Management

Transformation du travail : Les grandes entreprises poussent au conformisme

Transformation du travail : Les grandes entreprises poussent au conformisme
La conférence « Travailler Autrement » s'est déroulée dans le Centre d'Affaires Paris Tracadéro le 9 juin 2015. Photo : Bruno Levy
Retrouvez cet article dans le CIO FOCUS n°101 !
Travailler Autrement

Travailler Autrement

Le DSI est un acteur de la transformation de la vie quotidienne dans l'entreprise. Cette certitude est particulièrement démontrée par l'apparition des nouvelles formes de travail rendues possibles par les technologies numériques.Collaboration, télétravail, nomadisme... Toutes ces nouvelles manières...

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CIO a organisé le 9 juin 2015 une Matinée Stratégique sur Travailler Autrement à Paris. Renaud Cornu-Emieux y a apporté son témoignage sur la transformation indirecte induite par le numérique.

PublicitéLe numérique transforme le travail directement, c'est évident. Mais c'est sur les nouvelles pratiques que Renaud Cornu-Emieux, titulaire de la chaire Digital Native de l'EM Grenoble et auteur d'ouvrages souhaitait se concentrer lors de la Matinéé Stratégique CIO « Travailler autrement », le 9 juin 2015. Il voulait surtout montrer comment ces nouvelles pratiques impactent indirectement le travail.

« Il y a de nouveaux modèles économiques qui se mettent en place, portés par les innovations technologiques de ces dernières années. Michelin, par exemple, ne vend plus des pneus mais des kilomètres parcourus. C'est la transformation d'une entité qui, avant, produisait en une entité qui, maintenant, fournit des services », relève le chercheur. Il rappelle qu'un tel changement dans le produit induit forcément un changement dans le travail.

Il s'interroge également sur le cas d'Essilor : « Si dans cinq ans, n'importe qui peut imprimer ses verres de lunette avec une imprimante 3D, quelle sera son modèle économique ? ». Mais selon lui, tous les secteurs ne sont pas égaux devant ces transformations des modèles « Alors que dans la distribution musicale, la tempête est déjà passée et a laissé des acteurs au fond de l'eau, l'industrie minière ne devrait pas connaître d'évolution majeure de son business model dans les années à venir », illustre Renaud Cornu-Emieux. Mais entre ces deux extrémités, tout n'est pas rose, d'où l'intérêt de se pencher sur les usages.

« Il y a deux ans, le Gartner prédisait qu'en 2016-2017, 75% de l'innovation en BtoC viendrait des clients via du collaboratif et les réseaux. Et cela aussi impacte le travail », lance l'expert. En effet, les équipes de R&D qui travaillaient avant en cercle fermé sont maintenant beaucoup plus ouvertes sur le monde.
Le Marketing n'est pas non plus épargné, tout comme les RH. « Si nous tirons un peu les ficelles, nous nous rendons compte que chaque secteur de l'entreprise est impacté par ces nouvelles façons de faire », déclare l'enseignant-chercheur.
L'industrie du logiciel subit aussi un impact. L'époque ou les éditeurs vendaient des logiciels en boite avec de juteux contrats de maintenance et d'intégration a laissé place au SaaS. « Si cela n'a pas transformé le métier d'éditeur, qu'est-ce qui le transformera ? », interroge-t-il. Tout cela implique un choc aussi sur les écosystèmes.

Les nouveaux barbares

« Il y a beaucoup d'entreprises classiques qui font ce constat d'une évolution très rapide et qui ne pensent pas pouvoir la mener seul en interne. Elles essaient donc d'interagir avec des start-up ou des entreprises en hyper croissance », explique Renaud Cornu-Emieux. Il juge pour l'instant la démarche un peu désordonnée. Aujourd'hui, des entités se créent pour mettre en relation ces grands groupes et les entreprises capables de leur apporter cette transformation.

PublicitéIl pointe également l'arrivée de nouveaux concurrents. Il appuie notamment sur le terme des « nouveaux barbares » : « Chez les Grecques, à l'origine, barbare signifie celui dont on ne comprend pas le langage ». Les Uber, Tesla, Booking.com, sont bien des entreprises qui ont changé la mise en place des offres. Ils ont clairement apporté une façon de faire différente qui a pu laisser perplexe leurs opposants.

Enfin, le management est également entrainé dans cette spirale. « Il y a sur ce point énormément d'évolutions », lance Renaud Cornu-Emieux. Ce qui est sûr et certain, c'est que le management pyramidal est complètement antinomique avec les nouvelles notions de collaboration. « Aujourd'hui, les équipes interagissent entre elle sans tenir au courant leur hiérarchie. Alors qu'avant, l'organisation pyramidale servait à faire transiter l'information nécessaire à la réalisation des travaux, l'information est aujourd'hui disponible pour tout le monde, ce qui la rend caduc », expose l'expert. L'entrée de la génération Y dans l'entreprise n'apporte toutefois pas le coup de fouet escompté. « Dans une étude menée avec l'EM Grenoble, nous nous sommes rendu compte que les grandes entreprises poussaient au conformisme », raconte Renaud Cornu-Emieux.

Une génération Y recadrée par les entreprises

Elle révèle qu'un jeune qui rentre dans une société, en moins de six mois, a pris tous ses codes. « Il est autant génération Y qu'une personne de 50 ans », déplore le professeur. Par contre, dès qu'il en ressort il reprend ses marques. Il y a moins de différence entre un quinquagénaire qui monte une start-up et quelqu'un de 20 ans dans la même situation qu'entre ce même quinquagénaire et un jeune qui rentre dans une grande entreprise. «
C'est assez inquiétant », fait remarquer Renaud Cornu-Emieux.

Malgré cela, le numérique transforme donc tout et indirectement les manières de travailler. « Ce sujet de la transformation est une composante du travail. Les entreprises cherchent aujourd'hui des profils et des gens capables de conduire ces démarches de transformation », conclut Renaud Cornu-Emieux.

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