Stratégie

Pascal Buffard (Cigref) : « les DSI ont su anticiper l'impact du numérique sur la stratégie »

Pascal Buffard (Cigref) : « les DSI ont su anticiper l'impact du numérique sur la stratégie »
Pascal Buffard est le président du Cigref
Retrouvez cet article dans le CIO FOCUS n°100 !
La vision des DSI

La vision des DSI

CIO.Focus (ex-CIO.PDF) fête donc ici son centième numéro. Pour célébrer dignement cet anniversaire, nous avons demandé aux grands acteurs de notre écosystème ce qu'ils retenaient des transformations numériques, celles qu'ils ont vécues ou celles qu'ils anticipent. De Jacques Marzin, DSI groupe de...

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A l'occasion de la prochaine sortie de CIO.Focus n°100 (anciennement nommé CIO.PDF), nous avons interrogé des acteurs emblématiques de notre secteur. Pascal Buffard est le président du principal club de grandes entreprises avec une préoccupation numérique : le Cigref.

PublicitéCIO : Comment justifie-t-on le coût de l'adhésion de son entreprise à un club tel que le CIGREF ?

Pascal Buffard : Le CIGREF est une association « sans but lucratif et qui n'exerce pas d'activités lucratives ». Dès lors, les cotisations constituent les seuls revenus de notre association, cette dernière ne menant aucune action financée ou sponsorisée par les fournisseurs, ni même des activités payantes du type organisation d'événementiels etc...
La justification du coût de l'adhésion est laissée à l'unique appréciation des membres : Ainsi, chaque année lors de notre Assemblée générale, le coût de la cotisation au CIGREF est décidé par les entreprises membres.

CIO : Quel est ce coût ?

Pascal Buffard : En 2016 et pour la 15ème année consécutive, les montants n'ont pas changé : Ils sont de 15 K€ pour les membres actifs (entreprises) et 10 K€ pour les membres associés (organisations publiques) et ce, quelle que soit leur importance ou budget informatique. Nous sommes très respectueux du principe « Une entreprise = 1 voix » !
Depuis l'origine, le CIGREF est très attaché à sa totale indépendance financière au sein de son écosystème. Dès lors, il veille scrupuleusement à se donner les réels moyens de cette indépendance, ce qui constitue une réelle différence avec bon nombre d'autres clubs dont le financement est assuré par des partenaires commerciaux.

CIO : Quels avantages peut-on mettre en avant ?

Pascal Buffard : La grande fidélité des membres lors du renouvellement des cotisations est la traduction la plus explicite des avantages que l'entreprise tire de son adhésion au CIGREF.
L'adhésion donne droit à l'ensemble des collaborateurs de participer à nos travaux que ce soit en matière de stratégie numérique pour leur dirigeants, de services informatiques pour les collaborateurs de la fonction SI, mais également en matière de Cybersécurité pour les RSSI, d'impacts sur les conséquences et l'emploi avec les RH, ou sur le cadre contractuel du numérique avec les juristes ou bien encore en matière d'éthique avec les déontologues etc.
En résumé, le CIGREF est à la fois une plateforme d'information pour tous les métiers de l'entreprise mais également une communauté de partage de connaissances et d'échange de bonnes pratiques entre pairs et ce, sur tous les sujets ayant trait à la « transformation numérique » des grandes organisations. Il est avant tout, pour les Dirigeants de nos firmes, un carrefour de réflexions et d'orientations sur l'entreprise au coeur monde numérique !

PublicitéCIO : Quelle véritable singularité voyez-vous pour le CIGREF ?

Pascal Buffard : Incontestablement son rôle sociétal qui transcende le seul intérêt particulier de chacun de nos membres. Ainsi tous nos travaux de recherche et toutes nos publications sont mises gratuitement à la disposition du plus grand nombre grâce à nos espaces et sites Internet, mais également toutes nos interventions sur les questions sociétales (formation ; innovation ; PME innovantes, aides aux start-up etc...) sont bénévoles et profitent ainsi à l'ensemble des acteurs de la filière numérique en France.
Enfin, nous contribuons auprès des pouvoirs publics français et de la Commission Européenne à faire connaître les enjeux, les opportunités, contraintes et risques liés à l'usage des technologies numériques, et à orienter les programmes de formation en fonction des besoins réels dans l'environnement économique et social.

CIO : De quelles transformations très concrètes, vécues dans les entreprises ces dernières années, les DSI peuvent-ils être les plus fiers ?

Pascal Buffard : Incontestablement celle de l'anticipation de l'impact du numérique sur la stratégie, les modèles d'affaires et le management de leur entreprises.
En créant dès 2008, une Fondation de recherche (sous égide de Sophia Antipolis) destinée à « mieux comprendre comment le monde numérique change notre vie et nos entreprises », le CIGREF a été le premier à mobiliser les Dirigeants sur ce sujet devenue mature aujourd'hui !
D'ailleurs à l'occasion de son 40ème anniversaire en 2010, le CIGREF lui-même a adapté sa mission en conséquence afin de « Promouvoir la culture numérique comme source d'innovation et de performance ». Depuis 5 ans, l'ensemble de nos travaux et publications ont porté prioritairement sur ce sujet.

CIO : Quels grands défis les DSI vont-ils affronter dans les prochaines années ?

Pascal Buffard : Nous venons de publier un ouvrage sur ce thème « l'entreprise 2020 à l'ère numérique ». Nous y décrivons 9 enjeux et défis ! Notre conviction est la suivante : le DSI sera un acteur majeur dans cette transformation pour que l'entreprise surmonte ces défis.
Parmi l'évolution de son rôle et de ses missions, le DSI doit mieux appréhender l'écosystème numérique, et tout particulièrement les stratégies des nouveaux acteurs, afin d'éclairer le débat lorsqu'il s'installe au COMEX. Pour cela, le DSI doit développer son e-leadership et travailler sur les problématiques liées au renouvellement des compétences des équipes IT, à la mobilité de ses collaborateurs et à l'attractivité de la filière IT de l'entreprise pour les jeunes. C'est finalement tout le modèle d'affaires de la DSI qui se transforme.

CIO : Quel rôle les médias jouent-ils dans l'information professionnelle des DSI ?

Pascal Buffard : Un rôle essentiel à condition que leur ligne éditoriale soit réellement internationale et que leurs sources soient également alimentées par les travaux de recherche académique autant que par les rapports des grands cabinets de conseils.

CIO : Quel rôle les médias jouent-ils dans la carrière des DSI ? Peuvent-ils progresser en y assurant une certaine présence ?

Pascal Buffard : Le monde numérique dans lequel nous évoluons est un monde d'influence. Au CIGREF, mes collègues et moi-même sommes convaincus qu'il nous faut communiquer davantage tant sur les métiers passionnants qu'offrent nos Directions, mais également sur nos projets, nos réalisations et notre vision. La transformation numérique de nos entreprises ne pourra se faire efficacement sans une coopération renforcée entre les différents métiers. Le numérique bouleverse les formes organisationnelles, les modes de travail et les missions et rôles de tous les métiers de l'entreprise, dont la Fonction SI.
Toutefois, l'ampleur des changements culturels et organisationnels ne doit pas masquer le socle technologique, et plus particulièrement le socle informatique, sur lequel repose une telle transformation. Les fondamentaux de l'informatique ne s'estompent pas avec l'irruption des services numériques dans l'entreprise. Le legacy ne disparaît pas par enchantement ; il doit être géré et - complexité supplémentaire - désormais articulé avec de nouveaux services numériques conçus en mode agile. L'enjeu ici est d'assurer la cohérence technologique de l'entreprise.

CIO : Quel rôle les médias jouent-ils dans la promotion et la reconnaissance de la direction des systèmes d'information au sein des entreprises ?

Pascal Buffard : Un rôle essentiel dès lors que les médias changent également leur regard sur la Fonction SI. Cette dernière n'a plus rien à voir avec celle des années passées. Là où l'informatique traitait de l'automatisation des processus métiers, le numérique transforme complètement les métiers. Il s'agit par ailleurs d'une rupture sociétale et culturelle entièrement tirée par les usages grand public.
Aujourd'hui, la satisfaction envers la fonction SI de l'entreprise est très liée à la contribution du DSI à la réflexion stratégique, à la transformation et à l'innovation. Elle n'est plus seulement liée à la qualité de service, au pilotage des coûts, au pilotage de l'excellence des processus. Le DSI aujourd'hui est attendu sur ces sujets. Autre enjeu qui nous tient également à coeur : celui des compétences, des talents et des challenges que nous aurons à offrir à nos équipes. Autant de sujets que les médias peuvent nous aider à expliciter !

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