Pourquoi le Zoo de Beauval a basculé du cloud public au cloud privé


Construire un SI efficient pour le business
Si le système d'information est au service de l'entreprise, il faut aussi qu'il soit capable de répondre à toutes les attentes des métiers, y compris en termes d'agilité et de coûts. Cela peut passer par une adoption de méthodologies (design thinking, méthodes de développement agile...) mais aussi...
DécouvrirIl y a cinq ans, le Zoo de Beauval décidait de structurer son système d'information en recrutant Sylvain Spobar au poste de DSI et en consacrant plus de moyens aux questions informatiques.
PublicitéArrivé en 2016 à la tête du service informatique du Zoo de Beauval à St Aignan (900 espèces et près de 30 000 animaux), Sylvain Spodar a immédiatement été accaparé par une cyberattaque au ransomware sur les postes de travail. Et, en 2017, rebelote avec un troisième incident quelques mois après son arrivée avec l'infiltration d'un rançongiciel sur les serveurs de réservation du parc de loisirs, qui rassemble un zoo, trois hôtels, une résidence hôtelière, des boutiques, et plusieurs restaurants dans la région Centre-Val-de-Loire. « Nous avons restauré les serveurs en quelques heures à partir des sauvegardes mises en place avant les mises à jour comblant les failles de sécurité », nous a expliqué le DSI lors d'un point presse.
« Nous avons commencé à trois, et nous serons une dizaine à la fin de l'année », nous a indiqué le DSI. « La direction nous a donné des moyens pour reconstruire étape par étape, avec pour commencer une remise à niveau du réseau qui exploite la fibre [...] Tous les hôtels sont reliés en fibre, le réseau était important, mais mal géré ». La première étape a été de compléter le coeur de réseau Cisco avec des matériels Netgear, ce qui a engendré des instabilités entre les 2 boucles sur le parc, qui garantissent une redondance en cas de coup de pelleteuse. « Nous avons reconfiguré le réseau avec des stacks de six switchs au lieu de la boucle », a précisé le DSI. Le réseau local a depuis évolué avec une architecture découpée et cloisonnée avec VXLAN « Nous revenons de plus sur Cisco à 100% ». Côté WiFi, le réseau a été uniformisé avec des points relais Ruckus Wireless pour répondre aux besoins des visiteurs (28 000 par jours durant les mois les plus chargés en avril et mai), des employés (400 CDI à 1 100 personnes l'été avec les saisonniers). Le parc s'étend en fait sur 44 hectares dont 20 sont visibles : enclos, zoo et zones techniques.
Un des bâtiments accueillant une des deux salles informatiques du Zoo de Beauval. (Crédit S.L.)
Deux clusters Nutanix
En mars 2018, Sylvain Spodar s'attaque à la consolidation des quatre serveurs physiques exploités pour assurer le bon fonctionnement des logiciels de réservation hôtelière et d'édition de billets. « Nous avons été voir AWS pour migrer nos applications dans le cloud, mais une latence de 18/19 ms était nécessaire pour assurer le bon fonctionnement des solutions de réservation et de billetterie. Le temps de latence était trop important pour afficher le planning de réservation avec 800 à 900 requêtes au chargement. Nous avons donc dû opter pour un plan B avec l'utilisation de Workspace sur AWS pour réduire la latence entre les postes de travail et les applicatifs hébergés sur le cloud dans des VM ». Mais le coût de ces PC virtualisés était trop élevés, le DSI a donc décidé de chercher une solution alternative.
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Une des deux salles informatiques du Zoo de Beauval. (Crédit S.L.)
« Courant 2018, je n'étais pas encore prêt pour le HCI. VMware était trop complexe et je n'avais pas assez de ressources pour le faire. En 2019, j'ai revu le projet avec Nutanix, Dell/VMware et HP. La décision de travailler avec Nutanix a été un choix économique à ce moment avec l'aide du bouche-à-oreille », rapporte le DSI. Une discussion avec le DSI du Puy du Fou lors d'une convention Nutanix à Copenhague a fini de convaincre celui de Beauval. En septembre 2019, le fournisseur californien a donc installé avec son partenaire S-Cube six noeuds NX 1175S-G6 (2 puces Intel Xeon 4116 à six coeurs, épaulés par 192 Go de RAM) répartis en deux clusters sur 2 salles informatiques en réplication synchrone (en actif/actif) pour la redondance. « Si une salle tombe, l'autre prend immédiatement le relai. Nous sommes dans un milieu hostile à l'informatique », précise le DSI. Le système utilise AOS Pro avec l'extension de réplication synchrone. Chaque cluster a une capacité utile d'environ 7,9 To de Flash et 19,8 To de disque dur. La connectivité est assurée par deux ports fibre 10G par noeud et l'interconnexion entre les deux salles est de 2x10G (sur une fabrique Netgear, qui est en cours de remplacement par une fabrique Cisco).
Un des deux clusters Nutanix assurant le fonctionnement des applicatifs du Zoo de Beauval. (Crédit S.L.)
Chaque cluster supporte une trentaine de VM (avec des applications hôtellerie, restauration, vidéosurveillance, antivirus, recrutement et gestion du parc de logements pour les saisonniers) avec un stockage consommé de 7 To sur une capacité utile de 26 To. « La configuration n'a pas bougé depuis 2019, cela correspond encore à nos besoins », précise le DSI. Le back-up est effectué avec Hycu sur AWS (S3 et Glacier). Le site Internet du parc est également hébergé sur AWS et d'autres usages sont envisagés sur la plateforme notamment pour mieux exploiter les données. « Un data lake est à l'étude pour récupérer toutes les données des applications et les croiser afin de remonter des indicateurs d'activités aux managers ». Un data scientist a même été recruté pour travailler sur ces sujets. L'extraction et l'exploitation des données sont aujourd'hui assurées par Tableau Software. Précisons que la surveillance vidéo du parc (des enclos d'animaux et certaines zones sensibles) avec 200 caméras repose sur des appliances Hikvision avec un stockage dédié. La convergence vers une solution de stockage hybride n'est pas envisagée pour le moment, tout comme la mise en place d'un véritable PRA.
Un des deux jeunes pandas du Zoo de Beauval en pleine action. (Crédit S.L.)
L'effet panda bénéficie aussi à l'informatique
Parmi les projets du DSI, citons le développement d'applicatifs pour les métiers afin de mieux servir les visiteurs en détectant par exemple la durée des queues dans les restaurants pour informer les clients, ou encore mieux gérer les déplacements et les flux dans le parc. « Des essais ont été réalisés avec Ruckus Wireless, mais nous n'avons pas assez de bornes dans le parc ». Le recours à des caméras « intelligentes » pour surveiller certains enclos et éviter par exemple vol d'animaux, des tortues par exemple, est à l'étude. Enfin, une meilleure exploitation des capteurs - une vingtaine en tout dont le CO2, la température l'humidité ou la qualité de l'eau - est sur les rails. Le zoo, qui a connu une fulgurante progression de son nombre de visiteurs (1,6 million aujourd'hui) depuis l'arrivée des pandas géants en 2016, a remis son informatique en ordre de marche pour absorber ce surplus d'activité, renforcé par la naissance de deux bébés panda en août dernier.
Article rédigé par

Serge Leblal, Directeur des rédactions d'IT News Info
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