Dubai mise sur l'IA pour devenir la grande ville la plus sécurisée du monde

Dans le cadre du programme Smart Dubai 2021, la police de Dubaï développe des applications d'IA et des « robocops » [policiers robots]. Elle s'efforce également de surmonter les préoccupations des résidents protégés. CIO Middle East décrit le projet.
PublicitéLorsque le gouvernement des Émirats Arabes Unis a lancé sa stratégie pour l'intelligence artificielle en 2017, la première du genre dans la région, l'objectif était de promouvoir la productivité des administrations et l'innovation. Jusqu'à présent, les résultats dans la ville-émirat de Dubaï -où des « robocops » [policiers robots] patrouillent dans les rues- font penser que le programme en faveur de l'IA a effectivement bouleversé le quotidien.
Conformément à l'initiative des Émirats Arabes Unis, la police de Dubaï a développé son propre plan stratégique pour l'intelligence artificielle (2018-2021), visant à développer des techniques et des outils à base d'IA conçus pour faire de Dubaï la grande ville la plus sûre du monde, grâce à des services innovants et « intelligents ». Le brigadier Khalid Nasser Al Razooqi, directeur du département d'intelligence artificielle de la police de Dubaï, affirme que le programme implique une approche équilibrée par la police, soulignant que les piliers de la stratégie incluent autant les services aux citoyens que les enquêtes criminelles.
« La façon dont nous mettons en oeuvre cette stratégie consiste à comprendre le potentiel des différents cas d'utilisation, à évaluer la maturité de la technologie et à nous assurer que nous couvrons l'ensemble des objectifs », déclare Khalid Nasser Al Razooqi. La police de Dubaï adopte une approche étape par étape pour chaque type de demande. « Nous définissons les cas d'usages comme des vagues successives d'IA. Une fois que nous avons terminé avec la première vague, nous en commençons une autre et ainsi de suite. »
Gagner la confiance du public est la clé de l'utilisation de l'IA par la police
Pour atteindre les objectifs du programme, la police de Dubaï a été confrontée à plusieurs défis, dont l'un était de gagner la confiance et le soutien des habitants. Entre autres problèmes, les gens ont peur que l'IA prenne leur emploi. Khalid Nasser Al Razooqi pense le contraire: « L'IA offre une opportunité pour de nouveaux emplois et de nouveaux domaines qui seraient très demandés dans un futur proche. »
La police de Dubaï a intégré un robot surnommé familièrement « Robocop » (d'après le film de 1987 du même nom) à ses patrouilles il y a trois ans. Elle voulait voir à quel point il pouvait être efficace et fiable, et comment les gens y réagiraient, en l'utilisant dans plusieurs scénarios et lieux tels que le Dubai Mall, les postes de police intelligents, qui comprennent un système de bornes interactives mis en place par la police de Dubaï, et enfin la zone touristique et commerciale du Global Village de Dubaï. La technologie de reconnaissance faciale des robots est précise à 80%, selon le service de police de Dubaï, et les caméras robotisées envoient des vidéos en streaming aux unités d'agents humains. Le plan est que les robots représenteront 25% des forces de police de la ville d'ici 2030.
Publicité«Nous avons constaté que le robot est la meilleure méthode pour briser la barrière entre les enfants et la police. Les enfants se sentent plus à l'aise d'interagir avec un robot qu'avec un humain», explique Khalid Nasser Al Razooqi. « Pour l'instant, nous pensons que les robots sont particulièrement bien adaptés pour fournir des renseignements aux citoyens, ensuite viendra le maintien de l'ordre, mais nous étudions toujours d'autres scénarios où ils seraient utiles. »
La clé de l'innovation, dit Khalid Nasser Al Razooqi, est d'être audacieux face au changement. « Nous adoptons de nouvelles idées quand d'autres les craignent. L'innovation, le changement et l'expérimentation sont dans notre ADN. Cela s'est produit avec le robot et se poursuivra avec d'autres technologies émergentes », ajoute-t-il.
Les jeunes semblent particulièrement à l'aise dans leurs interactions avec les robots policiers selon la police de Dubai.
L'IA est-elle l'avenir de la police ?
En matière de criminalité, la prévention est le but ultime de tout service de police. L'un des moyens d'y parvenir consiste à utiliser des algorithmes d'IA qui calculent le taux de criminalité potentiel dans une zone en utilisant les données démographiques et l'historique de la criminalité dans la zone. Cela permet à la police de Dubaï de mieux utiliser ses ressources et de les diriger vers les zones où les besoins sont probablement les plus élevés.
« Un méga-projet dans ce domaine est Oyoon. Il vise à connecter toutes les caméras de vidéosurveillance de la ville à une dorsale centralisée activée par l'IA », explique Khalid Nasser Al Razooqi. L'IA peut passer au crible des millions d'images, trouvant entre elles des relations qu'une personne moyenne ne trouverait pas, explique Khalid Nasser Al Razooqi, conduisant à une analyse qui n'aurait peut-être pas été faite autrement. « Ayant un réseau centralisé, nous ferions de chaque caméra de la ville une caméra intelligente capable d'effectuer la reconnaissance faciale, de détecter les infractions au code de la route, d'identifier les voitures recherchées et d'effectuer une analyse des foules », détaille-t-il.
L'investissement précoce de Dubaï dans cette technologie, en particulier dans le projet Oyoon, a porté ses fruits au moment de relever les défis associés à la pandémie COVID-19. La crise a prouvé aux sceptiques que la transformation numérique n'est pas un luxe, mais une nécessité. Les gouvernements du monde entier qui avaient commencé tôt dans leurs efforts de transformation numérique ont mieux réagi pendant la pandémie.
L'IA aide à lutter contre la pandémie
Pendant la pandémie, « notre investissement initial dans le projet Oyoon a fait toute la différence », déclare Khalid Nasser Al Razooqi. « Nous avons été en mesure de réagir rapidement en utilisant notre réseau Oyoon pour atténuer la propagation du COVID-19 en surveillant le respect par les gens de la distanciation sociale. » Les algorithmes d'IA intégrés dans les systèmes de la police robotique sont ainsi capables de vérifier si les gens portent des masques dans les lieux publics, note Khalid Nasser Al Razooqi.
L'automatisation de diverses procédures a favorisé la continuité des activités. «Nous avons pu passer de 100% dans les bureaux à 100% de travail à domicile en quelques jours - pour l'ensemble de l'administration », se réjouit Khalid Nasser Al Razooqi.
La police de Dubaï a adopté le cadre éthique de l'IA établi et développé par l'initiative Smart Dubai. Le cadre est l'un des premiers au monde à répondre aux préoccupations humaines concernant l'IA et l'automatisation. Il comprend quatre principes : éthique, sécurité, humanité et inclusivité. Il a été créé pour garantir que les systèmes d'IA sont équitables, transparents et compréhensibles.
Aligner l'IA sur l'éthique humaine
« Nous formons nos systèmes d'IA sur la base de données sur tous les types possibles de situations et d'interactions humaines auxquelles ils pourraient être confrontés. De cette manière, les algorithmes des systèmes s'aligneront sur les valeurs humaines et profiteront à toutes sortes de personnes dans la société tout en respectant leur dignité et droits », observe Khalid Nasser Al Razooqi. « Nous exigeons que tous nos fournisseurs ainsi que les applications développées en interne se conforment à ce cadre. L'adoption de technologies ne devrait pas entraîner un coût pour les valeurs humaines. »
Les cerveaux derrière l'IA sont des développeurs qui conçoivent des algorithmes qui traitent les informations en fonction de l'objectif pour lequel une application particulière est conçue. À la police de Dubaï, certains développements doivent être effectués en interne pour des raisons de sécurité, mais il existe des projets que le département a externalisés afin d'utiliser le temps plus efficacement lors de la gestion d'autres projets.
« Il existe de nombreux fournisseurs qui fournissent d'excellents outils [et] logiciels et nous essayons de ne pas nous limiter à un seul, afin de pouvoir interagir avec différents fournisseurs», explique Khalid Nasser Al Razooqi. « Cela ouvre la porte à (un) échange d'expériences et d'idées qui garantit un esprit innovant. Nous utilisons des services basés sur le cloud lorsque cela est possible, en suivant les directives de sécurité établies par le gouvernement. »
Article de Andrea Benito / CIO Middle East (Traduit et adapté par Bertrand Lemaire)
Article rédigé par

IDG News Service,
Commentaire
INFORMATION
Vous devez être connecté à votre compte CIO pour poster un commentaire.
Cliquez ici pour vous connecter
Pas encore inscrit ? s'inscrire