Travailler autrement : le télétravail nécessite un cadre réglementaire et structurel précis


Travailler Autrement
Le DSI est un acteur de la transformation de la vie quotidienne dans l'entreprise. Cette certitude est particulièrement démontrée par l'apparition des nouvelles formes de travail rendues possibles par les technologies numériques.Collaboration, télétravail, nomadisme... Toutes ces nouvelles manières...
DécouvrirCIO a organisé le 9 mai 2015 à Paris une Matinée Stratégique sur Travailler Autrement. Eric Couté et Damien Martayan, respectivement chargés du télétravail et de la mobilité chez Renault, y ont apporté leur témoignage sur la mise en place des stratégies de télétravail et de mobilité dans leur entreprise.
PublicitéComptant parmi les plus grandes entreprises françaises, Renault a aujourd'hui fait un grand pas vers le télétravail. « Cela a commencé en 2005 avec un programme baptisé travailler autrement dont une des mesures portait sur le télétravail à domicile », raconte Éric Couté, référent télétravail du constructeur. Au côté de Damien Martayan, chef de service poste de travail et mobilité de cette même entreprise, il est venu témoigner lors de la matinée CIO « travailler autrement », le 9 juin 2015 à Paris.
Pour le télétravail, tout a ainsi débuté par un accord cadre d'entreprise signé dès janvier 2007. Il ouvrait à tous la possibilité de déposer une demande de télétravail. « Tout est basé sur le volontariat, ce n'est en aucun cas l'entreprise qui pousse ses salariés en dehors de ses murs », précise Éric Couté.
En outre la démarche est largement structurée. Elle repose sur des analyses, par exemple sur la capacité du salarié à travailler de chez lui, et des échanges avec la hiérarchie pour établir un cadre clair et précis. « Ces modalités sont ensuite reprises dans un avenant au contrat de travail après vérification de prérequis techniques au domicile du salarié », ajoute le référent. Figurent dans cet avenant les horaires et les jours de télétravail (entre 1 et 4 jours par semaine). « Il y a un principe majeur dans le télétravail, c'est celui de la réciprocité », ajoute Éric Couté. Selon lui, travailler de chez soi n'est pas une solution ad vitam aeternam, le salarié doit pouvoir revenir sur sa décision si elle ne correspond plus à ses besoins.
30 000 personnes éligibles en France
Bien évidemment, le télétravail chez Renault ne peut concerner l'ensemble des salariés, ceux qui sont sur les chaines de montage auraient bien du mal à faire leur travail de chez eux. « Nous sommes en train d'y réfléchir mais la tache semble compliquée », confirme Eric Couté. En tout, Renault compte 80 000 postes de travail, hors postes industriels, qui peuvent faire l'objet de télétravail. « En France, c'est 30 000 personnes qui sont concernées », explique Damien Martayan, chef de service poste de travail du constructeur. « Depuis l'origine, il y une dynamique soutenue de migration vers le télétravail. En mars nous avons passé le cap du deux millième télétravailleur, soit 13% de la population éligible », explique Éric Couté. La majorité d'entre eux se trouve en région Île-de-France.
Sur le plan qualitatif, il faut savoir que tant les managers que les télétravailleurs s'accordent sur les apports significatifs de cette méthode. « Ils portent notamment sur l'amélioration des conditions de travail, l'équilibre entre la vie professionnelle et privée mais aussi sur la performance, l'efficacité et la motivation », ajoute le référent. Il explique égalemment que l'adoption du télétravail est a peu près paritaire entre les hommes et femmes ainsi qu'entre les cadres et les ETAM. « En 2014, le télétravail a permis une économie de 11 millions de kilomètres parcourus », ajoute Eric Couté.
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Des managers rassurés
Comme dit plus haut, les managers, pourtant les plus réticents quant à l'adoption de la démarche de télétravail, y trouvent aussi leur compte. L'effet « si je ne l'ai pas sous les yeux comment voulez-vous que je le surveille », semble avoir été gommé. « Nous ne sommes pas dans une logique de temps travaillé mais d'objectifs. Il y a des choses à produire. C'est ça que les managers regardent », explique Eric Couté. D'après les retours que lui font ces derniers, il semble que les télétravailleurs soient même plus productifs.
« Nous devons aujourd'hui nous assurer qu'ils ne travaillent pas trop chez eux », enchérit le référent. En outre, il reconnaît qu'il y a toujours des managers réticents mais aussi de plus en plus d'autres qui se rendent compte que le télétravail est bénéfique. « Il y en a même qui sont en télétravail », poursuit Éric Couté.
Mais le télétravail n'est pas le seul enjeu du travail ubiquitaire, il est aussi question de mobilité. « C'est quelque chose qui est tiré par les salariés qui sont très demandeurs », lance Damien Martayan. Aujourd'hui, Renault offre trois possibilités à ses collaborateurs en fonction de ses droits et de ses outils.
« la première possibilité concerne un certain nombre de personnes dans l'entreprise qui peuvent avoir un téléphone et une carte SIM de la société, soit environ 6000 personnes, principalement des cadres et des managers », explique le chef de service. Dans un autre cas, les salariés peuvent profiter d'une stratégie 100% BYOD. « Ils n'ont qu'à apporter leur mobile et leur ordinateur portable pour que nous y installions un système de conteneurs pour les applications de l'entreprise », déclare Damien Martayan. Entre les deux, il y a les collaborateurs qui font le choix du SIM Only. Ils ont accès à une puce fournie par Renault qu'ils placent dans leur téléphone personnel.
Le BYOD a aussi son mot a dire
Le succès auprès des équipes est total. « Cette transformation a été faite à leur demande. En 2012, nous avions des collaborateurs qui avait bidouillé leur téléphone personnel pour y recevoir leurs mails professionnels », raconte Damien Martayan. En outre, les responsables de la manipulation avait partagé le process sur le RSE permettant à un millier de personnes de faire de même. Le RSSI en a eu des sueurs froides.
« Toutefois, nous ne pouvions plus couper l'accès aux mails car la solution s'était généralisée chez les VIP. Nous avons décidé de l'encadrer chez les pirates et d'ensuite le proposer aux autres », raconte le chef de service. Là encore toute cette démarche passe par les managers sur une base de volontariat. Aujourd'hui 6000 personnes dans le monde sont passées au BYOD.
Article rédigé par

Oscar Barthe, Journaliste
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