Projets

Logistique digitale en IoT chez DHL

Un robot « Sawyer » utilisé sur un site DHL.

Au cours d'un entretien accordé à nos confrères de Computerworld UK pendant la conférence Huawei Connect 2017 de Shanghai en Chine (5 au 7 septembre 2017), le Dr Markus Voss, CIO de DHL, a expliqué comment l'entreprise avait intégré le dernier programme IoT pilote de Huawei dans sa chaîne logistique digitale.

PublicitéLes petits détails comptent pour une entreprise opérant sur des centaines de sites à l'échelle mondiale. La société de transport et de logistique allemande DHL a lancé une série de programmes IoT pilotes sur différents sites - le dernier en date étant une usine automobile à Liuzhou, en Chine - avec l'aide du fournisseur chinois Huawei. La preuve de concept, livrée conjointement par China Mobile et Huawei, doit permettre à une centaine de chauffeurs de DHL d'utiliser l'IoT à bande étroite (Narrowband IoT ou NB-IoT). Basé sur la technologie Low Power Wide Area (LPWA) des réseaux bas débits pour l'Internet des Objets, normalisée par le groupe 3GPP en juin de l'année dernière, le Narrowband IoT permet à des périphériques IoT de s'échanger des données entre eux sur un réseau donné.

Lorsqu'ils arrivent sur la zone de chargement, les chauffeurs DHL consultent une application mobile pour trouver un quai disponible. D'après les premiers résultats, le système a permis de réduire le temps d'attente moyen de moitié, passant de 40 à 20 minutes. De plus, en fonction des besoins du site, le système peut faire passer certains camions avant d'autres et diriger les camions vers le quai le plus approprié à leur chargement. Le test devrait se poursuivre jusqu'à fin septembre.

Ouvert aux grands fournisseurs IT et aux start-ups

DHL a déjà conclu un partenariat avec Cisco et la start-up Conduce spécialisée dans l'IoT pour mettre de l'IoT dans les cabines de pilotage de ses entrepôts en Allemagne, aux Pays-Bas et en Pologne. Ces systèmes collectent, sur les équipements, des données utilisées pour gérer des opérations en temps réel. « Nous travaillons avec tous les acteurs de l'industrie qui nous ont proposé des solutions utiles pour nos activités », a déclaré le Dr Markus Voss lors de l'entretien. « En termes de technologie, nous n'en sommes qu'aux prémices, et tous les partenariats nous intéressent, pas seulement avec des géants de l'IT, mais aussi avec des start-ups et des instituts de recherche. Nous voulons vraiment créer un écosystème de partenaires », a-t-il ajouté. DHL pourrait également faire profiter les villes intelligentes ou les administrations de son expertise et les inclure dans cet écosystème. L'entreprise a déjà mené des actions logistiques pour rendre la ville plus intelligente.

DHL

Le chariot robotisé « EffiBot » sur un site DHL d'Allemagne. (crédit : DHL)

Pour ce qui est de l'entreprise chinoise Huawei, d'abord fournisseur d'équipements de commutation pour le marché domestique avant de devenir un acteur mondial du réseau et du cloud, c'est un partenaire de longue date de DHL. « Cela fait des décennies que nous travaillons avec Huawei », a encore déclaré le Dr Voss. « Les tests sont déjà très concluants : nous avons réduit le temps d'attente, ce qui est très appréciable pour la productivité, mais aussi les taux d'erreur ont diminué de façon spectaculaire. Nous pouvons donc considérer que le but est atteint et que nous pouvons étendre le processus à d'autres secteurs opérationnels ».

Publicité La réalité augmentée entre en jeu

Selon le CIO de DHL, ces programmes pilotes apportent clairement la preuve de ce que l'on peut d'obtenir et de ce que l'on peut faire en intégrant ces nouvelles technologies dans la chaîne d'approvisionnement. Et il n'a pas eu beaucoup de mal à les faire approuver par le conseil d'administration. « Ma position au niveau du conseil d'administration n'a jamais été aussi favorable », s'est réjoui Markus Voss. « Mes collègues se montrent très ouverts quand je leur parle de digitalisation de la chaîne d'approvisionnement. Ils sont enthousiasmés par toutes les nouvelles possibilités et nous travaillons très étroitement ensemble ». DHL Supply Chain, une division de Deutsche Post DHL basée à Bonn, a également entrepris des programmes pilotes pour montrer comment utiliser de nouvelles technologies dans la chaîne d'approvisionnement.

L'an dernier, la société a testé des casques de réalité augmentée (AR) dans ses entrepôts aux États-Unis et au Royaume-Uni. Les casques pourraient servir à localiser rapidement l'endroit le plus adapté pour déposer un paquet ou un objet sur un chariot. L'objectif est de réduire les taux d'erreur et de permettre au manutentionnaire d'être plus libre de ses mouvements et prendre un paquet plus rapidement. DHL a également testé sur le site de Unna, en Allemagne, un « EffiBot », un chariot robotisé qui accompagne les cueilleurs dans les allées des entrepôts, leur évitant de pousser de lourds chariots. L'entreprise teste également des robots Baxter et Sawyer (photo ci-dessus) dans certains entrepôts.

L'IoT pour améliorer les chaînes d'approvisionnement

Alors que, à ce jour, les casques de réalité augmentée n'ont pas du tout séduit le grand public, le CIO de DHL estime que, dans l'entreprise, le potentiel de ces casques AR est « énorme ». Selon lui, ils peuvent vraiment dégager des gains de productivité dans les environnements de travail. Alors que DHL est toujours à l'affût de technologies émergentes, Markus Voss pense que l'IoT pourrait générer jusqu'à 1,77 milliard d'euros de valeur additionnelle dans le marché de la logistique à travers le monde, et qu'il pourrait créer de nouvelles opportunités de marchés et de revenus pour l'entreprise. « Il y a beaucoup à faire aujourd'hui pour améliorer les chaînes d'approvisionnement, il y a, par exemple, encore des camions qui continuent à rouler à vide », explique le CIO. « Nous pourrions utiliser plus d'algorithmes, plus de connaissances, remonter plus de données et d'informations sur ce qui se passe. Il y a énormément de choses que nous pourrions améliorer dans la chaîne d'approvisionnement. C'est la raison pour laquelle, je suis très enthousiasmé par l'élaboration de nouveaux business model, où il faut imaginer quelque chose qui sort complètement des offres des fournisseurs de logistique traditionnels ».

Article de Tamlin Magee / IDG News Service (traduit et adapté par Jean Elyan)