Stratégie

Les utilisateurs SAP allemands demandent une clarification du licensing

Les utilisateurs SAP allemands demandent une clarification du licensing
Le DSAG réclame à SAP « des modèles de licences et de remises transparents et adaptables à la hausse comme à la baisse ». Une façon de souligner le décalage entre un licensing rigide et un modèle – le cloud – censé être flexible. (Photo : SAP)

La conférence annuelle du club des utilisateurs SAP germanophones se concentre sur les défis de la migration vers le cloud, amplifiés par la politique de licensing opaque de SAP.

PublicitéLes politiques de licensing de SAP sont au coeur des préoccupations du club des utilisateurs SAP germanophones, le DSAG, qui tenait sa conférence la semaine dernière. Si le cloud est la voie à suivre selon l'éditeur, les membres du DSAG réclament davantage de transparence de sa part pour franchir le pas, indique Jens Hungershausen, président du DSAG, dans un message publié avant l'ouverture de la conférence. « Pour réussir la transformation cloud, il faut une architecture cohérente et harmonisée, des modèles opérationnels uniformes, des parcours de migration clairs et des modèles de licences et de remises transparents et adaptables à la hausse comme à la baisse », souligne-t-il.

Pour de nombreuses organisations, le passage au cloud SAP démarre avec SAP ECC ou l'« ancienne » Business Suite, et parfois par S/4 Hana On-Premise. Et le passage au cloud induit une logique tout à fait différente dans le licensing et les relations à l'éditeur. Sans oublier que la logique des licences dans le cloud connaît elle aussi des évolutions. Lorsque SAP a abandonné son offre RISE with SAP en avril, remplacée par Cloud ERP Private, un produit similaire mais non identique, des modifications subtiles, mais significatives, des licences et des composants du produit ont entraîné une augmentation des coûts et une complexité accrue pour les DSI. Mike Tucciarone, vice-président et analyste chez Gartner, expliquait à l'époque : « avec Cloud ERP Private, les entreprises reçoivent près de deux fois plus de références bundlées qu'avec RISE with SAP Premium. Malgré des ajouts stratégiques comme LeanIX, il est important de noter que certaines fonctionnalités, comme SAP Datasphere, ne sont plus incluses. »

Transparence essentielle

La confusion et le manque de transparence entourant de tels changements sont à l'origine des inquiétudes des membres du DSAG. En réponse à ces préoccupations, SAP réplique, dans un communiqué : « nous reconnaissons que la transparence et la confiance sont essentielles pour les entreprises en pleine transformation. Nous répondons activement à ces besoins et réalisons des progrès significatifs grâce à des initiatives telles que le programme RISE with SAP Migration and Modernization. Notre objectif est de fournir à chaque organisation les outils et les informations nécessaires pour prendre des décisions éclairées et tirer pleinement profit de son parcours de transformation. »

Cependant, selon Scott Bickley, analyste chez Info-Tech Research Group, « SAP modifie constamment les règles du jeu en matière de nomenclature des produits, de combinaison de fonctionnalités, de pratiques de licensing et de prix. » Le DSAG souligne à juste titre ce point, tout en approuvant la stratégie de SAP dans le cloud.

« La question est de savoir comment une entreprise peut prendre une décision cruciale concernant les modèles de déploiement, qui engendrera un coût pour les clients ECC existants s'étalant sur une génération, sans une clarté et une transparence accrues concernant la nomenclature et la tarification par composant, souligne Scott Bickley. La documentation SAP ne fournit qu'un aperçu général des fonctionnalités clés et est constamment sujette à modification. »

PublicitéConfusion autour du changement de nom

Le récent changement de nom des produits RISE/GROW with SAP en SAP Business Suite, le nom d'un produit Legacy qui plus est, a encore un peu plus brouillé les pistes, ajoute l'analyste. « Comble de malheur, SAP a introduit un modèle de licences LOB (Line-of-business) groupées pour la version cloud public, basé sur un modèle par utilisateur et par mois (PUPM), tandis que la version cloud privé conserve le modèle par utilisateur, ou FUE (Full User Equivalent). » Scott Bickley précise n'avoir pas encore trouvé les licences et les tarifs du nouveau modèle, bien que SAP affirme, selon lui, qu'ils soient publiés sur son site web.

« À chaque modification de la taxonomie des produits, SAP rebat également les cartes en supprimant certains produits et fonctionnalités et en en ajoutant d'autres, ce qui rend le suivi et la quantification extrêmement difficiles, déplore l'analyste. Si l'on ajoute à ces changements la nature ambiguë des Capacity Units (UC) de SAP pour BTP et des AI Units pour les différents niveaux de fonctionnalités d'IA, deux métriques qui reposent sur un catalogue de fonctionnalités obscur où différentes actions consomment des volumes unitaires variables, on se retrouve contraint de dépendre des calculateurs de workload de SAP, au détriment de la transparence du processus et de sa maîtrise.»

Difficulté à projeter les coûts

En plus d'une architecture cohérente et de modèles opérationnels uniformes, le DSAG souligne que « des modèles de licences et de remises flexibles sont également nécessaires pour rendre la transition [vers le cloud, NDLR] attrayante et simple pour les clients. » Scott Bickley renchérit : « comment une entreprise peut-elle modéliser ses dépenses dans un contexte aussi dysfonctionnel, marqué par l'opacité des prix et de la consommation ? »

Et cela freine clairement les clients historiques de SAP dans leur migration vers le cloud, comme en témoigne le ralentissement de l'adoption de la nouvelle SAP Business Suite. « Peut-être que SAP mise sur l'afflux de nouveaux clients nets dont il a bénéficié ces dernières années et est prête à tourner le dos au passé ? Quoi qu'il en soit, SAP dispose d'un backlog d'environ 9 milliards de dollars pour le support Legacy qui devra être réconcilié et converti de manière optimale en dépenses SAP Business Suite. Les pratiques actuelles de SAP ne contribuent pas à accélérer ce virage », reprend l'analyste d'Info-Tech Research Group.

Anticiper les besoins : un casse-tête

La semaine dernière, lors d'un séminaire organisé par le cabinet Elée, plusieurs clients SAP ont souligné les difficultés des DSI à bien estimer les besoins de services cloud de leur organisation, dans le cadre de leur migration vers les nouvelles générations d'offres SAP. Le tout dans un contexte où le licensing SAP reste très rigide. « Nous avons vu la négociation de notre contrat RISE comme une étape essentielle. Elle conditionne 10 à 15 ans de TCO sur des applicatifs majeurs », indique ainsi Erwan Thepaut, le DSI de la coopérative Cristal Union. Et ce dernier de souligner l'importance des discussions avec les métiers, pour bien anticiper leurs futurs projets et construire une BOM (Bill of materials, soit la liste des composants) la plus complète pour la durée du contrat. « Une année pour préparer sa migration, ce n'est pas un luxe », ajoute le DSI.

De son côté, alors que son groupe amorce simplement une réflexion sur une potentielle migration de son SI financier SAP vers le cloud, Christophe Rochais, gestionnaire de la relation avec SAP chez Air France - KLM, souligne aussi l'importance de cette anticipation des besoins et la difficulté d'y parvenir sur un composant comme BTP (Business Technology Platform), le PaaS du premier éditeur européen. Notons que SAP semble, en creux, reconnaître les difficultés de sa base installée à maîtriser la complexité contractuelle de ses offres cloud, en imposant à ses clients un service de conciergerie dans le cadre du contrat CCFlex, pour Cloud Choice Flex Model. Dans ce cadre, un partenaire de l'éditeur prend en charge la gestion du contrat passé par une entreprise cliente, en particulier les aspects relatifs à l'évolution des composants exploités et au licensing. Ce sujet de la transparence du licensing de SAP devrait également figurer à l'agenda de la future convention de l'USF, le club des utilisateurs SAP francophones, qui se tient les 8 et 9 octobre, à Lyon.

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