Tribunes

Une nouvelle vague d'éditeurs Open Source

Une nouvelle vague d'éditeurs Open Source

PublicitéLa « success story » de Jboss racheté par Red Hat pour 350 M$ semble avoir fait des émules. Nous assistons depuis plusieurs mois a une accélération des initiatives d'éditeurs Open Source, adossées à des investisseurs financiers de moins en moins dubitatifs semble-t-il sur le modèle économique du libre. Pour chacun de ces nouveaux acteurs l'objectif est clair : devenir leader mondial d'une solution Open Source pour laquelle les jeux ne sont pas encore fait. C'est-à-dire devenir, à l'instar de Jboss pour les serveurs d'application ou de Mysql pour les bases de données, la référence majeur du monde du libre. On peut ainsi citer les arrivées récentes mais remarquées d'Alfresco dans le domaine de la GED, de Pentaho dans le domaine des systèmes décisionnels ou encore de Talend dans celui des ETL. Un plan de déploiement redoutable Ce qui est nouveau dans la démarche c'est le cycle de vie du modèle,considérablement raccourci, et les moyens d'y parvenir. La où il aura souvent fallu de nombreuses années à une communauté Open Source pour amener ses composants à maturité, les nouvelles solutions sont proposées en téléchargement en moins de 12 mois !Pour ce faire ces nouveaux acteurs n' hésitent pas à recruter, au sens premier du terme, les équipes d'architectes et de développement directement chez les éditeurs traditionnels afin de profiter d'emblée d'un facteur d'expérience tout en proposant des technologies plus récentes respectant les dernières avancées en matière de standards et d'interopérabilité. La mise en commun de l'expérience et de l' innovation, couplée aux attraits intrinsèques du logiciel libre s'avère de fait d'une redoutable efficacité. Ce qui est également nouveau dans le monde du logiciel libre, c'est le déploiement d'une stratégie marketing et d'une politique commerciale de distribution en parallèle de la mise au point de la technologie. Là également, on n'hésite pas à faire appel aux meilleurs « marketeurs » formés dans le monde du copyright. Pour quel business modèle ? En matière de business modèle le rapprochement des vocables « éditeurs » et open source » semblait il y a encore peu particulièrement incongru aux financiers. Principalement, trois pistes de modèles économique ont été explorées par les entreprises commerciales souhaitant financer le développement de logiciels libres. Un premier modèle consiste à faire cohabiter autour de la même technologie une version libre du logiciel et une version propriétaire ouvrant droit à la commercialisation de licences. Ce premier modèle semble viable (ex : Mysql AB ou Trolltech pour QT), mais principalement dès lors que les clients finaux intègrent ces composants Open Source dans des produits propriétaires sans vouloir pour autant se conformer aux dispositions des licences Open Source. En revanche le fait de créer une version propriétaire plus riche fonctionnellement que son équivalent libre semble une voie semée d'embûche compte tenu des effets de bords techniques ou commerciaux qu'elle provoque. Le second modèle exploré consiste à exercer une activité de service pure, c' est à dire d'intégration ou de support, autour des composants open source développés. Cette voie viable en théorie semble néanmoins poser des difficultés à moyen terme car la majorité des sociétés que nous voyons évoluer sur ce modèle tendent inévitablement vers une spécialisation d' éditeur. Le troisième modèle est celui le plus largement adoptée par les nouveaux éditeurs que nous avons cités, à savoir celui de la souscription. C'est le modèle adopté par Red Hat dès ses début. En simplifiant à l'extrême le client ne paie plus un droit d'usage, mais souscrit un ensemble de services, dont bien sûr un support de qualité qui lui sert d'assurance. Dans ce schéma l'éditeur se recentre sur son métier, et tire ses profits de ses activités de support et de formation. On comprends néanmoins que dans le domaine des solutions métiers ou applicative, la réussite de ce modèle économique passe par la démultiplication des points de distribution et par la compétence des intégrateurs qui jouent souvent le rôle du prescripteur car celui qui démontre l'adéquation de la solution au client. Qu'en pense les clients ? La montée en puissance du modèle d'édition Open Source répond en fait à une maturité de plus en plus forte des grands compte ou des administration vis-à-vis du logiciel libre. Nous expliquons de moins en moins fréquemment à nos clients que « Libre ne veut pas dire gratuit ». Les facteurs de progrès du logiciel libre, tels que le respect des standards, l'interopérabilité, la mutualisation de la maintenance, le choix de ses prestataires de services ou la liberté d'une montée de version, sans oublier l'accès aux sources semblent intégrés en arguments de premier plan. Si l'arrière pensée de réaliser une économie reste présente, celle-ci n'a de sens et ne sera étudiée qu' à conditions de fiabilité et de sécurité égales. Le transfert du coût du logiciel du poste d'investissement à un poste de sa mise en oeuvre et d'exploitation semble en ordre de marche. En matière de déploiement on retrouve le fonctionnement en binôme Intégrateur -éditeurs qui a fait les preuves de son efficacité dans le monde propriétaire. Les intégrateurs, interlocuteurs privilégiés du client, sont certifiés par l'éditeur qui se concentre sur le développement, le support et la « road-map » du coeur de la technologie. Ce qui est nouveau dans l' approche du logiciel libre c'est la transparence totale et la proximité qui existe de facto entre l'éditeur et l'intégrateur de part l'accès aux sources. En cours de projet, ou en phase de support il est très fréquent que l'intégrateur contribue au projet Open Source, afin d'intégrer de nouvelles fonctionnalités, d'améliorer une documentation, ou d'influer sur la road-map si le besoin de son client est d'intérêt général. L'intégrateur doit également assurer l'intégrité du logiciel libre, c'est-à-dire garantir par ses choix d'architecture les montées de versions futures du logiciel. Pour quel modèle open source ? Une des clés, et des richesses, de l'open source vient de son modèle communautaire. Si les nouvelles approches de l'édition semblent en phase avec les attentes du marché, un écueil réside sans doute le risque d' appauvrissement du modèle de contribution. Trop de contrôle des orientations, ou de considérations marketing peuvent rapidement décourager les initiatives des développeurs qui souhaitent contribuer à un projet. Souhaitons qu'un espace de liberté au sein du modèle d'édition saura préserver l'initiative et la créativité propre au logiciel libre.

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