Tribunes

Edito - La faute de BNP-Paribas

Edito - La faute de BNP-Paribas
Bertrand Lemaire est rédacteur en chef de CIO.

Deux pannes majeures en deux mois et aucune explication digne de ce nom. Ce dernier point est sans doute la pire faute de BNP-Paribas.

PublicitéVendredi soir dernier, je me suis rendu avec des amis dans un restaurant en face de la Gare de Lyon. A la fin du repas, geste anodin, nous tendons chacun notre carte bancaire au serveur pour lui régler notre part de l'addition. Et puis, comme je venais d'écrire les deux premiers articles sur la crise majeure de l'informatique de BNP-Paribas, je lui pose simplement la question : « avez-vous eu des ennuis pour encaisser en carte bancaire ces deux derniers jours ? ». Et là, le serveur est prolixe. Le restaurant, prudent, dispose de terminaux de paiement connectés à divers opérateurs (Bouygues pour l'un, Orange pour l'autre). Malgré tout, impossible d'encaisser par cartes bancaires durant deux jours : le restaurant est client de BNP-Paribas. La résilience qu'un simple restaurateur, une TPE, a su organiser en ayant plusieurs opérateurs pour ses terminaux de paiement, une banque majeure ne l'a pas assurée. Le 7 mars 2019, jour de l'incident, le cours de l'action BNP Paribas sur Euronext a perdu 3,38 %, 1,93 % le lendemain, pour ensuite légèrement se redresser, une fois l'incident terminé.

Au delà de ses obligations réglementaires en tant que banque titulaire d'une licence l'autorisant à exercer son métier ou en tant qu'opérateur d'importance vitale, une banque « systémique » telle que BNP-Paribas a surtout des obligations vis-à-vis de ses clients comme de ses partenaires. Une banque n'est pas une entreprise quelconque. Elle est un pivot de l'économie, un intermédiaire forcé dans de nombreuses opérations. Sa responsabilité est considérable. Son métier repose sur la confiance qu'elle inspire. Et son activité repose, plus encore que la plupart des autres entreprises, sur son système d'information. Une banque est avant tout un immense système d'information faisant transiter des flux de données.

Or, à ce jour, il n'y a toujours aucune explication digne de ce nom sur la deuxième panne majeure de son système d'information en deux mois, paralysant une nouvelle fois son activité. Il est vrai que, au contraire de ses principaux concurrents comme la Société Générale (très prolixe et pro-active) ou le Crédit Agricole, le groupe BNP Paribas n'a jamais vraiment communiqué sur son système d'information ou sa transformation numérique. Il y a dans cette absence quasi-totale de communication face à une paralysie de l'activité de ses clients une nouvelle faute parce que, oui, une banque a un devoir de transparence car elle a un devoir de délivrance de confiance. L'échec en matière de gestion de crise est considérable.

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