Philippe Paban (Renault) : « La transformation numérique est une opportunité pour les DSI »

Le CPI-B2B (Club de la Presse Informatique B2B) a organisé un dîner le 16 mars 2016 sur le thème de l'implication sur les relations avec les métiers de la transformation de la DSI.
Publicité« La transformation numérique accroît un phénomène déjà ancien : la blablacarisation de la DSI par des prestataires extérieurs les concurrençant » a asséné Marc Monpeurt, directeur des services applicatifs pour le secteur public chez Accenture France Benelux, au début du dîner du Club de la Presse Informatique B2B (CPI-B2B) du 16 mars 2016. Mais ce n'était pas l'avis de Philippe Paban, DSI groupe de Renault, pour qui la fonction de DSI est comme toutes les autres : elle évolue. Il a donc jugé : « La transformation numérique est une opportunité pour les DSI. »
Il concède cependant que cette opportunité n'est pas universellement saisie, bien au contraire. « Beaucoup de DSI ont raté le virage du numérique » a-t-il concédé, justifiant ainsi l'apparition de certains CDO ou directeurs du numérique pour suppléer cette carence. Mais, fondamentalement, il défend que la guerre entre marketing et IT appartient au passé. Pour lui, « il y a quelques années, le marketing s'est emparé du e-commerce avant de se rendre compte que les problèmes techniques rencontrés pouvaient être gérés efficacement par la DSI ; aujourd'hui, pour le numérique, c'est la même chose, même si la transformation est bien plus conséquente. »
Externalisation n'est pas synonyme de punition
Quand une prestation est externalisée, cela ne signifie pas pour autant que la DSI est hors-jeu. C'est même, depuis toujours, parfois une solution. « L'externalisation peut être une solution comme j'ai pu le démontrer chez un employeur précédent où une TMA m'a permis de restructurer une DSI » s'est souvenu Philippe Paban. Il a ajouté : « aujourd'hui, le cloud a le même rôle ».
Cependant, le contexte a changé depuis quelques années. « Aujourd'hui, les utilisateurs ont changé par rapport à il y a dix ou quinze ans car l'informatique et le numérique sont devenus des éléments quotidiens que tout le monde a le sentiment de maîtriser un minimum » a averti Jérôme Siméon, directeur général d'Application Services chez Capgemini. De ce fait, les utilisateurs ont tendance à remettre en cause l'expertise et le monopole décisionnel du DSI. Ils peuvent souhaiter, notamment, voir l'IT comme une commodité, une fourniture banalisée, voire externaliser sans attendre l'accord du DSI telle ou telle partie de l'IT. « Le DSI doit davantage se voir comme l'architecte qui va répondre aux demandes en assemblant divers éléments plutôt que comme un maître d'oeuvre uniquement » a rétorqué Philippe Paban.
L'illusion du budget 0
L'une des voies -dont parfois des DSI se vantent- est d'affecter les budgets aux métiers, la DSI étant un fournisseur parmi tant d'autres. La DSI à budget propre nul n'est-il pas cependant une illusion ? « On peut discuter des heures sur la possession des budgets ou le rattachement hiérarchique de la DSI, la présence du DSI ou non au comité exécutif, etc. mais tout cela n'a finalement que peu d'importance » a estimé Philippe Paban. En effet, ce qui compte vraiment, c'est l'alignement métier de l'IT. Que le budget soit affecté à la DSI ou d'abord aux métiers qui achètent de l'IT à la DSI, au final, cela revient au même : DSI et métiers s'entendent sur ce qui va être fait. Philippe Paban a rappelé : « l'exécution d'un projet impactant le métier a toujours été faite en accord avec ce métier. Il serait absurde de faire autrement. »
Par contre, pour le DSI de Renault, la DSI doit réinternaliser des compétences techniques. Pas nécessairement au niveau de l'exploitation mais, pour les projets, cette maîtrise interne lui semble vitale. Cette maîtrise technique interne lui semble en effet nécessaire pour mener à bien son rôle d'architecte et garantir une proposition de valeur adéquate tout en garantissant la sécurité des données comme des systèmes. « Si une direction métier conclut une affaire avec un prestataire extérieur sans en référer à la DSI, c'est que la DSI n'a pas été bonne » a martelé Philippe Paban. Pour lui, s'il faut faire des compromis avec le métier, il n'est jamais envisageable de faire des compromis avec la sécurité.
Qui pourrait, en effet, assurer l'unité du système d'information, si ce n'est, justement, le DSI ? Il faudra seulement que le DSI apprenne à communiquer encore mieux avec les métiers.
Article rédigé par

Bertrand Lemaire, Rédacteur en chef de CIO
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