Kiabi se tourne vers le cloud pour répondre à ses besoins métier


Le cloud n'est pas la panacée !
A lire de nombreux témoignages, on aurait tendance à croire qu'il suffit de migrer son système d'information dans le cloud public et tous les ennuis disparaissent comme par enchantement. Bien entendu, la magie n'existe pas. Certes, le cloud est utile. Certes, il résoud un certain nombre de...
DécouvrirPour accompagner un plan de transformation à horizon 2030 et soutenir sa stratégie RSE, l'enseigne de mode à petit prix Kiabi a retenu Google Cloud comme partenaire technologique.
PublicitéBasé dans la métropole lilloise, Kiabi propose du prêt-à-porter à petit prix pour les familles depuis 1978. En 2020, l'enseigne a décidé de lancer un plan de transformation, Kiabi 2030, autour de quatre axes : développer sa stratégie omnicanale pour faciliter la vie des familles ; rendre son modèle plus hybride pour trouver le juste milieu entre une organisation centralisée et l'adaptation aux besoins locaux ; offrir une mode durable à petits prix et enfin être une entreprise ouverte sur son écosystème, avec des collaborateurs entrepreneurs. Le numérique tient une place essentielle dans cette stratégie, d'autant que le chiffre d'affaires lié au e-commerce a progressé de 40% en 2020. Pour accompagner ses ambitions, Kiabi a décidé d'initier un basculement complet vers le cloud, en choisissant de nouer un partenariat technologique avec Google Cloud. Christophe Alie, leader innovation et transformation et DSI de Kiabi, est revenu sur les enjeux de ce partenariat.
Le passage au cloud fait partie d'un programme de transformation global de l'organisation IT et digitale de Kiabi, qui comprend quatre grandes étapes. La première a été le passage à une organisation agile, afin d'avoir une plus grande proximité avec les métiers. « Nous avons déjà bien avancé sur l'agilité, mais j'estime que nous pouvons aller encore plus loin, par exemple en allouant des budgets aux équipes agiles plutôt qu'aux projets », confie Christophe Alie. La seconde étape consiste à mettre en place des partenariats technologiques clefs, comme celui noué avec Google Cloud. La DSI de Kiabi compte environ une centaine de collaborateurs en interne, auxquels s'ajoutent environ 200 prestataires externes. « Nous n'avons pas la puissance nécessaire pour nous maintenir en permanence au fait des meilleures technologies. De tels partenariats nous permettent de mettre en adéquation les besoins de Kiabi avec les offres technologiques qui peuvent sortir », explique Christophe Alie. L'entreprise rencontre aussi des enjeux au niveau des ressources humaines, les compétences technologiques étant difficiles à trouver et recruter. La troisième étape consiste donc à nouer un partenariat similaire avec une ESN, afin de disposer d'un vivier de talents. Enfin, à plus longue échéance, la DSI de Kiabi envisage de faire de même avec les éditeurs de logiciels, privilégiant des partenaires stratégiques pour réduire le nombre de solutions.
Une importante conduite du changement
Pour choisir son partenaire cloud, Kiabi s'est basé sur plusieurs critères. L'enseigne voulait un acteur capable de proposer une approche globale, qui ne se limite pas à la technologie cloud, mais cible également ses besoins métiers. « Nous avons par exemple un enjeu important sur le réapprovisionnement des magasins. Google Cloud a su nous convaincre qu'il pouvait apporter des solutions, via l'intelligence artificielle notamment », indique Christophe Alie. « Nous voulons travailler sur tous les axes possibles : cloud bien sûr, mais aussi innovation, data, e-commerce et transformation humaine », souligne le DSI. Par ailleurs, le positionnement de Google Cloud n'entrait pas en concurrence avec l'activité de distribution de Kiabi, un aspect sensible quand il s'agit d'héberger des données clients. Kiabi a également apprécié la marketplace, qui permet d'activer simplement des services tiers. « Cela peut nous apporter des gains de temps et d'agilité intéressants », note le DSI. Enfin, des efforts ont été faits pour répondre aux attentes de l'enseigne en termes financiers. En revanche, si Kiabi avait également des critères d'écoresponsabilité, ceux-ci ne se sont pas révélés réellement discriminants selon Christophe Alie, l'ensemble des acteurs consultés ayant engagé des démarches durables.
PublicitéL'accord initial est prévu sur quatre ans. La contractualisation a pris un peu de temps, en raison d'une certaine complexité juridique, avec des ajustements à trouver entre les réglementations américaines et françaises. Selon le DS, un tel partenariat s'apparente un peu à un modèle de leasing. « Le fait de prendre des engagements envers le fournisseur peut susciter certaines craintes, il faut beaucoup de pédagogie et des efforts mutuels pour s'adapter à l'autre », souligne Christophe Alie. Mi-2021, Kiabi a ensuite démarré la mise en place des fondations technologiques, avec le déploiement de Google Cloud Platform (GCP) et la formation des équipes. « Une telle démarche nécessite une conduite du changement très conséquente. Il y a par exemple un vrai sujet autour du FinOps : le cloud offre une puissance de feu terrible, mais son coût peut se révéler prohibitif si l'on n'y prend pas garde, il comporte une série de pièges », note Christophe Alie. L'acculturation entamée il y a environ six mois s'organise autour de trois niveaux d'ambitions. Pour aider les équipes à opérer la transition, Kiabi a tout d'abord proposé des formations certifiantes à certains collaborateurs, un levier de motivation selon le DSI. Ces « ambassadeurs » experts de la plateforme représentent une dizaine de personnes en interne, qui participent également à un cercle d'excellence auprès de Google Cloud. Le second niveau concerne environ la moitié des effectifs de la DSI. Il est constitué des collaborateurs amenés à travailler au quotidien sur la plateforme, qui doivent donc être formés sur les principaux services et le fonctionnement du support GCP. Enfin, la quasi-totalité des équipes IT (80% des effectifs selon le DSI) doit a minima connaître l'offre, afin de pouvoir identifier les solutions disponibles en cas de besoin.
L'IA au service de l'expérience client
L'année 2022 va marquer le début de la migration vers le cloud. Kiabi a prévu de s'attaquer en priorité à deux sujets stratégiques, la data et l'e-commerce. « Nous avons choisi de démarrer par deux initiatives significatives pour apporter rapidement de la valeur », explique le DSI. Sur la data, Kiabi a mis en place un data office en 2020. Le partenariat s'inscrit dans la continuité de ce programme, en prévoyant notamment la mise en place d'une data factory et la migration du data lake, planifiée à la fin de premier trimestre 2022. L'enjeu n'est pas simplement de migrer, mais de démocratiser l'usage des données. « Il s'agit par exemple de permettre aux magasins d'interroger facilement la liste de leurs clients, avec des critères comme la date de la dernière visite et le nombre d'enfants », illustre Christophe Alie. Sur la partie e-commerce, la migration est prévue en fin de troisième trimestre 2022. Hormis les gains d'agilité et de scalabilité, l'objectif est de renforcer la personnalisation et d'optimiser l'expérience client, notamment en utilisant l'IA. Celle-ci peut par exemple faciliter le dialogue avec la marque, aider les clients à rechercher un look capté dans la rue ou adapter l'écran en temps réel en fonction de l'historique de navigation, plutôt qu'en fonction de critères prédéterminés et génériques.
A plus longue échéance, Kiabi prévoit d'aborder les sujets plus faciles, dont la migration progressive de la plupart de ses applications internes, avec l'objectif d'achever cette étape en 2025. « Le déménagement de notre siège social est prévu pour 2026. Notre but est de ne pas avoir de data center dans ce nouveau siège, dans notre optique de développement durable », indique le DSI, qui estime que les grands acteurs cloud sont plus efficients sur ces enjeux environnementaux. Christophe Alie relève toutefois un élément susceptible de ralentir sa migration vers GCP. « Certains fournisseurs de bases de données mettent des freins, imposant d'aller vers leur propre cloud. Cela va nous obliger à nous poser des questions, en nous incitant à aller vers des bases open source quand c'est possible pour éviter d'être bloqués. »
Article rédigé par

Aurélie Chandeze, Rédactrice en chef adjointe de CIO
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