Jean-Jacques Camps : "Le DSI doit être avec les métiers comme un poisson dans l'eau".


La vision des DSI
CIO.Focus (ex-CIO.PDF) fête donc ici son centième numéro. Pour célébrer dignement cet anniversaire, nous avons demandé aux grands acteurs de notre écosystème ce qu'ils retenaient des transformations numériques, celles qu'ils ont vécues ou celles qu'ils anticipent. De Jacques Marzin, DSI groupe de...
DécouvrirA l'occasion de la prochaine sortie de CIO.Focus n°100 (anciennement nommé CIO.PDF), nous avons interrogé des acteurs emblématiques de notre secteur. Jean-Jacques Camps est le président d'un important club d'utilisateurs, l'AUFO (Association des Utilisateurs Français d'Oracle). Il défend la collaboration DSI/métiers.
PublicitéCIO : Comment justifie-t-on le coût de l'adhésion de son entreprise à un club tel que l'AUFO ? Quel est ce coût ? Quels bénéfices peut-on mettre en avant ?
Jean-Jacques Camps : C'est bien simple : les clubs permettent de résoudre de nombreux problèmes et finalement de réduire de nombreux coûts. Quand, grâce à un simple échange, vous pouvez économiser trois jours de consultants, il n'y a pas débat. Nous permettons à tous d'apprendre des erreurs que les autres ont déjà fait. Nous menons en parallèle des groupes de travail, par exemple sur Primavera.
Nous échangeons aussi sur les outils que les DSI peuvent utiliser en complément de leurs technologies Oracle, sur comment mener les projets. Les projets ratés sont rarement relayés dans la presse et les raisons de ces échecs sont souvent tues.
Mais, dans un cadre privé, nous pouvons en parler. Sur d'autres aspects, l'association peut aider dans la gestion des conflits avec l'éditeur, parfois autour des problématiques de licences.
Quand on voit le prix de l'adhésion (2 321 euros HT par ans pour une société de plus de 1000 salariés et 1583 euros HT pour une société de moins de 1000 collaborateurs NDLR) c'est quasiment de l'ordre de la note de frais par rapport aux différents problèmes qu'elle peut permettre d'éviter. Aujourd'hui, notre problématique est plus de faire adhérer de nouveaux membres.
CIO : De quelles transformations très concrètes, vécues dans les entreprises ces dernières années, les DSI peuvent-ils être les plus fiers ? A l'inverse, quels ont été les rendez-vous manqués ?
Jean-Jacques Camps : La plupart des DSI sont satisfaits d'avoir pu suivre les multiples évolutions de ces dix dernières années. Il y a eu la mobilité, la diversification des terminaux, etc. Nous avons également vu de nombreux projets d'internationalisation et de rationalisation des SI, comme chez Poclain Hydraulics qui a remporté le trophée des trophées des clubs utilisateurs Oracle cette année. En outre, les DSI réussissent de mieux en mieux à coller à la fois aux architectures et aux besoins des métiers.
L'aspect sur lequel nous avons le plus péché reste, et à mon avis le restera encore pour un bout de temps, la gestion des référentiels.
CIO : Quels grands défis les DSI vont-ils affronter dans les prochaines années ?
Jean-Jacques Camps : Le grand défi à venir va notamment être celui de la gouvernance du cloud. Nous allons pouvoir mettre en place des SI, peut être disparates, tout en gardant un pilotage centralisé. C'est l'inverse de ce que nous avons bâti jusqu'à présent.
Le sujet de la gestion des référentiels va également rester au coeur des priorités. Nous allons devoir également composer avec la gestion de la sécurité et de l'internet des objets. Au niveau d'un SI industriel âgé d'une vingtaine d'années, ces aspects sont bien plus problématiques que sur des systèmes plus simple.
Dans ce cadre, la LPM (Loi de Programmation Militaire NDLR) va avoir un rôle à jouer mais il va falloir y aller avec délicatesse. Nous allons devoir vérifier comment elle va s'harmoniser avec les réglementations européennes sur les données personnelles. Il ne faudrait pas qu'elles rentrent en conflit avec celles-ci, notamment pour des sociétés devant composer avec des données sensibles, comme dans le monde de la santé.
PublicitéCIO : Quel rôle les médias jouent-ils dans l'information professionnelle des DSI ?
Jean-Jacques Camps : Pour les DSI, et en tout cas pour moi, les médias ont un rôle de filtre et de synthèse. Suivant les sujets, l'information est soit trop abondante, soit trop limitée. Le traitement des médias permet de la mettre en perspective. Sur l'actualité produits, par contre, je peux me fier aux informations du marketing de l'éditeur. A l'inverse, sur des questions plus épineuses, les médias ont un rôle à jouer.
CIO : Quel rôle les médias jouent-ils dans la carrière des DSI ? Peuvent-ils progresser en y assurant une certaine présence ?
Jean-Jacques Camps : Il est très faible. À part peut être pour les quelques divas qui se retrouvent de temps en temps à la une des médias, ceux-ci ont un faible impact. A ce sujet, les réseaux sociaux, comme LinkedIn, ont un rôle plus important. C'est sur ces médias sociaux que nous sommes les plus actifs.
CIO : Quel rôle les médias jouent-ils dans la promotion et la reconnaissance de la direction des systèmes d'information au sein des entreprises ?
Jean-Jacques Camps : Ils peuvent jouer sur les questions de l'alerte et de la vulgarisation. Dans le cadre de la politique de sécurité, les médias professionnels apportent souvent des éclaircissements.
En outre, la vulgarisation rend le discours plus digeste pour les branches métiers en dehors de l'IT d'autant plus que les médias qu'ils lisent, comme Les Echos, reprennent ces mêmes discours. Les médias contribuent à la mise en place d'un langage plus commun.
Or la valeur ajoutée de la DSI, c'est de connaitre les métiers. Pour paraphraser ce que disait Mao dans Le Petit Livre Rouge, l'armée doit se sentir parmi le peuple comme un poisson dans l'eau. Il faut être capable d'entendre à demi-mots les demandes du métier, sinon, il y a moins de valeur ajouté.
CIO : Quel rôle les médias jouent-ils dans la promotion et la reconnaissance d'un club tel que l'AUFO ?
Jean-Jacques Camps : Ce rôle n'est malheureusement pas suffisant. La problématique des clubs utilisateurs, c'est de se faire connaitre. Le recrutement de nouveaux membres est un processus long et compliqué.
En outre l'AUFO ne vit que des cotisations de ses membres et n'est donc pas une extension du service marketing d'Oracle les "clubs utilisateurs" d'autres éditeurs. Elle ne peut donc pas s'appuyer sur les ressources marketing de l'éditeur pour recruter de nouveaux membres. Notre club est complètement indépendant. A travers les médias, nous pourrions faciliter le recrutement et mieux nous faire connaitre.
CIO : Quel serait le "média rêvé" des DSI, quelles attentes les DSI ne voient-ils pas satisfaites avec les médias actuels ?
Jean-Jacques Camps : Je n'ai pas vraiment de média rêvé. L'évolution me semble bonne avec un passage vers la consommation à l'article. Le rêve, c'est d'arriver à un niveau de personnalisation qui, pour autant, n'oblitère pas le reste. Je veux pouvoir tomber par hasard sur un article que je ne cherche pas forcément mais qui peut m'intéresser. C'est comme fouiller une étagère et tomber sur un bon bouquin.
Il faut donc de la personnalisation mais aussi du choix. En outre, les conférences sont, pour moi, une vraie continuité du média. Systématiser une petite synthèse en début d'article pour savoir ce qu'il y a à lire est aussi une bonne chose. Et puis bien sûr, il faut garder une petite touche d'humour.
Article rédigé par

Oscar Barthe, Journaliste
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