Management

Six tendances managériales à suivre et six à fuir

Six tendances managériales à suivre et six à fuir
Joe Weider, CTO de Lincoln Financial Group, invite les DSI à être des agents de l’innovation de rupture.

La pandémie a considérablement modifié ce qui constitue un management efficace dans l'informatique d'aujourd'hui, les processus et la politique laissant la place à une concentration intentionnelle sur la constitution d'équipes solides, engagées et axées sur les objectifs. CIO Etats-Unis a interrogé des DSI sur les tendances à suivre et celles à éviter.

PublicitéJusqu'à récemment, si vous demandiez aux décideurs IT quelles étaient les tendances en matière de management, ils indiquaient souvent l'alignement de la transformation numérique sur la stratégie de l'entreprise. Cela a changé. En partie motivés par les effets durables de la pandémie, les décideurs IT tournés vers l'avenir se penchent sur des modèles de management axés sur l'équipe et qui aident à attirer, diversifier et retenir les meilleurs talents. CIO Etats-Unis est allé à la rencontre de DSI pour connaître leurs recommandations.

Les responsables informatiques interrogés ont souligné la nécessité d'adopter de nouvelles façons de penser la gestion d'équipe pour réussir dans une organisation professionnelle de plus en plus virtuelle. Le développement professionnel est toujours essentiel, disent-ils, mais son perfectionnement est plus varié - et les objectifs plus inclusifs - qu'auparavant.

En revanche, le management descendant est tombé en disgrâce, selon les responsables informatiques interrogés, alors que les organisations font face à une main-d'oeuvre changeante et autonome qui exige un équilibre travail / vie personnelle et un droit à la déconnexion tout en excellant dans la création de valeur économique et d'opportunités de développement.

Tendance à suivre : diriger avec un objectif

Anjali Shaikh, responsable du programme dédié aux CIO du cabinet Deloitte, affirme que les managers modernes dirigent en obtenant l'adhésion à leur vision plutôt qu'en utilisant l'autorité du poste.

« Les DSI et les décideurs IT qui réussiront feront preuve d'un leadership axé sur les objectifs », déclare Anjali Shaikh, « en alignant l'organisation informatique et la stratégie technologique sur une mission et des valeurs fondamentales auxquelles les clients, les financeurs et les talents croient et soutiennent. Ils doivent créer une culture technologique et faire en sorte que les collaborateurs soient motivés et focalisés sur la manière dont l'IT contribue à la mission et au but de l'organisation dans son ensemble. »

Tendance à éviter : leadership autoritaire

Alex Budak, professeur à la Haas School of Business à Berkeley et auteur de « Becoming a Changemaker » [Devenir un créateur de changement], est d'accord avec Anjali Shaikh de Deloitte sur le fait qu'il est inadéquat d'utiliser votre autorité formelle pour faire avancer les choses.

« C'est lié à l'importance croissante de la capacité d'un leader à influencer sans autorité », déclare Alex Budak. « Cela signifie s'appuyer sur la persuasion, la passion et un sens de l'objectif pour convaincre les autres de se joindre à vous. Utiliser l'autorité hiérarchique pour dire à quelqu'un ce qu'il doit faire peut sembler plus simple, mais il est moins susceptible d'être durable que d'engager réellement les autres à faire partie de votre vision. »

PublicitéSteve Taczal, vice-président des services chez Electric, reconnaît que la structure classique de la chaîne de commandement est nécessaire pour l'auditabilité et les rapports d'activité, mais c'est en cours de changement dans le nouvel environnement de travail hybride.

« En tant que leader, il n'est pas nécessaire de se positionner dans un bureau virtuel de chef pour établir une hiérarchie car cela devient une chose du passé », juge Steve Taczal. « Un leader virtuel doit être très présent au quotidien aux côtés de son équipe et peut faire ses preuves à distance non pas par son titre, mais par sa disponibilité, son ouverture et sa volonté d'intervenir où et quand cela est nécessaire pour aider son équipe à accomplir la mission."

Tendance à suivre : la diversité grâce à l'amélioration des compétences

L'amélioration des compétences - en particulier pour les compétences générales et comportementales [soft skills] - est cruciale dans le paysage technologique en constante évolution d'aujourd'hui selon Apratim Purakayastha, directeur technique chez Skillsoft.

« La direction informatique doit anticiper les changements et préparer les équipes en amont pour éviter d'immenses perturbations et frustrations, ainsi qu'une perte d'avantage concurrentiel », avertit Apratim Purakayastha. « Les responsables informatiques doivent envisager le développement de manière holistique pour leurs employés, en mettant l'accent sur les compétences essentielles telles que la gestion du travail et des équipes virtuels, la communication, la prise en compte de la diversité, de l'équité et de l'inclusion. À mesure que la main-d'oeuvre devient plus distribuée et diversifiée, ces compétences deviennent essentielles pour réussir. »

Tendance à éviter : mettre l'accent sur le processus plutôt que sur les résultats

Certaines organisations en sont venues à trop s'appuyer sur des méthodologies et des cadres tels que la gestion de projet agile, au point que le processus a pris le pas sur l'obtention de résultats, affirme Michael Bradshaw, CIO chez Kyndryl.

« La gestion agile a débordé et, dans certaines organisations, j'ai vu que cela commençait à créer une boucle auto-réalisatrice sans finalité », s'offusque Michael Bradshaw. « Pas de prise de décision claire. Pas de résultats clairs pour les clients. La direction doit avoir une feuille de route, aussi imparfaite soit-elle. Les équipes ont besoin d'une vision à long terme de l'objectif à atteindre afin de continuer à fournir des services vitaux et anticipatifs pour servir la stratégie de leur entreprise. »

Tendance à suivre : se concentrer sur l'expérience des employés

Les décideurs IT commettent une erreur en laissant l'expérience employés en bas de leurs priorités selon Robert Grazioli, CIO chez Ivanti.

« Parfois, les comités exécutifs dévalorisent l'expérience employés en faveur de ce qui est le mieux pour le résultat net à court terme et c'est pourquoi l'informatique doit être le gardien des bonnes pratiques », relève Robert Grazioli. « Parce que dans un monde axé sur le numérique, la façon dont les employés interagissent avec la technologie et leur satisfaction à l'égard de cette expérience est directement liée à leur succès et à la valeur qu'ils apportent à l'organisation. L'incapacité à réaliser ce changement d'état d'esprit se répercutera sur les résultats de l'entreprise. »

Tendance à éviter  : s'attendre à ce que les employés soient toujours actifs

Vicky Thomas, vice-présidente produits chez Clockwise, regrette que, malgré le fait que les employés aient besoin de temps de pause, les outils de collaboration connectés et les appareils mobiles maintiennent les travailleurs liés de manière malsaine au bureau, invitant à l'épuisement professionnel et nuisant, au final, aux profits de l'entreprise.

« Le concept de connexion et de productivité permanentes est devenu obsolète », déclare Vicky Thomas. « Cela conduit à une fuite en avant, un cercle vicieux dans lequel nous ne pourrons jamais tout faire. Cependant, je crois que nous commençons enfin à voir les coûts à long terme que cela peut avoir sur nous-mêmes, nos coéquipiers et nos organisations. Les gens s'épuisent vraiment, ce qui nous rend moins motivés et plus désenchantés par notre travail. Les responsables informatiques doivent travailler activement à établir des limites claires tout en construisant consciemment une culture qui les respecte. »

Tendance à suivre : embrasser la curiosité

Vous pouvez améliorer la qualité de votre leadership, aller plus vite et voir une valeur économique accrue en dirigeant plus comme un coach que comme un manager, recommande Rajesh Jethwa, directeur techniquee chez Digiterre.

« Les bons managers adoptent des méthodes de travail moins directives et tentent de poser plus de questions plutôt que de fournir des conseils ou des réponses », déclare Rajesh Jethwa. « Cela a émergé avec le concept de leader-coach, où le leader pose des questions d'approfondissement pour permettre à ses collaborateurs d'acquérir des compétences par eux-mêmes. Le management basé sur le service à rendre et celui centré sur l'objectif à atteindre ont toujours leurs avantages pour que la voie à suivre soit plus claire pour toutes les parties, mais le leader-coach reconnaît la nécessité pour les leaders de construire une véritable organisation apprenante autour d'eux.

Tendance à éviter : la vie bureau traditionnelle

Les informaticiens ont besoin de flexibilité pour réussir et les dirigeants qui adoptent cette flexibilité sont également plus susceptibles de réussir, rapporte Apratim Purakayastha de Skillsoft.

« Devoir aller au bureau tous les jours est clairement en disgrâce », affirme-t-il. « Les informaticiens veulent une flexibilité qui leur permette de séparer le travail du lieu de travail, mais qui encourage toujours les réunions en face à face pour les liens sociaux et les interactions fluides comme les sessions de conception. Et les dirigeants qui donnent la priorité à 100 % de productivité mesurable sur les projets auront du mal à retenir les talents. Le temps productif doit être entrecoupé de temps créatif afin que les informaticiens puissent innover de manière organique et préparer l'entreprise aux bouleversements. »

Tendance à suivre : être en soutien à vos collaborateurs

Michael Bradshaw, de Kyndryl, affirme que la rémunération ne permet pas d'attirer et de retenir les talents. Il soutient que les leaders technologiques doivent se concentrer sur un état d'esprit de croissance pour réussir.

« Nous investissons dans les compétences et le développement des employés », affirme Michael Bradshaw. « Mais le développement au quotidien des talents ne relève pas de programmes fantaisistes, il s'agit de relations inter-individuelles honnêtes et de discussions sur comment et vers quoi les employés veulent progresser. En fin de compte, les employés doivent savoir que nous les soutenons et que nous travaillerons avec eux pour les aider à planifier leur avenir. »

Sarah Cornell, directrice générale de la stratégie et de l'architecture technologiques chez Protiviti, plaide pour une structure d'équipe transverse plus collaborative qui accueille avec enthousiasmes les remarques et offre de la flexibilité.

« Avec la concurrence accrue sur le marché du travail, les entreprises offrant un lieu de travail flexible et inclusif, avec la possibilité pour les employés de se perfectionner, améliorent leurs chances d'attirer des talents pour construire et maintenir une culture de l'innovation », martèle Sarah Cornell.

« L'équilibre travail-vie personnelle et le bien-être de vos employés commencent à l'emporter sur le lieu de travail, ce qui finit par créer une organisation plus loyale et plus productive », déclare pour sa part Steve Taczala d'Electric. « La relation manager/employé devient beaucoup moins formelle aujourd'hui et est davantage considérée comme un partenariat au sein de la dynamique d'équipe, où le leadership travaille davantage aux côtés de l'équipe au lieu de l'équipe travaillant pour le leader. »

Tendance à éviter : se concentrer sur le back-office

Anjali Shaikh de Deloitte affirme que les décideurs IT doivent se pencher sur la façon dont leur travail facilite la transformation numérique de leur organisation et donne un sens au travail de à leurs collaborateurs. Et cela ne peut pas arriver en se concentrant uniquement sur les besoins quotidiens.

« Si vous êtes un CIO et que vous vous concentrez uniquement sur les opérations de back-office, vous assurez la sécurité et le bon fonctionnement de votre entreprise », constate Anjali Shaikh, « mais vous n'alignez pas nécessairement le travail de votre équipe sur un objectif commun au bénéfice de l'organisation ou vous ne développez pas le plein potentiel et la valeur de ce que la technologie peut générer en impact. »

Tendance à suivre : bouleverser le statu quo

Joe Weider, directeur de la technologie chez Lincoln Financial Group, affirme que les décideurs IT peuvent se reposer sur leurs lauriers trop longtemps, ce qui prépare l'organisation à être dépassée par ses concurrents.

« Aujourd'hui, les dirigeants doivent devenir si mal à l'aise de rester immobiles qu'ils se demandent constamment ce qu'eux-mêmes ou leurs organisations peuvent faire mieux ou différemment », déclare Joe Weider. « Soyez un perturbateur. Si vous ne poussez pas votre équipe à être dans une course pour battre vos concurrents, vous serez laissé pour compte. Les jeunes talents technologiques d'aujourd'hui sont brillants, ils poussent plus loin que jamais la norme de l'expérience et des attentes technologiques.

Joe Weider décrit un perturbateur qui réussit comme un « agent de transformation holistique », un leader dont la vision de l'avenir et les plans avancés en matière de technologie ont un impact sur l'ensemble de l'organisation.

« Nous avons tous entendu qu'il fallait que l'on soit un agent du changement et nous avons tous vécu la transformation numérique », constate-t-il. « Être un agent de transformation holistique nécessite que les dirigeants inspirent chacun à participer activement à la construction de l'avenir de votre entreprise. Vos employés à tous les niveaux de l'organisation, vos parties prenantes et vos clients sont essentiels pour informer les systèmes et les capacités qui permettront à votre entreprise de suivre le rythme et de se développer avec l'évolution du marché. »

Tendance à éviter : le micromanagement

Le travail à distance qui a décollé pendant la pandémie a bouleversé la vie de bureau traditionnelle de manière positive, offrant plus de créativité et de liberté aux informaticiens. Et ces professionnels de la technologie veulent que ces gains se poursuivent à l'avenir, selon Steve Taczala d'Electric.

« Le leadership informatique devra poursuivre sa transformation afin d'accompagner la façon dont nous travaillons et collaborons à distance pour devenir plus flexible que jamais », a-t-il suggéré. « Ils n'ont plus besoin de tout contrôler dans un cadre de travail à distance, comme les tête-à-tête forcés, les caméras obligatoires allumées, les appels nominaux... trouver l'équilibre sera la clé. Il est plus important que jamais de se concentrer sur le bien-être tout en trouvant le bon rythme opérationnel qui gardera les équipes sous tension et évitera l'épuisement professionnel. Rien de tout cela ne nécessitera d'abaisser les attentes en matière d'excellence. Au contraire, fixer des objectifs axés sur les résultats permet d'élever le niveau de performance attendue et de réussir à l'atteindre. »

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