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L'inspection générales de la BPCE accélère sur la datavisualisation des données

L'inspection générales de la BPCE accélère sur la datavisualisation des données
« La visualisation de données constitue le début de nos investigations dans nos missions d'audit », a exposé hier Charles Delbrouck, inspecteur principal à l'Inspection Générale de BPCE, lors d'un témoignage sur Big Data Paris 2019. (Crédit : LMI/MG)

Dans le cadre de ses missions d'audit sur les risques, l'Inspection générale de BPCE a décidé il y a un an d'exploiter davantage de données. Pour accompagner la prise de décision de ses inspecteurs, le service s'est doté du logiciel de datavisualisation Spotfire de Tibco Software.

PublicitéToujours très animé et foisonnant d'offres technologiques pour exploiter les données, le salon Big Data Paris - qui s'est tenu les 11 et 12 mars au Palais des Congrès de Paris - propose aussi de nombreux témoignages utilisateurs. Parmi ceux-ci, l'Inspection générale de BPCE a expliqué comment elle s'était employée à changer le quotidien de ses inspecteurs en exploitant davantage les données et en les rendant accessibles et utiles à partir d'un outil utilisable par tous. 2ème groupe bancaire en France, BPCE compte plus de 100 000 collaborateurs. L'Inspection générale assure le contrôle périodique de l'organisation, notamment du dispositif de contrôle interne, de la gestion et de la situation financière des établissements du groupe BPCE, a rappelé mardi matin Charles Delbrouck, inspecteur principal.

Son métier consiste à donner au management des banques une vision précise des risques au sens large. Au premier plan, on trouve évidemment tous les risques liés aux métiers de la banque : le risque crédit, la conformité, la lutte contre le blanchiment, la fraude fiscale. Viennent ensuite les risques liés au développement commercial et à la satisfaction client. Enfin, l'approche couvre aussi les risques liés aux ressources humaines : ai-je les bons collaborateurs et sont-ils bien formés pour pouvoir changer leurs manières de travailler.
Pour l'analyse de ses données, l'Inspection générale avait besoin d'un outil suffisamment puissant pour être fluide sur ses datasets. « Traditionnellement, sur des postes classiques, nous travaillons sur des bases de données de 10 millions de lignes », a exposé Charles Delbrouck. « Pour des personnes qui ne sont pas data scientists, lorsque l'on arrive sur ces tailles de données, on change d'échelle et on ne peut plus travailler sur des outils de bureautique, ce qui était un peu notre cas il y a un an ». Il fallait surtout fournir aux auditeurs un outil d'aide à la décision qui leur laisse toute la maîtrise sur l'audit sans jamais les couper de la donnée d'origine.

La datavisualisation, point de départ des missions d'audit

L'Inspection générale assure 45 missions par an. En avril 2018, après avoir testé plusieurs logiciels sur quelques missions, elle a retenu Spotfire de Tibco Software. « L'outil était utilisable par tous, suffisamment puissant pour notre besoin et surtout il nous aide à décider », explique l'inspecteur principal. Les fonctions de datavisualisation puissantes permettent dans le cadre des missions d'audits, de détecter des cas particuliers ou des anomalies (par exemple, des suspicions de fraude sur des transactions financières) pouvant indiquer que certains dossiers ne sont pas conformes. Afficher les données sur un nuage de points ne constitue pas une fin en soi. Au contraire, « lorsque nous faisons des nuages de points avec Spotfire, c'est le début de la mission », souligne M. Delbrouck.

PublicitéLa connaissance métier des inspecteurs est requise pour préparer la visualisation des données, déterminer celles qu'il faut mettre en abscisses et ordonnées, ainsi que la taille des bulles sur le graphique. « Le fait d'avoir rapidement des nuages de points sur 10 millions de lignes que l'on peut modifier simplement, cela permet de commencer l'analyse avec notre connaissance métier, notre connaissance des risques et de la banque. On peut lire que tels points présentent un risque, tels autres non. Au fur et à mesure de l'exploitation de l'outil par l'Inspection générale, « nous avons compris que la visualisation constituait le début de nos investigations et de nos travaux et que c'était important que nos inspecteurs puissent le faire simplement et commencent à travailler à partir de cela ».

Un seul fichier contre une quinzaine auparavant

L'utilisation de Spotfire a aussi permis de rassembler en un seul fichier des données qui étaient auparavant réparties entre une quinzaine de fichiers bureautiques séparés. Si un manager demandait une modification sur l'analyse finale d'un audit, l'inspecteur devait alors retravailler sur les 15 fichiers pour obtenir le nouveau résultat. Cette complexité technique ne favorisait pas la fluidité du dialogue entre managers et inspecteurs. « Le fait d'avoir un seul fichier et un outil assez puissant change la communication au sein de l'équipe ».

Avec Spotfire, managers et inspecteurs peuvent examiner ensemble le nuage de points et, en fonction de la répartition de ces points, déterminer la pertinence des pistes à explorer. « Cela change aussi la communication avec nos audités à qui nous remettons un rapport sur l'état estimé de risque de leur établissement », ajoute l'inspecteur principal. « Ce sont eux qui connaissent le mieux l'établissement et c'est important de pouvoir échanger tout au long de la mission, qui dure environ 3 mois, sur les tests que l'on fait et les résultats que l'on obtient. Et le fait de travailler sur des jeux de données beaucoup plus importants permet de changer de dimension ».

Auparavant, pour étudier sur 100 000 dossiers afin de déterminer la proportion de dossiers conformes et non conformes, il fallait travailler sur un échantillon, par exemple 300 dossiers. En élargissant le volume de données de départ, il est maintenant possible de fournir la réponse sur les 100 000 dossiers. « Cela signifie que l'on prend plus de temps pour sourcer la donnée, pour la comprendre, pour la fiabiliser et cela permet de changer complètement de dimension et d'apporter à nos audités une information beaucoup plus pertinente, beaucoup plus fine et intéressante », explique Charles Delbrouck.

Un accompagnement nécessaire des collaborateurs

Le changement ainsi exposé s'est fait en un an. C'est en mars 2018 que l'Inspection générale a décidé d'augmenter significativement le volume de données utilisées. Spotfire est désormais déployé sur la majorité de ses missions. « C'est un changement de fonctionnement assez important qui est d'une certaine manière un vecteur de communication. Il nécessite une formation technique des collaborateurs même si l'outil est simple et agréable à utiliser », a exposé Charles Delbrouck. « Le métier fondamentalement ne change pas, nous ne devenons pas des data scientists - peut-être des data analysts - nous sommes avant tout des auditeurs et l'outil est là pour nous aider à prendre nos décisions ».

En dehors de la formation, il faut aussi accompagner l'ensemble des collaborateurs, non seulement les inspecteurs qui effectuent les analyses à partir de l'outil, mais aussi les managers de proximité car si l'augmentation des volumes de données à traiter fournit des réponses plus précises, elle complexifie aussi le processus. Il faut savoir quelles données récupérer et utiliser pour pouvoir ensuite restituer les travaux en indiquant aux audités les différents éléments qui ont permis de qualifier les dossiers. « C'est un outil d'aide à la décision qui nous permet d'avoir des rendus visuels pour détecter des outliers plus facilement parce que l'on a bien qualifié la donnée et que l'on connaît bien les zones de risques », insiste Charles Delbrouck.

A sa suite, Franck Leonard, consultant avant-vente senior chez Tibco Software, a précisé que le volume des données sur un nuage de points n'était pas limité sur l'affichage et que les capacités d'analyse de Spotfire pouvaient être étendues par l'adjonction de fonctions de données écrites en R ou en Python. Dans le cas présent, l'intégration de règles permet d'industrialiser l'approche pour repérer les outliers (NDLR : valeurs aberrantes, anomalies...) sur le nuage de points.

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