Stratégie

Le CNNum dévoile son rapport sur le numérique en santé

Le CNNum dévoile son rapport sur le numérique en santé
Maryne Cotty-Eslous : « nous avons de belles cartes à jouer pour proposer une voie européenne du numérique en santé. »

Le 11 juin 2020, lors d'une conférence de presse, le CNNum (Conseil National du Numérique) a remis à Cédric O son rapport sur le numérique en santé, intitulé : « confiance, innovation, solidarité : pour une vision française du numérique en santé. »

PublicitéÀ travers une série de recommandations concrètes, le rapport sur le numérique en santé, intitulé : « confiance, innovation, solidarité : pour une vision française du numérique en santé. » vise à accélérer la transformation numérique de la santé autour de quatre axes forts : le passage d'un système de soin à un système de santé, la levée des freins à l'innovation, la place centrale à accorder aux plateformes nationales de santé et enfin l'accompagnement des usagers, afin d'aller vers davantage d'autonomie. Il a été remis par le CNNum (Conseil National du Numérique) a remis à Cédric O, secrétaire d'Etat au Numérique.

Dans le contexte sanitaire actuel, présenter les résultats de travaux entamés il y a plus d'un an pouvait sembler risqué. Avec la crise du Covid-19, la vision défendue dans le rapport est-elle toujours d'actualité ? Salwa Toko, présidente du CNNum, en est convaincue. Alors qu'un Ségur de la Santé vient d'être lancé le 25 mai, pour rebâtir le système de santé français à l'aune de l'expérience récemment acquise, celle-ci estime que le numérique va jouer un grand rôle dans les futures réformes. « Nos recommandations vont dans le sens d'une gouvernance forte, d'une meilleure circulation des informations et mettent en avant la nécessité d'un cadre de confiance », insiste Salwa Toko. Le rapport arrive donc à point nommé pour nourrir la réflexion et fournir des pistes d'action concrètes, « toutes pensées pour être réalisables dans les 24 mois », selon Maryne Cotty-Eslous, pilote du rapport.

Les bases d'un modèle à visée européenne

Pour établir ses recommandations, au nombre de dix-huit, le groupe de travail a sollicité tous les représentants de l'écosystème de la santé numérique, principalement en France, mais aussi à l'étranger : professionnels du soin et pharmaciens, acteurs institutionnels (HAS, ANSM, ANSSI), startups et ESN, laboratoires, caisses et mutuelles ou encore enseignants-chercheurs. 78 personnes ont été auditionnées et 150 experts ont apporté leur contribution à l'occasion d'un événement sur deux jours. Enfin, 1500 contributions citoyennes ont également été recueillies.

Le fruit de ces travaux est un rapport d'une centaine de pages, qui s'appuie sur les valeurs françaises pour proposer les fondations d'un modèle de santé numérique à visée européenne. « Nous avons de belles cartes à jouer en Europe pour proposer une autre voie que les approches américaines et asiatiques », estime Maryne Cotty-Eslous. « Permettre que l'innovation en santé soit accessible à tous, mettre en avant l'éthique, développer une dynamique de recherche associative avec les patients font partie de ces spécificités. »

Accompagner les entrepreneurs dans la santé

PublicitéLe premier axe fort du rapport concerne la transition d'un modèle axé sur le soin (en mode réactif) à un modèle de santé qui s'intéresse à l'ensemble du parcours, depuis la naissance jusqu'à la fin de vie. « Le numérique a toute sa place dans une telle conception », souligne Maryne Cotty-Eslous. Celle-ci insiste également sur la nécessité de trouver une nouvelle vitesse et d'accroître la flexibilité du système, un point accentué par la crise du Covid-19, qui a montré l'importance d'avoir des circuits de décision courts et un pilotage fondé sur les réalités de terrain. À cet égard, le numérique peut servir à améliorer la coordination entre les différents acteurs.

Concernant le deuxième axe, Maryne Cotty-Eslous dresse un constat sans fards de la situation actuelle : « nous sommes un territoire de l'expérimentation à n'en plus finir. Beaucoup de chercheurs et d'entreprises partent, et atteignent la rentabilité économique sur d'autres marchés que la France. » Pour y remédier, le rapport propose notamment de favoriser la coopération entre les différents territoires, pour « éviter les doublons et le développement de projets similaires par deux régions qui ne se parlent pas. » Il pointe également l'importance de sensibiliser et d'accompagner le plus tôt possible les chercheurs souhaitant se tourner vers l'entrepreneuriat, la Haute Autorité de Santé (HAS) pouvant à cet égard se saisir d'une mission de conseil et d'accompagnement.

Des plateformes de santé amenées à tenir un rôle central

Le rapport propose ensuite de mettre l'Espace Numérique de Santé (ENS) et son équivalent du côté des soignants, le Bouquet de Services aux Professionnels (BSP) au centre du système de santé. Cela suppose notamment de travailler sur la classification des différentes solutions proposées dans ces plateformes, mais également de développer la confiance auprès des usagers. « Pour cela, en complément des traditionnels critères de sécurité, d'interopérabilité et d'identité numérique, il faut inclure les enjeux éthiques, la protection des droits des usagers, l'inclusion et l'accessibilité ainsi que la protection de l'environnement », détaille Maryne Cotty-Eslous.

Enfin, le dernier axe important concerne la formation et l'acculturation au numérique, tant auprès des usagers que des professionnels. Même si une grande partie de la population est équipée de smartphones et familière des réseaux sociaux, beaucoup reste à faire, comme l'illustre une anecdote rapportée par la pilote du rapport : « récemment, j'ai participé à un groupe de travail avec 80 professionnels de la santé, et plus de la moitié ne connaissaient pas le RGPD ».

Le Covid-19, accélérateur de la transformation numérique de la santé

Après la présentation du rapport, Dominique Pon, responsable de la Délégation ministérielle du Numérique en Santé, s'est réjoui d'y trouver « la vision souhaitée pour l'ensemble des acteurs de l'écosystème », soulignant en particulier l'importance de « fixer un cadre de valeurs, à la fois éthique, humaniste, citoyen et souverain. » Celui-ci est convaincu que dans les deux ans qui viennent, « le vrai virage numérique de la santé va avoir lieu », porté notamment par l'arrivée de l'ENS, dont la finalisation est prévue pour début 2022. « L'ENS va replacer le citoyen au coeur, c'est lui le patron », lance Dominique Pon.

Pour lui comme pour le Secrétaire d'État chargé du Numérique, Cédric O, la crise sanitaire a démontré que le numérique était indispensable. « Près d'un généraliste sur deux est passé à la téléconsultation, de même que les consultations préalables avant anesthésie », observe Dominique Pon. « Le système national de dépistage du Covid-19 (SIDEP), qui permet de collecter les résultats de tous les laboratoires français, a été mis en place en trois semaines », relève-t-il aussi. « Dans d'autres conditions, il aurait peut-être fallu dix ans pour réaliser un tel système d'information », souligne Cédric O. Pour ce dernier, « nous sommes aujourd'hui à un tournant. Jusqu'à présent, le sujet de l'innovation numérique en santé n'a pas été traité de façon optimale, nous faisant perdre des opportunités en santé publique avant même d'être un enjeu économique ». En conclusion, le Secrétaire d'État a insisté sur la nécessité de faire cette transformation « avec les Français, en respectant les valeurs françaises, en expliquant et en montrant les bénéfices. »

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