Comment Arkema veut valoriser ses données en les désilotant

Le chimiste de spécialités Arkema a mené un projet de master data management avec Tibco et SopraSteria sur AWS pour mieux exploiter ses données.
PublicitéIssu d'une scission du groupe Total, Arkema est un chimiste de spécialités présent dans 55 pays au travers de 144 sites et 15 centres de recherche et développement, avec au total environ 20 000 salariés. « Depuis toujours, dans la chimie, nous avons énormément de données » a relevé Jean-Marc Viallatte, vice-président supply-chain groupe. En effet, tous les processus industriels sont surveillés par de très nombreux capteurs. Pour Jean-Marc Viallatte, « il ne s'agissait donc pas de tenir compte d'un nouveau volume de données mais de désiloter le patrimoine existant, aux données de plus en plus diverses, pour pouvoir réellement l'exploiter. »
A cette fin, un projet de Master Data Management (gestion des données de référence, MDM) a été initié en 2018 avec une étude des solutions possibles sur le marché et une évaluation de la maturité d'Arkema sur le sujet. En 2019, le projet a été mené avec les solutions de Tibco intégrées par SopraSteria. La mise en production du premier lot est prévue pour Octobre 2020. « Nous avons d'abord choisi le produit avant l'intégrateur et nous avons demandé à l'éditeur de valider que les consultants de l'intégrateur étaient effectivement certifiés » a observé Jean-Marc Viallatte.
Structurer des données dispersées
Pour Arkema, il s'agissait de structurer les données, trop dispersées pour être véritablement utilisées. Il fallait donc commencer par le début (définir les articles, les entités, etc.) avec en optique de sortir de l'ERP monolithique (SAP en l'occurrence), de « faire se parler » les différentes sortes de données, d'accroître le rythme de rafraîchissement (passer du mois à la semaine) et enfin traiter les questions de conformité réglementaire. Sur ce dernier point, Jean-Marc Viallatte précise : « si une nouvelle loi sort en Chine ou ailleurs, il nous faut savoir si nous sommes conformes et, sinon, ce qu'il faut faire. » Arkema devait donc disposer des données de production en temps réel.
« Pour la DSI, que la donnée maître ne soit pas celle dans l'ERP, mais que l'ERP soit alimenté par un système tiers, c'était un changement de paradigme » a relevé Jean-Marc Viallatte. Le datahub va alimenter désormais tous les systèmes, y compris l'ERP, soit en point-à-point soit via API. L'utilisation de Tibco Connect permet de disposer d'une plate-forme centrale de MDM et de consolider les données mais aussi de les enrichir et d'en vérifier la qualité. « Pendant la crise sanitaire, l'un des grands problèmes était de savoir ce qui passait les frontières ou non et on a pu le savoir en traçant l'IoT » s'est souvenu Jean-Marc Viallatte.
Garder de la souplesse
Au moment de lancer le projet, Arkema a classiquement fait un appel au marché. Bien entendu, SAP a été interrogé ainsi que plusieurs autres éditeurs. Jean-Marc Viallatte a expliqué le choix de Tibco par un faible maturité d'Arkema sur le sujet des données : « nous avions besoin, faute d'une maturité assurée, de pouvoir aisément changer la structure des données sans avoir à tout recommencer à chaque fois. Nous ne voulions pas d'un outil structurant avec des règles impératives. » Surtout, dans la chimie, la structuration des données est particulière Par exemple, clients et fournisseurs peuvent être les mêmes entités : des formatages de données trop rigides et trop génériques étaient donc inappropriés.
PublicitéLe MDM de SAP a donc été écarté car trop structurant et rigide. Il s'agissait également de « sortir » de SAP. Mais Arkema n'avait pas le soucis des nouvelles licences pour l'accès indirect aux données. Au final, même si des experts techniques IT restent disponibles en cas de besoin côté DSI, les métiers ont repris la main sur les données. Mais pourquoi le responsable du projet est le vice-président en charge de la logistique ? « La supply-chain est le premier carrefour de la donnée, avec une vue transverse et métier, au-delà de l'IT qui ne la voit que sous un angle technique et n'a pas la capacité d'en tirer une valeur business » a justifié Jean-Marc Viallatte.
Article rédigé par

Bertrand Lemaire, Rédacteur en chef de CIO
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