Jacques Marzin (DISIC) : « la mise en place du numérique d'Etat a acquis du sens pour chacun »


La vision des DSI
CIO.Focus (ex-CIO.PDF) fête donc ici son centième numéro. Pour célébrer dignement cet anniversaire, nous avons demandé aux grands acteurs de notre écosystème ce qu'ils retenaient des transformations numériques, celles qu'ils ont vécues ou celles qu'ils anticipent. De Jacques Marzin, DSI groupe de...
DécouvrirA l'occasion de la prochaine sortie de CIO.Focus n°100 (anciennement nommé CIO.PDF), nous avons interrogé des acteurs emblématiques de notre secteur. Jacques Marzin est le directeur de la DISIC (Direction Interministérielle des Systèmes d'Information et de Communication), sorte de « DSI groupe » de l'Etat.
PublicitéCIO : Les objectifs fixés lors de la création de la DISIC (Direction Interministérielle des Systèmes d'Information et de Communication) ont-ils été atteints ou en voie de l'être ?
Jacques Marzin : Nos missions n'ont pas, par nature, de réelle fin. Le seul projet précis qui nous était confié lors de notre création était la création du RIE (Réseau Interministériel de l'Etat). Celui-ci est bien mis en place, en effet. De même, la gouvernance générale que nous devions fonder est également en fonction. Mais la DISIC n'a pas vocation à atteindre un objectif précis, elle est inscrite dans le paysage pour durer afin de rationaliser le système d'information de l'Etat de manière continue.
Notre bilan est d'ailleurs, à mon avis, très positif. La confiance est installée aussi bien avec le gouvernement qu'avec les DSI ministérielles ou les autres services administratifs. Bien sûr, il y a toujours des regrets possibles, des choses où l'aurait pu aller plus loin s'il n'y avait pas de restriction budgétaire. Mais la mise en place du numérique d'Etat a acquis du sens pour chacun.
CIO : Comment, aujourd'hui, l'action de la DISIC se positionne-t-elle vis-à-vis des DSI ministérielles ou d'établissements ?
Jacques Marzin : Étonnamment bien ! Même si nous rencontrons les difficultés classiques de n'importe quelle DSI groupe, très sincèrement, je m'attendais à bien plus de résistances. Aujourd'hui, la maîtrise du Système d'Information de l'Etat est clairement interministérielle. Et les restrictions budgétaires font que, même pour un grand ministère, avoir le soutien de la DISIC sur un projet a du poids.
CIO : De quelles transformations très concrètes, vécues dans les administrations ces dernières années, les DSI peuvent-ils être les plus fiers ?
Jacques Marzin : Sans la moindre hésitation, je pense aux services en ligne destinés directement aux citoyens.
CIO : A l'inverse, quels ont été les rendez-vous manqués ?
Jacques Marzin : On peut toujours se plaindre de n'avoir pas saisi certaines opportunités techniques parce que nous avions un existant qui faisait l'affaire. Mais je ne crois pas que nous ayons réellement manqué de rendez-vous même si certains objectifs ne sont pas encore totalement atteints.
Typiquement, le décloisonnement des administrations tarde peut-être un peu. Le déploiement de services sans-couture a encore des hoquets. En fait, la transformation n'est tout simplement pas encore achevée. Mais cela viendra.
CIO : Quels grands défis les DSI d'administrations vont-ils affronter dans les prochaines années ?
Jacques Marzin : Vous vous attendez à ce que je dise Cloud et Big Data je suppose... Plus sérieusement, je pense que le plus grand défi à venir est ce que nous nommons le « service public as a platform ». En s'appuyant sur l'open-data et le décloisonnement des administrations, il s'agira d'améliorer significativement l'expérience utilisateur, que celui-ci soit citoyen ou agent.
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CIO : Quel rôle les médias jouent-ils dans la carrière des DSI du secteur public ? Peuvent-ils progresser en y assurant une certaine présence ?
Jacques Marzin : Nous sommes des hauts-fonctionnaires... Donc il n'y a aucun impact positif de la presse sur nos carrières. Au contraire, les politiques n'aiment pas trop que des agents aient une présence médiatique.
CIO : Quel rôle les médias jouent-ils dans l'information professionnelle des DSI du secteur public ? Quel serait le "média rêvé" des DSI, quelles attentes les DSI ne voient-ils pas satisfaites avec les médias actuels ?
Jacques Marzin : La pluralité est essentielle. Nous avons besoin de la diversité de points de vue, y compris de la part de blogueurs. Un support unique ne peut donc pas constitué un support rêvé.
Cela dit, personnellement, je ne suis pas un grand lecteur. Même si je pense que les médias sont importants pour communiquer intelligemment autour de ce que nous faisons.
D'ailleurs, je suis très déçu par la presse non-spécialisée dont nous n'arrivons pas à nous faire comprendre. Elle ne s'intéresse à nous que lorsque ça fleure bon le scandale d'Etat. Il n'en est que plus important d'être compris par une presse professionnelle.
Certains sujets m'insupportent, comme l'analyse annuelle de la rémunération des DSI. Quant aux retours d'expériences, s'ils sont bien faits, ils me donnent envie d'aller voir ceux qui témoignent pour en parler directement avec eux en évitant le ripolinage inévitable de toute communication publique.
Article rédigé par

Bertrand Lemaire, Rédacteur en chef de CIO
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