Six stratégies pour éviter la dépendance aux fournisseurs de Cloud


50 bonnes pratiques à suivre ou erreurs à éviter
CIO Etats-Unis a réalisé des listes d'erreurs à ne pas commettre et de bonnes pratiques à suivre que nous avons relayées en Français dans nos colonnes. Nous vous proposons ici d'en retrouver une sélection. Nous espérons que ce florilège saura vous guider au quotidien.
DécouvrirLaisser planer un risque crédible de défection peut aider les entreprises à négocier des tarifs compétitifs avec les fournisseurs, tout en évitant les relations qui se dégradent au film du temps, comme le montrent ces conseils recueillis par nos confrères de CIO Etats-Unis.
PublicitéDans un monde des affaires idéal, les entreprises forgeraient des partenariats stratégiques avec leurs fournisseurs de Cloud, et ceux-ci conduiraient toutes les parties prenantes à la prospérité.
Cependant, la réalité ne fonctionne pas toujours sur ce modèle. Les choses évoluent avec le temps, et bien souvent, la relation entre le client et son fournisseur de Cloud ne suit pas. Peut-être aussi que les coûts ne sont pas en phase avec le budget initialement prévu, ou que la qualité de service n'est pas celle qui était promise.
Quelles que puissent être les raisons, il peut venir un temps où une organisation a besoin de se séparer de son fournisseur de Cloud, en particulier quand il s'agit d'offres SaaS (Software-as-a-Service). Il est important de conserver la flexibilité nécessaire pour pouvoir le faire le temps venu sans conséquences trop lourdes pour l'entreprise.
De ce fait, les entreprises ont intérêt à adopter une stratégie dans laquelle elles ne semblent jamais acquises en tant que clients. Par exemple, elles doivent éviter de se retrouver dépendantes d'un seul fournisseur et laisser la porte ouverte à d'autres options, si jamais les termes du contrat n'étaient plus alignés sur leurs objectifs.
Cette stratégie ne signifie pas qu'il faudra automatiquement rompre avec le fournisseur de Cloud à un moment donné. Mais elle permet de garder une porte ouverte si jamais les choses tournent mal.
Voici quelques suggestions sur la manière de créer et de mettre en oeuvre ce type de stratégie.
1. Privilégier la flexibilité et la portabilité dès la conception
« Il est essentiel de conserver des données et des applications faciles à migrer », estime Merim Becirovic, directeur général de l'infrastructure et du Cloud au sein de la DSI d'Accenture. La société de conseil et de services IT a opéré une transformation numérique à l'échelle du groupe, et le Cloud a été un élément essentiel de cette stratégie, selon Merim Becirovic. A l'heure actuelle, 95% de l'infrastructure d'Accenture est dans le Cloud.
« Avoir été aussi loin nous permet de privilégier des solutions natives pour le Cloud », précise Merim Becirovic. « Notre équipe a mis en place un processus pour gérer et intégrer en permanence des outils natifs pour le Cloud, sécurisés et standardisés, que les applications peuvent provisionner et consommer. » A date, « plus de 70 services natifs pour le Cloud sont proposés dans ce contexte », indique Merim Becirovic.
Utiliser des standards open source pour écrire du code est une façon de prévenir la dépendance aux fournisseurs. « En fonction du service utilisé, cette approche permet de réduire le coût du refactoring nécessaire pour utiliser un service natif d'un autre fournisseur, similaire en termes de fonctionnalités », explique Merim Becirovic.
Publicité« Maintenir la portabilité est plus facile à dire qu'à faire », relève Robert Walden, DSI du fournisseur de services IT Epsilon. La société fait un usage intensif des services cloud publics, à la fois dans ses offres frontales destinées aux clients et pour ses opérations IT en back-office.
« Plus vous pouvez préserver la portabilité de vos applications, plus vous serez agile le jour où vous devrez changer de fournisseur », affirme Robert Walden. « Certaines solutions sont plus faciles à mettre en conteneurs que d'autres », fait-t-il remarquer. « En réalité, les services cloud totalement portables sont rares, mais rechercher la portabilité chaque fois que c'est possible devrait être une priorité pour les utilisateurs du Cloud. »
2. Planifier l'architecture de façon à éviter le verrouillage
« La dépendance aux fournisseurs est un risque qui doit être anticipé, qu'il s'agisse d'instances cloud ou pas », prévient Charlie Turri, DSI de l'IT People Network (ITPN), autre acteur du conseil et des services IT.
L'ITPN utilise des services cloud pour ses propres besoins et conseille aussi ses clients sur la sélection, la mise en route et la gestion de tels services. En interne, l'entreprise s'appuie sur des fournisseurs de clouds pour la majorité de ses applications, de son infrastructure et de son stockage de données.
Une chose qu'une entreprise peut faire pour adresser cette problématique de verrouillage est d'étudier la mise en place d'une architecture plus découplée.
« Beaucoup d'entreprises reviennent à un niveau d'abstraction moindre et sont familières des machines virtuelles et des conteneurs. Nous travaillons avec nos clients pour descendre aussi bas que possible sur cette échelle », raconte Charlie Turri. « Il y a beaucoup de bonnes raisons à cette approche, et l'une d'elles est de minimiser l'impact du verrouillage. »
Une bonne façon de procéder est de regarder l'architecture globale, et de prévoir un plan qui puisse être mis en oeuvre au moment de migrer vers le Cloud, ou à tout moment si un contrat avec un fournisseur de cloud est déjà en place. « Ce plan détaille la meilleure approche pour minimiser l'impact de chaque type de dépendance », explique Charlie Turri.
« Une autre façon de faire consiste à ajouter une couche d'abstraction pour masquer le fournisseur », décrit Charlie Turri. « Il y a quelques désavantages à cette approche, mais celle-ci peut offrir une réponse viable au risque de verrouillage ». C'est le cas en particulier pour toutes les fonctions serverless incluses dans les offres des fournisseurs de Cloud, qui fonctionnent généralement de la même façon, mais possèdent chacune quelques spécificités.
« Ces différences peuvent être gérées grâce à une couche d'abstraction », explique Charlie Turri. « Nous avons construit un Proof-of-Concept pour montrer que cette approche fonctionne. Les investissements nécessaires pour construire et maintenir cette couche d'abstraction devront cependant être mis en perspective par rapport aux coûts induits par la dépendance à un fournisseur. »
Planifier avec soin l'architecture, soit avant de migrer vers le Cloud, soit avant qu'un service déjà en place ne cesse de fonctionner, permet de diminuer les difficultés associées à cette dépendance. « Faites-en sorte de découpler ou de mettre en place de l'abstraction chaque fois que possible », conseille Charlie Turri. « Moins fort est votre degré de dépendance, mieux c'est. »
3. Choisissez une trajectoire multi-cloud
Les organisations sont de plus en plus nombreuses à créer des environnements multi-cloud, et cela les aide à maintenir une menace de défection plausible si jamais cela se passe mal avec un fournisseur particulier.
« Nous avons choisi de travailler avec plusieurs fournisseurs de clouds pour nos propres charges de travail, à la fois pour montrer la faisabilité des opérations multi-cloud, pour répartir notre risque au sein de l'écosystème et pour nous aider à comparer et à différencier les fournisseurs de services cloud, de façon à pouvoir mieux conseiller nos clients », souligne Merim Becirovic.
Selon Merim Becirovic, la rivalité entre les fournisseurs de clouds est féroce, alors même que les coûts pour fournir des services et des options différentes sont de plus en plus optimisés. « Les clients de ces services, en l'occurrence les entreprises, sont bien placés pour recueillir les bénéfices de cette lutte », ajoute-t-il.
Pour Robert Walden, les organisations doivent faire en sorte d'avoir au moins deux fournisseurs de clouds publics pour le PaaS (Platform-as-a-Service) et le IaaS (Infrastructure-as-a-Service). « Et vous aurez un nombre encore plus grand de fournisseurs de SaaS », complète-t-il.
4. Miser sur des technologies Open Source chaque fois que possible
« L'un des arguments de vente préférés des vendeurs de clouds est la facilité avec laquelle les nouvelles technologies peuvent être testées et mises en oeuvre », observe Nick Wilson, vice-président de la partie TechOps chez GoSpotCheck, fournisseur d'une plateforme destinée aux travailleurs mobiles.
« Cela peut cependant être une lame à double tranchant, si jamais il s'agit de technologies propriétaires », relève Nick Wilson. « La meilleure façon d'éviter le verrouillage est d'utiliser des composants basés sur des technologies Open Source bien connues, et de s'appuyer sur des outils cross-plateformes pour gérer ces composants. »
Par exemple, GoSpotCheck développe sa prochaine génération de services en utilisant des conteneurs hébergés dans Kubernetes. « Tous les fournisseurs de clouds ont leur propre déclinaison de Kubernetes, mais la technologie sous-jacente est Open Source et agnostique en termes de plateforme », explique Nick Wilson. « Cela nous permet ainsi de migrer nos clusters et nos conteneurs ailleurs. »
L'entreprise a construit sa plateforme SaaS nativement pour le Cloud public, en s'appuyant sur des fournisseurs de PaaS comme Heroku et sur des vendeurs de IaaS comme Google et Amazon Web Services, afin de faire fonctionner ses applications Web, l'arrière-plan de ses outils mobiles et des systèmes d'entreposage et d'analyse avancée de données.
5. Mettre à profit les renouvellements de contrats
Pour négocier la sortie d'un contrat existant, le meilleur moment est généralement le renouvellement. « Quand le moment est venu de renouveler un contrat d'entreprise de long-terme avec l'un de nos fournisseurs, nous avons choisi de ne pas le faire, et d'opter à la place pour un paiement à l'usage, au tarif plus élevé », raconte Nick Wilson. « Le fournisseur aurait préféré nous garder sous sa coupe à travers un contrat d'entreprise. Mais cela n'avait pas de sens par rapport à la direction que nous souhaitions donner à notre activité. »
Le fournisseur de cloud a finalement accepté la décision de GoSpotCheck, et les deux entreprises travaillent toujours ensemble, « mais avec une empreinte plus facile à gérer, alors que nous sommes en plein processus de dimensionnement », précise Nick Wilson.
Il y a toujours des compromis quand il s'agit de décider à quel niveau travailler avec un fournisseur de cloud. « Le modèle de paiement à l'usage est bien quand on démarre », affirme Nick Wilson. « Mais en général, il offre les tarifs les moins favorables en échange d'une flexibilité accrue. Quand vous décidez de vous engager dans un contrat à échéance, il est important d'avoir une vision à long-terme des ressources cloud dont vous souhaitez disposer. »
6. Prévoir une issue de secours dès le départ
Cela peut sembler excessivement pessimiste, mais il est prudent d'assumer que les choses puissent mal tourner avec un fournisseur de cloud, et de se préparer à une telle éventualité avant de signer le contrat.
« Vous pouvez éviter les pièges de la dépendance à un fournisseur en pensant à la sortie dès le départ », conseille Charlie Li, vice-président exécutif et directeur du Cloud chez Capgemini Amérique du Nord.
« Concrètement, vous devez vous assurer que votre architecture, vos données et vos processus sont conçus de telle façon qu'ils puissent être reproduits dans de futurs environnements technologiques », détaille Charlie Li. « Quand la portabilité est un probable prérequis, n'utilisez des services cloud de niche, spécifiques à un vendeur, que là où ils apportent de manière indéniable des bénéfices métier et un retour sur investissement justifié, le tout sur un laps de temps n'excédant pas deux à trois ans. »
« N'utilisez pas des services propriétaires des fournisseurs de clouds simplement parce qu'ils sont disponibles », prévient Charlie Li. « Prenez le temps de choisir des outils standards du secteur pour faciliter de futures migrations », suggère-t-il. « Mieux encore, vous pouvez bâtir des opérations cloud prêtes pour l'avenir en faisant un usage intensif des conteneurs, des architectures de micro-services et des interfaces de programmation applicatives (APIs), devenant ainsi indépendant des plateformes. »
Article de Bob Violino / CIO Etats-Unis (Adaptation et traduction par Aurélie Chandèze)
Article rédigé par

La rédaction de CIO Etats-Unis,
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