Stratégie

Claude Molly-Mitton (USF) : « malgré nos désaccords sur certains points, nos relations avec SAP sont apaisées »

Claude Molly-Mitton, président de l'USF (Utilisateurs SAP Francophones)

Retrouvez cet article dans le CIO FOCUS n°102 !

Le rôle central des DSI même là où on ne l'attend pas

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Claude Molly-Mitton est président de l'USF, le club des Utilisateurs SAP Francophones. Cette association fêtera ses 25 ans à la Convention qui se tiendra à Lyon les 7 et 8 octobre 2015 et qui se projettera sur les dix prochaines années (voire plus). Les relations sont aujourd'hui apaisées entre l'association et l'éditeur SAP malgré des divergences sur des sujets tels que les audits de licence ou les accès indirects. Et la sortie progressive de S/4 Hana est évidemment au coeur de l'actualité du club.

PublicitéCIO : Les 7 et 8 octobre 2015, l'USF fêtera ses vingt-cinq ans lors de sa Convention annuelle à Lyon. Pourquoi avoir choisi le thème du Monde Digital 2015-2025 ?

Claude Molly-Mitton : Nous profitons de nos vingt-cinq ans pour nous projeter un peu en avant. Mais la date de 2025 n'est pas du tout innocente pour les utilisateurs de SAP !
En effet, cette année-là est la dernière de la garantie que l'éditeur assurera pour la maintenance de SAP Business Suite 7, notamment SAP ERP 6.0. Par conséquent, c'est aussi un clin d'oeil... Nous en profiterons pour essayer de voir ce qui pourrait se passer dans les systèmes d'information dans le monde.
Mais, comme d'habitude, avec nos conférenciers en plénières, nous pourrons aller bien au delà à la fois des systèmes d'information et de la date de 2025. Nous aurons ainsi les interventions de l'économiste Elie Cohen, du physicien-philosophe Etienne Klein, du chirurgien-entrepreneur Laurent Alexandre, de l'économiste-éditorialiste Nicolas Baverez avec qui nous ferons de l'économie-fiction à l'échéance 2040, de l'avocat Yves Bismuth... et sans oublier Igor et Grichka Bogdanoff.

CIO : 2025, c'est demain pour un architecte IT...

Claude Molly-Mitton : Tout à fait. Et si l'effort de migration de SAP Business Suite vers S/4 Hana est similaire à celui pour passer de SAP Business Suite à un autre PGI (Microsoft, Oracle...), les cartes du marché seront forcément rebattues.
Rappelons que, selon l'enquête que nous avons menée parmi les utilisateurs SAP, 60% ne veulent pas migrer vers un progiciel concurrent parce que ce serait long et coûteux mais cependant parfaitement possible et envisageable. Ce n'est pas envisageable seulement pour 17% !

CIO : Ce sujet sera-t-il abordé dans les ateliers ou les plénières de la Convention ?

Claude Molly-Mitton : Pas directement mais des intervenants venus du siège de SAP viendront présenter en plénière la feuille de route des différents produits SAP.
De plus, nous disposons d'un groupe de travail sur S/4 Hana depuis Janvier qui sera bien sûr présent. En plus du travail opéré au sein de la Commission Base de Données, ce groupe de travail est, lui, dédié à l'offre en construction S/4 Hana (sur les plans technologiques et organisation). Il est rattaché à la Commission Gouvernance afin de marquer le caractère stratégique du sujet. Pour l'heure, ce groupe opère via un forum et sans réunion physique.
Pour leur part, nos ateliers resteront classiques pour la plupart, à base de témoignages d'entreprises au sujet de leurs projets.
Nous aurons cependant un atelier un peu particulier réalisé en partenariat avec l'INSA Lyon. Cette école d'ingénieurs sera bien sûr présente au Village des Ecoles dans l'espace d'exposition. Mais deux de ses étudiants viendront témoigner en atelier sur un stage réalisé dans un environnement SAP. Travailler sur un PGI est moins sexy et moins couru que développer des jeux vidéos ou faire un stage chez Google mais, pourtant, il y a nettement plus de travail, à la sortie de l'école, autour de SAP.
L'INSA Lyon viendra aussi présenter ses travaux de recherche sur l'alignement et l'agilité des SI et notamment des PGI.

PublicitéCIO : Quels seront les autres sujets chauds abordés lors de la Convention ?

Claude Molly-Mitton : Outre une nouvelle note de perspective sur Hana, nous publierons une note de perspective sur les accès indirects à SAP, c'est à dire le fait d'utiliser une application tierce pour consulter ou interagir avec le coeur SAP. Cette application possède par définition un certain nombre d'utilisateurs n'ayant pas d'accès direct à SAP. Et ce sujet est un gros sujet de friction et de désaccord avec l'éditeur.
Nous l'aborderons d'ailleurs longuement lors d'une conférence de presse organisée durant la pause des ateliers le premier jour de la convention.

CIO : Comment sont aujourd'hui vos relations avec SAP ?

Claude Molly-Mitton : Apaisées ! Notre approche est désormais de bien séparer les sujets et de formaliser accords et désaccords. Cela évite de voir des points sans conflits pollués par des tensions venues d'autres sujets.
Par exemple, nous travaillons bien ensemble sur des sujets techniques. Il n'y a pas alors de pertinence à parler d'accord ou de désaccord. Il est souvent nécessaire de clarifier, de donner une grille de lecture aux membres de l'USF. Le document en Français pour comprendre la politique tarifaire de l'éditeur en est un bon exemple et il porte les deux logos de SAP et de l'USF.... mais nous avons pris bien soin de ne pas y inclure le sujet des accès indirects, qui sera traité par ailleurs de façon bien moins consensuelle !

CIO : Mais il y a des sujets plus chauds...

Claude Molly-Mitton : Nous avons notamment des désaccords sur les accès indirects.
Et de nombreux audits de licences continuent de mal se passer d'après les retours issus de nos adhérents. Nous n'avons pas encore de travail formel pour améliorer les procédures d'audit de licences mais cela devrait venir très prochainement. On ne peut pas faire que râler. Il nous faut aussi proposer et conseiller des bonnes pratiques en amont à nos membres afin d'essayer de réduire le risque de problèmes. Il faudra aussi bien les conseiller quand il peuvent dire « non » à SAP face à certaines demandes injustifiées dans le cadre de ces audits...

CIO : Au delà, quels sont les sujets d'avenir pour l'USF ?

Claude Molly-Mitton : S/4 Hana bien sûr. Nous voulons répondre à de nombreuses questions. Pourquoi migrer ? Pour quels avantages ? Pour quelle création de valeur ? Pour quel coût ? Quelle est la lourdeur du projet ? Le sujet est vaste et hautement stratégique mais comme nous l'avons déjà indiqué le contour de l'offre S/4 HANA reste encore bien trop flou (licences, roadmap, effort de migration) pour prendre une position tranchée en l'état.
Et chaque commission a évidemment ses sujets métiers ou techniques propres.

En savoir plus

- La Convention USF 2015 sur l'agenda CIO
- Le site de la Convention USF 2015

A propos de l'USF et de la Convention 2015
L'USF (Utilisateurs SAP Francophones) est animée par 65 responsables bénévoles et est auto-financée en totale indépendance de l'éditeur SAP. L'association réunit 3000 individus issus de 450 organisations membres, dont 73% du CAC 40, 62% du SBF 120 et une cinquantaine d'administrations.
Fondée le 28 septembre 1989, l'association est le deuxième plus vieux club d'utilisateurs SAP dans le monde, créé juste après le VNSG aux Pays-Bas et avant le club allemand. Elle comprend 67 commissions, groupes de travail et groupes régionaux à l'origine de plus de 120 réunions physiques par an. La participation à ces réunions physiques s'est accrue de 58% sur ces 4 dernières années et de 17% rien que sur le premier semestre 2015 ! Les groupes régionaux permettent à des ETI d'adhérer à l'USF sans avoir à envoyer des représentants à Paris pour bénéficier des réunions.
De plus, l'association publie de nombreux livres blancs et notes diverses (au moins un document de référence tous les deux mois). Ces documents apportent de la valeur aux adhérents n'ayant pas le temps de participer aux réunions physiques. Enfin, l'association est reliée aux autres clubs d'utilisateurs SAP dans le monde au travers du SUGEN (SAP User-Group Executive Network).
Evénement majeur annuel de l'association, la Convention s'appuie sur, cette année, 86 partenaires exposants (dont SAP) et comprend 70 ateliers de retours d'expérience clients et 7 conférences plénières. Plus de 1 700 visiteurs cumulés sont habituellement présents sur les 2 jours de l'événement. Une soirée festive permettra de célébrer dignement le quart de siècle de l'association.
L'édition 2015 se situant à Lyon, le nombre de participants devrait être particulièrement élevé. A noter la présence de l'ADIRA (Association pour le Développement de l'Informatique en Rhône-Alpes) qui sera représentée à la Convention de l'USF par son président Yves Bismuth. Par ailleurs, l'ADIRA est partenaire de l'IT Tour organisé par Le Monde Informatique.
L'autre grand événement annuel de l'USF est son Printemps auquel est associée l'Assemblée Générale. Il est donc réservé aux seuls adhérents contrairement à la convention qui est accessible à tous.