Data Asset : comment définir et accroître la valeur business de la donnée ?


Data Asset : maîtriser et valoriser le patrimoine de données de l'entreprise
La maîtrise de la donnée pour générer un maximum de valeur métier : cet enjeu est aujourd'hui essentiel, fondamental, stratégique. Et le DSI se doit de fournir les outils adaptés pour atteindre cet objectif. Les entreprises les plus performantes atteignent même une activité reposant et pilotée par...
DécouvrirHenry Peyret, Principal analyst chez Forrester Research expliquait comment définir et accroître la valeur business de la donnée lors de la Matinée Stratégique CIO Data Asset : Maîtriser et valoriser le patrimoine des données de l'entreprise le 14 avril 2016.
PublicitéPrincipal analyst chez Forrester Research, Henry Peyret, observe tous les outils et méthodes destinés à aider les architectes informatiques à donner de la valeur à l'entreprise. Il s'occupe particulièrement de data gouvernance, précise-t-il en ouverture de la conférence CIO « Data Asset » le 14 avril dernier. « Nous avons introduit il y a trois ans, chez Forrester, le concept de gouvernance 2.0. Jusqu'alors, la gouvernance des données concernait cinq grands domaines : la qualité, le cycle de vie, la sécurité, la privacy, enfin l'unicité des données et le data management qui soutenait les autres. Nous voulons maintenant définir ce qui a changé sur ces domaines. »
Henry Peyret travaille à finaliser un document de synthèse sur le sujet « c'est le voyage pour que l'entreprise aille vers le data citizenship ». Un monde où chacun devient maitre de ses données et où les données privées passent dans la valorisation de l'entreprise. Le consommateur existe alors par l'utilisation qu'il fait de ses données et ce qu'on lui laisse comme pouvoir sur le traitement de ses propres données. Tout l'enjeu est là. On a essayé de le décrire chez Forrester. Le débat n'est donc pas qu'informatique et c'est tout l'intérêt de l'intervention d'Henry Peyret.
Pour lui, nous devons déterminer comment installer et valoriser la gouvernance des données. Elles sont principalement utilisées en interne, il faut donc repérer les process internes. On n'a pas besoin de requalifier la donnée, c'est vraiment son utilisation dans les process avec du process mapping, moins usuel et moins courant. C'est définir comment ces données permettent la génération de revenus et accentuent cette génération de revenus. C'est aussi organiser le support de ces revenus, leurs bénéfices non tangibles et beaucoup de nouveaux éléments. Plus on va utiliser de données et comprendre depuis ces données privées ce qui va devenir important pour les utilisateurs.
La valeur est aussi sociétale
Mais Henry Peyret va beaucoup plus loin dans son analyse en se référant à Philip Kotler, le pape du marketing, qui nous explique que la valeur n'est pas qu'économique pour le consommateur, mais aussi sociétale. Une observation qui a de fortes implications. Le consommateur par exemple ne veut plus de produits ayant des incidences sur l'environnement ou la santé, des produits pouvant donner le cancer. Et il veut pouvoir choisir ce qu'il veut consommer, halal ou casher par exemple pour les critères comportant des valeurs humanistes, mais rattachées aux religions. En matière de données, de telles demandes relèvent aussi de la notion de valorisation des données.
« Regardez également le sujet dont tout le monde parle, Uber », propose Henry Peyret. Pourquoi Uber a -t-il du succès ? Ce n'est pas qu'il est moins cher, mais plutôt que ses valeurs sont différentes, par exemple le fait de voter est important sur Uber et sur nombre de nouvelles applications. « C'est ce qui change, c'est le fait de trouve des valorisations différentes pour le consommateur. Dans l'entreprise, on va pouvoir valoriser mieux nos valeurs, soit en les revendant, soit en les laissant gratuitement à disposition, c'est l'open data. »
PublicitéCette nouvelle approche n'est pas encore partagée partout, comme en témoigne un autre exemple livré par le Principal Analyst de Forrester. « Vous avez un grand débat actuellement entre la Ratp et Citymapper. La première ne veut pas mettre toutes ses données à disposition de citymapper, pourtant utilisé partout dans le monde, ça leur fout la honte à la Ratp, même si on peut le comprendre, ça leur détruit leur SI et prouve aussi que leur SI n'est peut-être pas au point. »
Dromadaire et Vistaprint
Dans d'autres cas, la valorisation de la donnée arrive où on ne l'attend pas. « Vous connaissez Dromadaire ou Vistaprint, qui envoient des cartes pour les anniversaires. Les anniversaires ce n'est pas très valorisable, mais ils ont créé une activité pour les décès et les naissances, elle représente une énorme valeur pour les 3Suisses ou La Redoute auxquelles ils revendent ces données ».
Le gros problème, soulève Henry Peyret, c'est qu'ils se posent d'énormes questions, ils se disent couverts par la CNIL, oui mais, qu'en pensent les clients ? Qu'en pensent-ils vraiment ? Qu'a-t-on le droit de faire ? C'est le vrai problème de demain. Il faut chercher à ne pas détruire la confiance des consommateurs, point qui devient un argument clé. « Je ne sais pas si vous avez vu le très bon article de Forbes ou de Fortune qui dit que la prochaine monnaie, c'est la confiance. On va voir une nouvelle approche dans la notion de confiance telle qu'elle est perçue par les gens et, attention, on aura une grande différence entre la vision américaine et celle qui a cours en Europe ».
Aux Etats-Unis, poursuit Henry Peyret, la confiance appartient aux agrégators, les diables de la récupération des données. Ils offrent aux consommateurs la capacité à aller vérifier leurs données, pas comme en Europe où l'on explique aux consommateurs qu'ils auront un bouton rouge avec le droit à l'oubli. « On va entrer dans une forme de négociation avec le consommateur, si vous voulez me donner votre donnée, je l'utiliserai ainsi, si vous ne voulez pas me donner votre données à ce moment-là, voilà le niveau de service que je vais vous offrir. Donc, oui c'est valorisable et de plus en plus via des API ou des open data ou en vendant les données, mais attention, il faudra que ce soit avec une data gouvernance plus importante. »
Le fameux parcours client
Cette valorisation de la donnée suit de près le fameux parcours client. Dans un aéroport connecté au processus interne d'une entreprise de réservation et d'embarquement, on pourra vérifier si le client a acheté en duty free, pour savoir ce qu'il a acheté et s'il faut le lui remettre avant l'embarquement, c'est comme ça en réfléchissant au parcours qu'on peut réfléchir à la donnée et pas en partant de la donnée, pour faire l'inverse. C'est en partant de ce qui apporte le plus de valeur, qu'on peut dire si tel type de donnée apporte plus de valeur aux utilisateurs. La data gouvernance est le corollaire de la valorisation des données, demain ce sera de plus en plus important et permettra de ne pas détruire la réputation des entreprises. Donc, on entre dans une gouvernance différente où on estime le risque (de revendre les données) par rapport au gain.
La data gouvernance d'autrefois c'était la collecte, le stockage et l'agrégation des données, maintenant on s'intéresse à l'usage de la donnée, à qui doit la gérer. Un exemple. Quand vous acceptez une application sur Android, c'est la totalité des critères que vous acceptez, demain ce sera selon, le consommateur acceptera ou pas, sans se faire imposer quelque chose. Ce qui change aussi profondément la data gouvernance, c'est qu'il faut que l'on gère les polices, les règles d'utilisation de ces données et pas qu'au niveau de l'entreprise. Si vous êtes dans une chaîne où vous êtes plusieurs, et qu'un maillon faible agit, il peut détruire votre réputation. Et là, on entre dans des problématiques extrêmement importantes. « L'autre grand domaine c'est le benchmark, nous chez Forrester, on pense que c'est une ânerie, car il n'existe pas de parcours équivalents, chaque entreprise doit faire sa propre transformation culturelle. Chacun doit pouvoir utiliser ses données. »
L'industrie est très impliquée sur la "privacy"
Le big data est important pour gérer cette data gouvernance, c'est bien beau de créer un data glossaire, d'entrer dans le data lake, c'est mieux de savoir quelle utilisation en est faite. « Je vous donne un truc tout bête, dans le data lake vous pouvez avoir différents niveaux de qualité pour la même donnée, car plusieurs algorithmes fonctionnent avec des niveaux de qualité moindre. C'est tous ces changements qui sont en train de transformer la data gouvernance ». Et pour montrer comment c'est différent d'un secteur à un autre et même d'une entreprise à une autre, on peut voir que l'industrie est très impliquée sur la « privacy ».
Par exemple chez Bosch, ils fondent un cloud spécifique sur l'Internet des objets qui va s'occuper beaucoup plus profondément de la « privacy » des clients. Ils vont entrer en concurrence avec des Amazon et des Azur car ils pensent et que ces acteurs américains ne sauront pas garantir cette notion de « privacy ». Je travaille d'ailleurs sur un livre avec l'ancien DSI d'Intermarché sur ce thème de la « privacy », qui n'est pas suffisamment pris en compte dans le monde du retail. C'est un vrai danger pour nous tous. »
Article rédigé par

Didier Barathon, Journaliste
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