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Le Nasdaq s'adonne à l'IA générative et au SaaS

Le Nasdaq s'adonne à l'IA générative et au SaaS
(Crédit : Brad Peterson / Nasdaq )

La deuxième plus grande bourse du monde mise gros pour devenir une entreprise IT mondiale, avec des offres en matière de surveillance et de sécurité, un passage au SaaS et l'infusion de l'IA générative dans ses applications financières, explique Brad Peterson, CIO et CTO du Nasdaq.

PublicitéAprès avoir été pendant longtemps DSI de Charles Schwab Technology Services et pendant 5 ans DSI d'eBay sur la côte ouest, Brad Peterson est désormais CIO et CTO du Nasdaq.
Le fait que le Nasdaq mise sur l'IA générative n'est plus un mystère. Brad Peterson, CIO et CTO de la société met en oeuvre cette technologie depuis plus de dix ans et mise sur l'innovation promise par celle-ci. « Nous nous sommes engagés à améliorer la fluidité, la transparence et l'intégrité de l'économie mondiale et l'IA continuera à soutenir notre capacité à remplir cette mission », a-t-il ainsi déclaré lors d'une récente conférence à Boston. « L'IA est déjà à l'oeuvre dans nos activités : elle prévient les interruptions de marché, crée des types d'informations pour les investisseurs et arrête les criminels financiers dans leur élan », ajoute Brad Peterson.
À ce jour, le Nasdaq utilise l'IA générative pour une série d'applications, notamment pour soutenir les efforts des enquêteurs visant à identifier les risques de criminalité financière et pour permettre aux conseils d'administration des entreprises de consommer plus efficacement les présentations et les informations.
Des efforts de diversification prometteurs
Brad Peterson indique également que les grands modèles de langage (LLM) offrent les moyens de « créer de nouveaux types de reportings pour les investisseurs et les entreprises clientes qui exploitent les ensembles de données exclusifs de l'entreprise et permettent aux équipes de marketing et de communication du Nasdaq de créer des contenus plus rapides et plus percutants ».
Thomas Shuster, analyste chez IDC, estime que ces efforts de diversification du portefeuille du Nasdaq produiront des résultats significatifs. « Les fournisseurs d'infrastructures de marché, dont le Nasdaq, proposent de plus en plus de solutions IT pour diversifier leurs sources de revenus et conserver ou accroître leur part du portefeuille des clients », explique l'analyste, ajoutant que les bourses telles que le Nasdaq sont bien placées pour développer des écosystèmes numériques et en tirer parti. « Il a rejoint la course à l'exploitation de la puissance de l'IA générative dans son portefeuille de produits, y compris Verafin, - sa filiale technologique de détection de fraude et de logiciel anti-blanchiment d'argent, NDLR - au sein de laquelle il explore la capacité à surveiller les délits financiers et à générer des dossiers », précise Thomas Shuster.
Une entreprise IT mondiale bien plus qu'une place financière
Pour beaucoup, le Nasdaq évoque principalement les cérémonies d'introduction en bourse, la salle des marchés et la sculpture en bronze du Taureau de Wall Street, symboles traditionnels du capitalisme américain. Dans une large mesure, c'est vrai, car cette place réservée aux valeurs technologiques, qui était à l'origine en 1971 un système de distribution informatisée de données boursières, possède et exploite aujourd'hui 27 bourses et vend ses logiciels à plus de 100 places dans le monde. Mais le Nasdaq est bien plus qu'une bourse financière, affirme Brad Peterson ; il s'agit d'une entreprise IT mondiale qui se développe dans la surveillance et la sécurité, qui continue à développer son activité SaaS et qui applique l'IA à de nombreuses applications financières, dit-il.
L'entreprise, qui a déclaré un chiffre d'affaires net de 3,6 milliards de dollars en 2022, tire environ 30 % de son activité des marchés, du négoce et de la bourse, et environ 40 % de la vente de logiciels et de licences. Selon Brad Peterson, cela s'explique par le fait que la pile IT de Nasdaq est le meilleur logiciel de bourse qui soit. « Au fur et à mesure que les bourses se modernisaient, elles ont examiné le rapport coût-bénéfice et se sont rendu compte qu'il était préférable d'acheter la technologie du Nasdaq, ajoute Brad Peterson. Elle n'est pas l'apanage de nos propres places financières, mais elle est aussi à la base de la technologie clé de plus de 130 clients dans plus de 50 pays - de l'Indonésie à Hong Kong en passant par l'Argentine. Ces entreprises utilisent notre technologie pour des applications essentielles, notamment pour les marchés traditionnels, les bourses et les opérations de compensation, ainsi que pour des applications modernes, notamment les marchés des cryptomonnaies ».
Le virage naturel vers le SaaS
La société, qui vendait traditionnellement ses logiciels selon un modèle de licence avec assistance, est en train de passer à un modèle purement SaaS, « ce qui est la bonne chose à faire, car cela fait maintenant plus de 20 ans que nous perfectionnons ce secteur [technologique] », explique Brad Peterson. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il connaît bien le secteur : diplômé du MIT, il a élu domicile à Boston après avoir été pendant longtemps CIO de Charles Schwab Technology Services et pendant cinq ans CIO d'eBay sur la côte ouest. « Nous sommes devenus le Salesforce ou le Workday de l'industrie financière », déclare-t-il. Le Nasdaq, qui est lui-même entré en bourse en 2005, emploie 7 000 personnes, dont environ 3 000 affectées à son imposant service informatique. Celui-ci développe une gamme croissante de produits technologiques, notamment le système de négociation, les logiciels de sécurité et de surveillance et, de plus en plus, le SaaS.
Ce pivot vers le développement de services et le SaaS a commencé en 2021 et se concentre fortement sur le cloud, l'apprentissage automatique et l'IA, ainsi que sur la blockchain pour le suivi des actifs numériques. En tant que première entreprise à stocker des données sur le cloud dans le cadre de la réglementation, les racines du cloud du Nasdaq remontent à loin, explique Brad Peterson, dont le service IT a adopté AWS comme principal fournisseur de cloud, s'appuyant sur Redshift Spectrum pour l'analyse et l'entreposage des données. Il a également travaillé en étroite collaboration avec les fondateurs de Databricks et a été à la pointe de l'IA, du traitement du langage naturel et d'Apache Spark, un moteur d'analyse open source que le Nasdaq a utilisé pour développer des applications de gestion des risques. « Lorsque vous devez calculer le risque, il est très efficace de le répartir horizontalement dans le cloud », poursuit-il.
Une restructuration et des acquisitions clés pour sa transformation
Pour mener à bien ce changement, le Nasdaq s'est restructuré en trois divisions : market platforms, capital access platforms et anti-financial crimes (plates-formes de marché, plates-formes d'accès aux capitaux et lutte contre la criminalité financière). Il a également procédé à d'importantes acquisitions, notamment celle de la société Verafin, basée à Terre-Neuve, dont la solution de gestion de la criminalité financière basée sur l'IA est utilisée par 2 400 clients bancaires dans le monde entier. En juin, le Nasdaq a également acheté Adenza, un spécialiste de la gestion des risques qui permet aux clients financiers d'informer les organismes de réglementation.
Un double rôle au service de l'innovation
Le double rôle de Brad Peterson en tant que DSI et directeur technique s'est avéré essentiel pour créer des synergies étroites entre les activités de marché de Nasdaq et ses services évolutifs de surveillance, de sécurité, de SaaS et d'IA. « Le rôle de CIO/CTO intégré permet à nos équipes IT de mettre en oeuvre une stratégie à la fois dans nos produits et dans nos opérations commerciales » détaille Brad Peterson. « Cela entraîne un déploiement transparent de notre stratégie technologique et c'est, selon moi, une raison essentielle pour laquelle nous sommes leaders dans notre secteur ». Cela a également aidé le Nasdaq à « rester à l'avant-garde » des grandes tendances technologiques et à être plus stratège dans l'évolution de son identité en tant que leader de la bourse et entreprise technologique autonome, selon le CIO/CTO. « J'ai rapidement compris le potentiel des solutions basées sur le SaaS, car, en tant que client de celles-ci, je les ai trouvées immensément puissantes », indique-t-il. Et d'ajouter « je savais que si le Nasdaq adoptait cette tendance et proposait à ses clients de meilleures solutions basées sur le SaaS, nous aurions un énorme succès ».
À la fin 2022, le chiffre d'affaires annualisé des solutions SaaS dépassait les 700 millions de dollars, soit plus d'un tiers des revenus récurrents. En termes de synergies, le modèle commercial élargi du Nasdaq dans les domaines de la sécurité, de la surveillance et de la gestion des risques renforcera les activités d'échange et de négociation de l'entreprise tout en permettant une nouvelle expansion dans le domaine du SaaS, estime Brad Peterson. De son côté, Sidhartha Dash, chercheur en chef chez Chartis Research, reconnaît que l'expansion de l'entreprise est compatible avec sa mission principale. « De nombreux outils logiciels et applications de son portefeuille sont étroitement liés à ses systèmes de transaction et de compensation, tels que les logiciels d'exécution pour d'autres bourses, la surveillance des échanges et la gestion des risques en temps réel - d'autres éléments qui concernent la chaîne de valeur des services de négociation au sens large et la conformité », explique-t-il.
Des risques mesurés
Brad Peterson reconnaît les risques de l'IA, mais assure que les responsables de la conformité juridique et de la gestion des risques des technologies émergentes du Nasdaq co-dirigent un groupe chargé de surveiller les risques liés à la propriété intellectuelle et les résultats potentiellement biaisés. Bien entendu, le Nasdaq rend compte à tous les organismes de réglementation telles que la SEC (Securities and Exchange Commission) et la Finra (Financial Industry Regulatory Authority). « Notre stratégie IT intégrée nous a également permis de mettre en oeuvre des solutions d'IA rapidement et de manière généralisée, insiste Brad Peterson. Nous en tirons donc efficacement parti pour améliorer la résilience de nos marchés, fournir de meilleurs renseignements à nos clients, et comme moyen d'aider les banques à lutter contre la criminalité au quotidien ». La Finra, par exemple, a indiqué que le Nasdaq a signalé à la SEC en avril proposer « d'affiner davantage la durée des périodes de détention pour les M-ELO [Midpoint Extended Life Order] et les M-ELO+CB [M-ELO plus Continous Book] en utilisant une technologie d'apprentissage automatique innovante et en instance de brevet, car il a constaté que des périodes plus courtes pourraient obtenir les mêmes, voire de meilleurs résultats pour les participants en termes de démarques, bien que ce ne soit pas le cas dans les périodes de forte volatilité des prix ».
Ces efforts visant à garantir la résilience du marché grâce à l'IA sont au coeur de la mission traditionnelle du Nasdaq, car la technologie ne fera que renforcer les défenses contre les acteurs nuisibles qui défient le marché et les banques, selon Brad Peterson. Auparavant, la surveillance des marchés était « basée sur des règles, mais maintenant elle s'appuie de plus en plus sur l'IA », dit le CIO/CTO. Il ajoute que, même si certains utiliseront l'IA pour tenter de trouver des faiblesses, le Nasdaq a mis en place des produits de sécurité pour la bourse et pour de nombreuses banques. « Il s'agira toujours d'une course, ajoute Brad Peterson. Ce qui nous préoccupe le plus, c'est la menace de voir quelqu'un tenter de perturber le capitalisme ».
L'avenir génératif du Nasdaq
Lors d'une récente conférence, il a vanté l'impact possible de l'IA générative sur la récente stratégie commerciale de son entreprise. « Il y a tellement de possibilités d'innovation », a déclaré le dirigeant lors de la conférence Reuters Momentum à Austin, au Texas, en juillet. « Cela aurait été une occasion manquée si nous n'y étions pas allés. C'est le cas dans toute l'entreprise, et pas seulement dans le service IT ». Pour lui, les capacités de copilotage de l'IA générative suscitent un grand intérêt, de même que les créateurs de contenu qui bénéficieraient naturellement des capacités des LLM, tels que les services marketing ou juridique.
« Nous continuerons à travailler dans des domaines où il faut créer du contenu, et il y a toute une série d'opportunités supplémentaires, déclare Brad Peterson. C'est une source de productivité énorme. Le code aussi, c'est du contenu ». Le Nasdaq va de l'avant en utilisant l'IA générative pour des ordres dynamiques ou d'autres applications qui améliorent les échanges. « Il recalcule le meilleur seuil pour fixer la durée de vie de l'ordre et, comme il y a un grand nombre de symboles, ce n'est pas quelque chose qu'un humain pourrait faire toutes les 30 secondes, explique par exemple Brad Peterson. L'IA prend en compte ces facteurs, effectue un calcul et réinitialise automatiquement l'ordre. Si vous améliorez la liquidité, vous obtenez de meilleurs taux de remplissage et vous pouvez éliminer certains points négatifs qui se produisent sur le marché. Les résultats s'en trouvent améliorés ».
Donc, non, le Nasdaq ne fait pas de pause en matière d'IA à cause d'inquiétudes nouvelles concernant cette technologie - et « il peut toujours stopper les déploiements si cela se révélait nécessaire », affirme Brad Peterson. Sa double fonction au Nasdaq et sa longue expérience dans le domaine de la technologie lui ont permis d'acquérir l'expérience nécessaire à l'heure où l'IA s'impose de plus en plus dans le monde des affaires.

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