CPI-B2B : le métier du DSI face à la révolution numérique

La révolution numérique (ou la transformation digitale) ne bouleverse pas seulement l'organisation de l'entreprise. Elle change le métier du DSI. Une réunion du Club de la Presse Informatique B2B (CPI-B2B) a permis de faire le point sur le sujet le 14 décembre 2016.
Publicité« Il y a eu trois ères pour le DSI : d'abord celui qui fait marcher le SI, puis celui qui optimise l'organisation et maintenant celui qui, partenaire du business, va proposer des manières pour l'IT d'aider à vendre mieux ou plus » a résumé Helder Matias, DSI de HEC Paris. Il s'est exprimé à l'occasion de la réunion du 14 décembre 2016 du Club de la Presse Informatique B2B (CPI-B2B). La révolution numérique en cours transforme certes l'organisation de l'entreprise et ses manières de fonctionner mais elle transforme également le métier même du DSI.
Les DSI sont non seulement soumis à la pression émanant des directions métiers ou des concurrents de son entreprise mais aussi de la nouvelle génération de collaborateurs. Ainsi, Robert Eusebe, directeur des services numériques d'Ingérop, a souligné : « les outils numériques sont maîtrisés par les jeunes avant même d'entrer dans l'entreprise. Les jeunes sont aujourd'hui mieux formés que les collaborateurs plus expérimentés, ce qui constitue une rupture par rapport à la tradition où l'ancien expliquait son métier au nouvel embauché. »
Une pression concurrentielle sur la DSI
De ce fait, le DSI se trouve dans la situation d'un entraîneur d'équipe de football lorsque le match est diffusé à la télévision, tous les téléspectateurs pensant pouvoir faire mieux que ce professionnel aguerri. « Beaucoup de gens se croient DSI parce qu'ils utilisent l'IT » a soupiré Helder Matias. Du coup, les utilisateurs réclament telle application, telle technologie, telle stratégie... voire se passent de la DSI pour les mettre en oeuvre.
« Le shadow IT n'est pas le problème du DSI mais un problème de gouvernance de l'entreprise : le DSI doit réaffirmer son rôle » a tranché Robert Eusebe. De fait, imagine-t-on une direction métier mettre en place son propre circuit d'encaissement et sa caisse noire dans le dos du DAF ? Gageons que, si certains le font, cela ne se termine pas bien pour eux. Helder Matias a nuancé le propos : « on peut utiliser le Shadow IT comme un POC [démonstrateur] ».
CDO, rival ou futur du DSI ?
Une autre forme de concurrence au DSI est la création du poste de CDO (Chief Digital Officer). Alors que le DSI peine à entrer ou à rester au Comité Exécutif, tout CDO est forcément dès sa nomination membre de cette direction de l'entreprise. « Il n'y a pas de CDO s'il n'y a pas de défaillance du DSI, le CDO est plutôt le Chief Défaillance Officer » a estimé Robert Eusebe. Pour lui, la nomination d'un CDO est donc la marque d'un manque de maturité soit du DSI (marqué par l'immobilisme), soit de l'entreprise (dont la direction se fait balader par un beau parleur), soit des deux.
Là encore, Helder Matias a été plus nuancé : « le CDO peut (et doit) être un poste de transition quand la transformation numérique doit être conduite. Une fois la transformation lancée, le CDO n'est plus nécessaire. Il est alors celui qui fait bouger les choses, une courroie de transmission DG-DSI-métiers. »
PublicitéEt les fondamentaux ?
La prise de pouvoir par les utilisateurs, ou même un CDO, il existe des moyens pour la DSI de résister. L'étape du cloud fait partie de ces moyens selon Sébastien Verger, directeur technique d'EMC. Mais pour Joël Depernet, executive vice-president R&D d'Axway, derrière le cloud se dissimule simplement le besoin d'agilité : « les projets de 12-18 mois font place à des projets agiles et, parfois, la Shadow IT en est l'amorce, les projets menés par ce mode demandant juste à être fiabilisés, industrialisés et sécurisés », comme des POC finalement (démonstrateurs).
Face aux phénomènes de mode comme le CDO, il reste malgré tout des fondamentaux. Et le DSI reste le « IT business partner » de référence pour la digitalisation des métiers comme l'a souligné Jérôme Froment Curtil, directeur général France d'Unit4. Certes, la situation n'est pas uniforme partout mais la délivrance de nouveaux services aux métiers est bien au coeur des appels d'offres quand des entreprises envisagent de recourir à des infrastructures externalisées comme celles de Equinix selon Fabien Gautier, directeur du marketing et du développement. Pour Xavier Moy, Directeur des Ventes Application Services de Capgemini, par contre, la réduction des coûts est en train de redevenir la priorité numéro 1, devant le simple suivisme technologique pour éviter d'être dépassé par la concurrence.
Finalement, le DSI n'est plus aujourd'hui forcément un technicien. Pour Helder Matias, DSI de HEC Paris, « le bon DSI n'est plus nécessairement un ingénieur informatique. » Certes, dans une petite DSI, il a besoin de compétences technologiques pour être crédible et efficace. Mais, dans une grande DSI, il doit aujourd'hui comprendre les métiers et savoir faire travailler les techniciens pour eux.
Article rédigé par

Bertrand Lemaire, Rédacteur en chef de CIO
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