Crédit Agricole CIB investit dans l'IA décentralisée

Après avoir centralisé les sujets d'IA dans une Factory interne, la banque envisage désormais un modèle décentralisé, redonnant la main aux métiers. Et de se concentrer sur la refonte de quelques processus clefs en y intégrant en profondeur la technologie.
PublicitéSur l'IA, Crédit Agricole Corporate and Investment Bank (ou CACIB), la banque d'investissement du groupe mutualiste, reconnaît avoir un peu essuyé les plâtres. Présent lors du sommet organisé à Paris par l'éditeur Dataïku, le 23 septembre, Pierre Dulon, le directeur général adjoint en charge de l'IT et des opérations, fait remonter les premiers pas de la banque avec l'IA à 2014, notamment avec la technologie Watson d'IBM. « Nous avons essayé de l'implanter sur notre processus de KYC (Know Your Customer, soit la connaissance client, NDLR), qui emploie 350 personnes en interne. Mais peu de tests sont allés en production et le bilan économique s'est avéré discutable », dit le DGA.
D'où une première refonte du modèle en 2021, avec la création d'une IA Factory, centralisant les compétences au sein d'une équipe transverse d'environ 50 personnes, afin d'accompagner les métiers, de prendre en charge la formation des équipes et d'assurer le développement des solutions et leur industrialisation, dans un cadre adapté à l'activité de CACIB. D'abord focalisée sur les usages de l'IA pour les marchés de capitaux puis sur le traitement du langage naturel, la Factory s'est assez logiquement tournée vers la GenAI depuis environ un an. « Au début, nous n'avions qu'un seul KPI en tête : le nombre de cas d'usage déployées en production », dit Franck Desauty, directeur de cette entité dédiée à l'IA. La première année, 25 applications vont ainsi en production. Un total qui double dès l'année suivante. « C'est aussi une façon d'aider les métiers à monter en compétences sur le sujet », reprend celui qui a pris la tête du pôle de compétences en IA de CACIB mi-2023. Dans la perspective de l'IA agentique, la Factory IA s'est aussi rapprochée du centre de compétences en RPA de CACIB, qui a déjà déployé environ 600 robots au sein de l'établissement.
Fusionner IT traditionnelle, data et IA
Mais le modèle touche ses limites, comme le reconnaît Pierre Dulon. « Il nous faut désormais trouver les grosses pépites », tranche le DGA, en reprenant la métaphore du chercheur d'or. Façon de dire que l'éparpillement de petits projets ne permet que de faire émerger des paillettes, pas de dégager des gains à l'échelle de la banque et de ses 10 400 collaborateurs. « Pour ce faire, deux fondamentaux sont essentiels : fusionner l'IT traditionnelle avec la data et l'IA ; et aller vers un modèle décentralisé, collant à notre organisation en fédération », reprend le DGA. Avec des responsables IA dans les métiers et des compétences sur le sujet dans chaque équipe IT. Pour y parvenir, la banque d'investissement a lancé un programme comportant trois volets : l'équipement de tous les employés avec des outils d'IA en self-service (dont Dataïku), la promotion de l'IA dans tout projet IT et l'identification de quelques grands processus qui seront repensés intégralement avec l'IA. « C'est par exemple le cas du développement informatique. Depuis 18 mois, nous avons équipé massivement nos développeurs et avons lancé une revue du processus de développement dans son ensemble », indique Pierre Dulon.
PublicitéContrôler le mouvement de décentralisation
Au-delà de ce seul exemple, le DGA ne nie pas que l'arrivée d'un modèle plus décentralisé aura un impact important sur la DSI. « Nous sommes en train d'analyser à la fois les apports de l'IA sur la transformation du Legacy et sur l'évolution du rôle de la DSI, indique-t-il. Nous allons placer des outils plus puissants entre les mains des utilisateurs, ce qui va se traduire par un déplacement de la fonction informatique. » Et par le besoin, pour la DSI, de contrôler ce mouvement de décentralisation. Selon Franck Desauty, l'IT aura aussi un rôle de transfert de compétences : « nous avons pris le temps de bâtir une équipe d'experts au sein de l'IA Factory, que nous poussons ensuite à rejoindre les métiers. Nous sommes un peu l'équivalent du Stade Rennais », un club de foot réputé pour la qualité de sa formation.
Article rédigé par

Reynald Fléchaux, Rédacteur en chef CIO
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