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Étude : le digital n'aiderait pas (encore) l'industrie

Étude : le digital n'aiderait pas (encore) l'industrie
Selon une étude Hexagon, la transformation digitale de l'industrie peine à porter ses fruits. (Photo : Pixabay/Sergey2025)

Une enquête menée auprès de 400 cadres de l'industrie montre que, malgré la transformation digitale, voire à cause d'elle, les entreprises rencontrent toujours les mêmes obstacles.

PublicitéData et outils numériques ne suffisent pas à transformer l'industrie. Trop d'outils, trop de données pourraient même entraver l'activité plus que la doper. C'est en substance la conclusion d'une enquête menée par le spécialiste de la mesure industrielle, également éditeur de solutions digitales pour l'industrie, Hexagon. Cette étude se base sur des entretiens avec 400 cadres de l'industrie manufacturière, du pétrole, de la chimie et de l'énergie. Souvent équipés, voire suréquipés, en digital et abreuvés de data, ces industriels n'y trouvent néanmoins apparemment pas toujours leur compte.

Comme le conclut le rapport de l'éditeur, l'enquête souligne le poids de défis bien connus du monde industriel dans son ensemble, et que le numérique n'a apparemment pas effacé malgré ses promesses : des projets aux délais non respectés, le manque d'évolutivité des actifs industriels et les arrêts non planifiés de la production. Les cadres interrogés placent l'obsolescence des informations, le manque d'intégration de la data ou le vieillissement des infrastructures informatiques et du SI parmi les causes principales de ces problèmes, avec le
manque de compétences.

Encore beaucoup de manipulation manuelle des data

Près de trois répondants sur cinq estiment ainsi que la transformation numérique menée dans leur organisation n'a pas porté ses fruits. Près de 8 sur 10 confirment pourtant que leur entreprise a augmenté à la fois le nombre de solutions numériques et de sources de données en 2024. Et si deux tiers (66%) des cadres interrogés avouent encore travailler régulièrement avec du papier pour suivre leurs actifs et leurs processus, 75% d'entre eux préfèrent néanmoins des tableaux de bord digitaux, et presque autant des knowledge graphs ou encore des représentations 3D de leur activité.

Reste qu'ils n'y voient pas tous des conséquences positives, loin de là. Bien qu'ayant toujours accès directement aux données pour prendre les décisions, 65% des répondants estiment, par exemple, que leurs équipes passent trop de temps à créer manuellement des reportings : ils évaluent même ce temps passé à presque 18 heures par semaine... Et 68% des répondants jugent même manquer de données sur la performance des actifs, au point d'affecter la performance financière de l'entreprise.

Hétérogénéité des processus et risque cyber

Résultat, des impacts potentiellement négatifs, principalement sur la capacité des actifs à évoluer pour répondre à la demande (69%), et des exigences plus importantes en matière de sécurité et de conformité de l'appareil de production (70%). Bilal Alani, patron de l'IT et de la Data de Danone, également DSI de la R&D de Danone, témoigne dans le rapport d'Hexagon des défis auquel fait face un industriel avec des centaines d'usines dans le monde. De l'intégration des données aux budgets explosés. Il évoque l'hétérogénéité de sites de production souvent issus d'acquisitions ou encore la spécificité de chacune des usines en fonction des produits fabriqués. « Pour toutes ces raisons, chaque usine peut définir la stratégie digitale qu'elle souhaite, explique-t-il. Mais cela signifie aussi qu'une démarche de standardisation avec un système transverse à toutes les usines peut se révéler très difficile à mettre en place. Les systèmes existants peuvent comprendre des processus et des modèles de données différents. D'un point de vue global, cela signifie qu'il y a des lacunes dans le rapprochement des données. Un fossé que nous pouvons combler de nombreuses façons, mais qui n'est pas toujours un processus cohérent ».

PublicitéSans oublier que plus un industriel dispose d'outils, variés, hétérogènes, plus le risque cyber augmente, comme le rappelle l'étude d'Hexagon. 66% des entreprises possédant davantage d'outils qu'il y a un an voient ainsi la cybersécurité comme un défi, contre 53 % seulement parmi celles qui n'ont pas fait évoluer leur parc. Les répondants soulignent aussi le manque de visibilité suffisante sur les actifs informatiques pour agir efficacement en la matière. Bilal Alani confirme et prévient lui aussi : « la cybersécurité se complexifie à mesure que le nombre de composants et d'outils numériques augmente dans une usine. [Chez Danone], nous contrôlons cela grâce à la conformité en particulier. En définissant des standards de cybersécurité auxquels chaque site doit se conformer ».

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