Stratégie

OpenDSI : de l'ouverture du SI à l'innovation ouverte

OpenDSI : de l'ouverture du SI à l'innovation ouverte
Le 20 Novembre, CIO a organisé la conférence « OpenDSI » à Paris.

CIO a organisé une matinée « OpenDSI : la DSI à la recherche de l'innovation - Comment innover avec un SI ouvert, des partenariats et des start-ups » le 20 Novembre 2018 au Centre d'Affaires Paris Trocadéro en partenariat avec Axway et Invivoo.

PublicitéSi on en croit les résultats de l'enquête « Quelle ouverture pertinente pour la DSI ? », l'ouverture n'est guère une qualité fréquente dans les DSI. Que l'on parle de données ouvertes (open-data), d'API ou d'innovation participative ou ouverte, les répondants à l'enquête ont toujours plutôt rejeté les démarches proposées. Pourtant, l'ouverture est nécessaire pour répondre aux attentes des métiers. Comment, dès lors, adopter les indispensables bonnes pratiques ? Sous quelles conditions ? Pour répondre à ces questions, CIO a organisé une conférence sur le thème « OpenDSI : la DSI à la recherche de l'innovation - Comment innover avec un SI ouvert, des partenariats et des start-ups » le 20 novembre 2018 au Centre d'Affaires Paris Trocadéro. Axway et Invivoo en étaient partenaires pour y apporter leur expertise.

En ouverture, la rédaction a présenté les résultats de l'enquête « Quelle ouverture pertinente pour la DSI ? ». De 311 à 433 entreprises ont répondu (variable selon les questions) au questionnaire en ligne du 17 septembre 2018 au 12 novembre 2018. La DSI ressemble beaucoup plus souvent à une forteresse très fermée plutôt qu'à un modèle d'ouverture. Pourtant, les témoins qui se sont exprimés ont montré les bonnes pratiques en la matière, malheureusement insuffisamment suivies de toute évidence. Fabrice Marsella, Directeur de l'Incubateur Le Village By CA, qui était le Grand Témoin de la matinée, a souligné cette opposition entre ce qui était révélé par l'étude et ce qui était pratiqué par les témoins comme par les entreprises utilisant les services du Village.


Emmanuel Chiva, Directeur de l'Agence de l'Innovation de Défense au Ministère des Armées, était le premier témoin.

S'il y a une administration que l'on n'attend pas spontanément sur l'ouverture et l'innovation ouverte, c'est bien le Ministère des Armées. Pourtant, celui-ci innove évidemment depuis les origines. Si les grands programmes d'armements sont spectaculaires, il ne faut pas oublier les mille petites innovations, souvent issues du terrain. Et l'innovation peut aussi provenir du secteur civil tout en intéressant les militaires. Pour coordonner toute la démarche d'innovation du Ministère, qu'il s'agisse des forces, de l'administration ou bien de la DGA (Direction Générale pour l'Armement), celui-ci a créé l'Agence de l'Innovation de Défense, un SCN (Service à Compétence Nationale). La direction de cette agence a été confiée à Emmanuel Chiva.
« Parler du soldat du futur, avec exosquelette et vision en réalité augmentée, c'est spectaculaire ; mais l'accueil du combattant avec une tablette pour qu'il sache tout de suite où trouver ce dont il a besoin, c'est aussi de l'innovation » a relevé Emmanuel Chiva. Les exemples sont nombreux. Et l'innovation est partout. Il existait de nombreux mécanismes pour la soutenir. Le rôle de l'agence est aussi d'être un guichet unique, qu'il s'agisse de soutenir de l'innovation interne ou d'origine extérieure, à elle après de trouver les bons mécanismes, les bons contacts, etc. Et, en retour, l'agence a aussi un rôle de valorisation. Par exemple, un plasma sanguin lyophilisé développé pour des interventions extérieures a aussi une utilité civile évidente, utilité bien sûr lucrative pour l'innovateur.

Publicité« N'ayez pas peur ! »


Erwan Le Guennec, Product Manager Xcomponent chez Invivoo, a expliqué comment « Intégrer efficacement des technologies disruptives ».

Innover, intégrer l'innovation venu de l'extérieur, ouvrir son système d'information, notamment aux start-ups, tout cela peut faire peur. « Dans un contexte toujours plus complexe, il est vital pour les entreprises d'intégrer l'innovation » a jugé Erwan Le Guennec, Product Manager Xcomponent chez Invivoo. Il y a une priorité, chez tous les DSI, à la garantie de l'intégrité du SI. Mais la pression pour intégrer l'innovation de façon agile est très forte.
D'où l'intérêt de déployer une plate-forme pour exposer des taches sur catalogue qui pourront être utilisées par les métiers mais après que la DSI aura affecté à chacune des droits précis. Ensuite, les usages opérés pourront aussi être tracés et audités. Les métiers pourront dès lors développer leurs nouveaux usages sans mettre en danger la stabilité du SI grâce à une sécurité pré-établie.


Jean-Sébastien Goetschy, Directeur architecture à la Société Générale, a témoigné de son expérience en matière d'Open-Banking.

Ouvrir le système d'information à l'extérieur, c'est une obligation pour les banques depuis toujours. Les échanges inter-bancaires ont toujours existé. Mais la digitalisation vient bouleversé la donne. Et la deuxième directive européenne sur les moyens de paiement (DSP 2) a donné aux banques encore plus d'obligations en la matière. Jean-Sébastien Goetschy, Directeur architecture à la Société Générale, a ainsi témoigné des pratiques de la Société Générale en la matière. Quatre milliards d'euros de budget IT annuel et 24 000 informaticiens dans le monde : ces chiffres suffisent à rappeler qu'une banque est aussi une société d'informatique.
Être obligé d'innover, c'est presque une bénédiction quand cette innovation est de toutes les façons indispensable. « Nos clients exigent cette innovation et notre boussole sera toujours le client » a insisté Jean-Sébastien Goetschy. La DSP 2 encadre ainsi plus finement l'ouverture des données clients à des acteurs tiers, « proposer des services » préfère Jean-Sébastien Goetschy, et la capacité pour une banque à agréger les données issues de systèmes externes sur mandat d'un client. La Société Générale s'est bien sûr adapté et propose ainsi dans son espace client en ligne d'agréger des factures de tiers (électricité, télécoms...). Le groupe bancaire a développé toute une politique d'accompagnement de l'innovation, y compris de start-ups internes ou externes, notamment via Le Plateau, son incubateur. L'intelligence artificielle associée à un chatbot mis au point par une start-up a ainsi permis de proposer l'amélioration de la consultation des comptes avec des calculs d'agrégats.

Les API au service du client final


« Comment doper son programme d'API Management » a expliqué Frédéric Pozzi, Vice-Président Digital Sales d'Axway.

L'ouverture du système d'information passe en principe par l'usage d'API. « Jadis, les projets autour des API étaient tactiques, pour rendre compatible un existant avec un besoin » a observé Frédéric Pozzi, Vice-Président Digital Sales chez Axway. Ce sont les API qui permettent l'interopérabilité. Mais il n'en demeure pas moins que, depuis le début, il faut les gérer. La technologie existe bien pour le faire et ce n'est pas neuf. Mais il y a tout de même eu un véritable changement.
Pour Frédéric Pozzi, « l'API est passé du produit technique à un produit business, il existe désormais une économie des API. » Par exemple, les commerçants sont passés de l'omni-canal à des outils pour aller chercher les autres besoins et les autres interactions du client. Il s'agit d'agréger des service issus de tiers pour améliorer le service global rendu au client. Si l'API est business, l'API doit aussi être simple. Mais bien évidemment bien gérée et sécurisée.


Fabrice Marsella, directeur de l'incubateur Le Village By CA du Crédit Agricole, a été le Grand Témoin de la matinée

L'ouverture, c'est aussi savoir travailler avec des start-ups, internes ou externes. Pour les accompagner, et accompagner aussi leur collaboration avec de grands groupes, le Crédit Agricole a crée des incubateurs, les « villages by CA », le premier se situant à Paris. Fabrice Marsella, directeur de Le Village By CA Paris, a été le Grand Témoin de la matinée. « Toutes les banques accompagnent la création d'entreprise mais aucune n'est réellement à l'aise avec des start-ups dont le business model n'est pas totalement abouti » a-t-il reconnu. Et c'est là qu'intervient Le Village by CA. En effet, comme Fabrice Marsella l'a souligné, « une start-up bien accompagnée a bien plus de chances de toujours exister au bout de cinq ans qu'une qui ne l'est pas. » L'accompagnement est donc apporté par l'incubateur qui sélectionne bien sûr les dossiers solides. L'incubateur intervient lorsque la start-up a déjà une certaine maturité, pas à l'amorçage, plutôt lorsqu'elle va commencer à engranger des contrats.
Le Village by Ca permet aussi au Crédit Agricole d'intégrer des innovations issues du monde des start-up. Par exemple, une a développé une carte de crédit pour partager les dépenses dans un groupe, comme des colocataires ou des amis partant en vacances ensemble. Ce qui est compliqué dans la collaboration entre start-ups et grands groupes, c'est surtout la lourdeur des processus des seconds. Les décisions sont souvent lentes. Et le manque d'intérêt n'est pas toujours explicite, pouvant susciter des déceptions et pertes de temps. Eduquer les grands groupes, y compris industriels, travaillant avec Le Village by CA, fait aussi partie des missions de cet incubateur.


La table ronde « Mettre en oeuvre les technologies de l'ouverture du SI » a réuni, de droite à gauche, Séverine Ferrant (Communauté Urbaine du Grand Poitiers), Yann Maigron (ANFR) et Guillaume Mordant (INSEE).

La table ronde finale a permis d'aborder des sujets aussi divers que l'open-data ou la blockchain. Intitulée « Mettre en oeuvre les technologies de l'ouverture du SI », elle a réuni Séverine Ferrant (Responsable de la Valorisation des Données, Communauté Urbaine du Grand Poitiers), Yann Maigron (Directeur de la Gestion des Fréquences, ANFR, Agence Nationale des Fréquences) et Guillaume Mordant (Chef du Service INSEE Info Service, INSEE).
L'ouverture des données est une démarche partagée par Communauté Urbaine du Grand Poitiers, le nouveau maire en ayant même fait un axe de sa campagne électorale, et par l'INSEE. Cette ouverture peut se faire directement, par des jeux de données en téléchargement, mais aussi par API. Dans ce dernier cas, le jeu de données peut être interrogé à chaque besoin et donc avec une information fraîche. Quand il s'agit de partager des informations, la blockchain peut aussi se révéler utile. L'ANFR permet ainsi, en toute transparence, à des utilisateurs de signaler des usages ponctuels de fréquences libres afin d'éviter des interférences qui nuisent à tous.

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