute Philippe Delerue. Du côté de SNCF Infrastructures, les casques à réalité virtuelle seront bientôt utilisés pour former des techniciens. En somme, leur utilisation semble surtout indiquée pour des apprenant amenés à manipuler des systèmes complexes.

Vers une shadow formation

Tous ces types de formations portées par les dernières avancées technologiques semblent avoir le vent en poupe. « La réforme de la formation professionnelle qui entre actuellement en vigueur va libérer les contenus et complètement ouvrir la voie au digital learning », déclare Olivier Ferhart de Demos.
Il reste que les responsables de formation sont encore réticents. D'après Olivier Ferhart, ils sont nombreux à considérer les nouveaux outils comme plus complexes que la formation traditionnelle. Olivier Ferhart estime toutefois que, si les responsables des formations restent des interlocuteurs privilégiés, il a de plus en plus affaire aux directions opérationnelles. De là à anticiper l'apparition de la « shadow formation », il n'y a qu'un pas.

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