Stratégie

La Tech Week Société Générale orientée data et IA

La Tech Week Société Générale orientée data et IA
De gauche à droite : Frédéric Oudéa (directeur général du groupe Société Générale), Claire Calmejane (directrice de l’innovation) et Christophe Leblanc (directeur des ressources et de la transformation numérique).

Inaugurée par Frédéric Oudéa, DG de la Société Générale, la Tech Week de la banque était cette année digitale et sur deux jours, les 23-24 novembre 2021.

PublicitéComme tous les ans, le groupe bancaire Société Générale a organisé une Tech Week. Cette année, pour la quatrième édition, elle était limitée à deux jours, les 23-24 novembre 2021, et en format digital. Cette manifestation permet à l'ensemble des collaborateurs du groupe, tant côté équipes au contact des clients qu'équipes des fonctions support, de découvrir des usages des technologies numériques, soit réalisés en services internes soit au travers de start-ups. « C'est un moment annuel important d'acculturation pour tous » a souligné Frédéric Oudéa, directeur général du groupe Société Générale, en inaugurant la manifestation. Le format digital, avec une plate-forme proche d'un metavers, a d'ailleurs permis aux personnels extérieurs aux sites parisiens de pleinement participer, y compris à partir des établissements des autres continents.

Si, l'an passé, la Tech Week était plutôt orientée sur les nouveaux business models (avec par exemple Trezor, start-up récemment rachetée par la Société Générale), l'édition 2021 était centrée sur les usages concrets de la data et de l'intelligence artificielle. La banque avait d'ailleurs choisi le slogan « Société Générale, a data driven company ». Cette culture de la donnée et les usages croissants de l'intelligence artificielle sont servis par d'importantes refontes informatiques déjà largement explicitées dans nos colonnes et que Frédéric Oudéa a rappelées. Notons qu'il est rare qu'un directeur général d'une entreprise du CAC 40 se lance, lors d'une intervention, sur une description de la stratégie technologique de son groupe, en défendant le choix du cloud hybride ou de l'architecture à base d'API.

Le digital renforcé par la crise sanitaire

Pour Frédéric Oudéa : « nous avons beaucoup progressé mais il reste encore beaucoup à faire. » D'importants investissements sont prévus sur les trois années à venir autour de la data et de l'intelligence artificielle autant que pour finaliser le rapprochement des deux réseaux de banque de détail (Société Générale et Crédit du Nord). Comme l'a souligné le directeur général, les dix-huit mois de crise sanitaire ont renforcé la place des canaux digitaux et validé ainsi les investissements consentis. « Aujourd'hui 62 % de nos clients particuliers dans le monde utilisent les canaux digitaux, la plus forte accélération et la plus grande proportion étant en Russie avec 69 %, 95 % des ordres de virements étant digitaux » s'est réjoui Frédéric Oudéa.

Il a ajouté : « j'ai la conviction que les nouvelles technologies nous aident à mieux faire notre métier, notamment en permettant à nos collaborateurs au contact du public de se recentrer sur leurs tâches à valeur ajoutée ». Sur les tâches en back office aussi l'IT permet de nets progrès. C'est notamment le cas avec les datas et l'intelligence artificielle. Les travaux opérés en la matière servent des cas d'usage, par exemple dans l'estimation du risque de crédit, le contrôle interne, le contrôle de conformité... En matière de conformité, par exemple, il est possible d'aller au-delà de la reproduction des leçons du passé (au travers de modèles actuariels) en repérant des anomalies grâce à l'IA et l'apprentissage machine.

PublicitéS'adapter aux nouveautés

Les nouvelles entreprises de l'écosystème financier ont souvent des modèles économiques où la valorisation de la data est essentielle. Des opérateurs de paiement (Adyen...) aux start-ups FinTech sont dans ce cas. « La Société Générale a besoin de s'adapter à ces nouveaux entrants » a souligné Claire Calmejane, directrice de l'innovation de la Société Générale. Le groupe dispose de filiales nativement numérique comme Boursorama ou, depuis peu, Shine. Cette dernière est un opérateur bancaire dédié aux TPE/auto-entrepreneurs enrichissant ses services avec du traitement de la donnée, allant jusqu'à réaliser une comptabilité. La Société Générale a aussi développé une place de marché numérique pour proposer des services digitaux reposant souvent sur des partenariats. C'est par exemple le cas avec une offre de cash management basée sur Kyriba.

L'intelligence artificielle est aussi utilisée en interne, par exemple pour l'analyse et le contrôle des scans de documents comme des pièces d'identité. Depuis 2018, Synoé est un robot-conseiller pour accompagner les clients dans leurs choix d'investissements. Pour Claire Calmejane, « l'IA est, chez nous, une réalité quotidienne qui nous aide à toujours mieux faire notre travail au service des clients ». Les travaux sur la data amènent une « vision à 360° des clients » et permettent de développer de nouveaux services. Quatre axes sont développés : la personnalisation des services (compte tenu des règles telles que le RGPD), la réactivité (par exemple grâce au chatbot disponible 24/7 qui cumule 15 000 conversations/jour en France), l'efficacité opérationnelle (comme avec Cast pour analyser via IA des documents) et la protection des intérêts de la banque face notamment à la fraude.

230 millions d'euros générés

A l'occasion de la Tech Week, la Société Générale a communiqué quelques chiffres. Le groupe dispose ainsi de plus de 1000 experts de la donnée dont 65 responsables qualifiés de « Chief Data Officers ». Toutes phases du travail sur les données confondues, ce sont 330 cas d'usages de la donnée qui ont été mis en oeuvre dont 170 fondés sur l'intelligence artificielle. « En accroissement de la performance ou en baisse de coûts, ce sont 230 millions d'euros qui ont été générés directement par ces cas d'usages » s'est réjoui Claire Calmejane. Mais, pour que les projets data puissent générer de la valeur, il est indispensable de responsabilité chacun sur les données dont il a la charge.

Pour mener des projets « data » sur les calculs de risques, la Société Générale utilisait une cinquantaine de licences Dataiku depuis plusieurs années. Un contrat groupe vient d'être signé avec, d'ores et déjà, environ 150 licences supplémentaires déjà déployées. Pour Claire Calmejane, « Dataiku est un partenaire stratégique pour mieux utiliser la data dans tous nos métiers ». Cependant, il est nécessaire de faire acquérir de nouvelles compétences aux collaborateurs pour bien travailler les données. Et, de ce fait, la formation constitue un gros enjeu. Et cette formation concerne aussi les cadres dirigeants. Claire Calmejane a ainsi indiqué : « 100 % du Top 60 du groupe et l'ensemble des responsables métiers doivent savoir utiliser les datas et ont donc été formés. »

La data responsable

Mais les chantiers datas ne doivent pas être menés n'importe comment. « Pour réussir la transformation de notre groupe, il faut travailler de façon responsable avec la data » a insisté Christophe Leblanc, directeur des ressources et de la transformation numérique de la Société Générale. Bien entendu, cela implique le strict respect des réglementations comme le RGPD ou celles imposant des stockages locaux de données en Russie, en Turquie ou dans quelques autres pays. Parmi les obligations induites, il y a notamment la sécurité des données personnelles, que le groupe bancaire protège avec des outils comme une DLP. Mais il s'agit aussi de réduire l'impact environnemental du stockage des données, d'une part en réduisant les volumes stockés (en supprimant les données obsolètes ou inutiles), d'autre part en choisissant des datacenters plus modernes. Pour faciliter les usages avec les divers outils (notamment Dataiku), le groupe bancaire a mis en place un dictionnaire des données disponibles.

Le socle technique est ainsi composé d'un datalake (Hadoop, etc.) sur, pour l'heure, essentiellement du cloud privé même si le groupe bancaire a aussi recours à du cloud public (AWS et Microsoft Azure) mais aucune donnée de clients particulier ne peut être stockée sur un cloud public. Christophe Leblanc confirme bien entendu : « nous avons évidement un intérêt pour le 'cloud de confiance' pour y stocker nos données même si nous voulons éviter de multiplier les fournisseurs ». Le recours au cloud public devant réglementairement être réversible aisément, la Société Générale n'emploie aucune technologie spécifique. Mais les clouds privés internes évoluent vers une « deuxième génération », autrement dit du PaaS. A l'horizon 2025, les trois quarts des applications devraient être hébergées sur un tel « cloud de deuxième génération », avec une réelle transformation pour en tirer vraiment partie. Christophe Leblanc a clairement exclu le lift & shift. Les objectifs sont d'accroître autant la résilience que la rapidité de développement.

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