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La fracture numérique n'a plus droit de cité dans la Manche

PublicitéIl aura fallu seulement six ans pour que le Conseil Général de la Manche réussisse son incroyable pari : couvrir presque entièrement le département de la Manche en services haut débit, soit près de 230 000 foyers. De quoi en laisser plus d'un pantois ? Mais quel est donc son secret ? L'histoire commence en 2000. L'offre d'accès dans la région demeure insuffisante, exceptée dans les grandes agglomérations comme Cherbourg ou Saint Lô, où l'ADSL voit le jour. Face à un tel constat, le Conseil Général décide alors de prendre le taureau par les cornes. Conscient de l'impact économique que peuvent avoir les nouvelles technologies dans la région, celui-ci entreprend de mettre en place une infrastructure d'accès à l'Internet rapide. Toutefois, cela n'est pas son premier coup d'essai. Déjà en 1995, il pense à aménager numériquement le territoire, lorsqu'il donne son accord de principe sur un projet de construction des « inforoutes normandes ». Objectif : créer sa propre infrastructure pour que même les plus petites communes accèdent au haut débit. Peu importe la technologie employée, seul le résultat compte. Ce qui conduit le Conseil Général à expérimenter les courants porteurs en ligne à la Haye-du-Puits dès 2003, ou encore les liaisons satellite avant d'opter finalement pour une couverture WiFi. Mais c'est en 2004 que s'opère un tournant décisif, avec la création d'un syndicat mixte appelé Manche Numérique regroupant le Conseil Général, la communauté urbaine de Cherbourg et la totalité des 602 communes de la Manche. Ce syndicat a en charge le développement des infrastructures de télécommunication sur le département mais aussi la promotion des usages des nouvelles technologies. 2004 est également l'année où le paysage réglementaire s'éclaircit pour les collectivités locales en matière de projets de télécoms, permettant aux collectivités territoriales d'être opérateur de télécoms dans des projets de co-investissement avec des acteurs privés. C'est à cette occasion que la Manche Numérique a une idée de génie et profite de l'aubaine. Avant même de se lancer dans les chantiers de génie civil pour construire l'infrastructure en fibre optique, baptisée BUS (Backbone Universel de Services), elle cherche à tirer partie de la réutilisation des infrastructures existantes, en l'occurrence celle des opérateurs, dans les zones rentables. En clair, il s'agit de racheter « la fibre optique noire » (fibre optique brute installée mais pas encore activée) à un opérateur, en relouant une partie à un autre ou en l'échangeant à un troisième pour obtenir en contre partie une autre portion de câble ailleurs dans le département. « C'est ainsi que nous nous sommes constitués un réseau de 450 km sans avoir dépensé un Euro » commente fièrement Philippe Le Grand, directeur général de Manche Numérique. Ce n'est qu'ensuite que le déploiement du réseau a débuté, pour finalement constituer une infrastructure de 800 km. Sur les dix principales villes du département, Manche Numérique loue la fibre optique aux opérateurs qui le souhaitent. Ailleurs, le réseau fait l'objet depuis février 2006 d'une délégation de service public, confiée pour quinze ans à un groupement composé de LD Collectivités, Axia France et Vinci Networks. Lequel délégataire a complété l'infrastructure avec 200 km de fibres supplémentaires pour raccorder certains centraux téléphoniques en zone blanche. Son modèle économique ? Relouer à des opérateurs locaux qui proposent des services dégroupés en ADSL aux clients finaux. Mais cela n'est pas suffisant. Tous les habitants n'ont pas encore accès au haut débit. La Manche Numérique entreprend donc de cumuler les technologies et opte pour le Wi-Fi en zone rurale. Et à terme pourquoi pas le WiMax quand le ticket d'entrée de cette technologie sera moins onéreux. L'accès haut-débit résidentiel n'est qu'une première étape pour Manche Numérique. La prochaine : assurer une continuité de connexion sans fil sur l'ensemble du département et sur le littoral côtier alentour. Pour cela, elle doit combler les quelques espaces non desservis par le Wi-Fi en ajoutant d'autres stations émettrices d'ici à fin 2007 et en reliant l'ensemble des stations sous la forme d'un réseau maillé. L'expérience est d'ailleurs déjà en cours sur le site de Beaumont-La Hague. L'opération sera réalisée avec Neuf Cegetel. Ainsi, la Manche Numérique est en passe de réaliser son pari.

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