Big Data : les sociétés européennes encore trop frileuses


Le décisionnel transforme les données en connaissances
Après la vague du Big Data toujours pas digérée, voici surgir les bases de données en mémoire. En plus d'un décisionnel qui se généralise en entreprise, pour concerner tous les décideurs à partir de sources d'informations de plus en plus variées, la DSI doit aussi affronter l'exigence de temps réel...
DécouvrirInvité à s'exprimer lors de la matinée CIO Décisionnel du 23 septembre 2014, Elias Baltassis, directeur de recherche pour le BCG, a insisté sur le retard pris par l'Europe sur les États-Unis au niveau du Big Data.
Publicité« On m'a demandé de vous parler des tendances du Big Data. Mais mieux vaut d'abord redéfinir ce terme ». En montant sur la scène de la matinée CIO Décisionnel du 23 septembre 2014, Elias Baltassis, Directeur Big Data et Analytic au BCG, a tout d'abord souhaité poser le débat. Et pour lui, Big Data est un très mauvais terme : « il prête à confusion car il insiste sur une seule composante du Big Data au détriment des deux autres ».
Évidement il y a les données dont les volumes sont en train d'exploser tout comme le nombre de sources. Pour Elias Baltassis, la deuxième composante sont les technologies inventées pour et par le Big Data. « Elles constituent actuellement un écosystème complet en pleine évolution dont l'adaptabilité quasi infini et les coûts réduits apportent des avantages certains », constate le directeur de recherche du BCG.
Traiter les données sans objectif a priori
Enfin l'analytique avancée vient compléter cette trinité. « Nous n'avons pas réinventé les mathématiques mais nous sommes aujourd'hui capables de chercher des choses beaucoup plus pointues et plus précises », explique Elias Baltassis. Avec le machine learning, il note également que, pour la première fois, les décideurs peuvent travailler sans notion d'objectif.
Aujourd'hui, certains ne savent plus ce qu'ils cherchent mais ils trouvent beaucoup de choses. « Tout ça est relativement simple mais les managers sont dépassés par la vitesse à laquelle évolue l'écosystème », tranche Elias Baltassis.
En outre, le marché global n'existait pas il y a sept ans, les premières estimations faites à ce moment là indiquaient qu'il était inférieur à un milliard de dollars. Depuis, le marché américain a été multiplié par cinq et devrait profiter d'un taux de croissance annuel de 26% pour les cinq ans à venir.
« En Europe, les chiffres traduisent toutefois un retard sur le Big Data », constate Elias Baltassis. Le directeur de recherche du BCG met également en évidence un manque de maturité du Big Data sur le vieux continent. « C'est encore trop l'apanage d'une seule personne dans son coin. La démarche n'est que trop rarement généralisée à l'ensemble de l'entreprise, quand elle est engagée », explique Elias Baltassis.
De nombreuses entreprises européennes n'ont même pas franchie le pas et en sont encore à étudier la faisabilité du Big Data. Les grands comptes internationaux ont toutefois rattrapé leur retard sous peine de se faire distancer par leurs concurrents américains.
L'Europe trop frileuse
Pour le directeur de recherche du BCG, ce retard s'explique d'une part par une conjoncture économique moins favorable en Europe qu'en Amérique du Nord. D'autre part, il met en exergue le tissu entrepreneurial européen. « Les sociétés sont beaucoup plus petites en Europe. Du coup les opportunités sont plus réduites », explique Elias Baltassis.
L'autre grande différence entre ces deux marchés, c'est qu'aux Etats-Unis, le Big Data est aujourd'hui l'affaire aussi bien des grandes que des moyennes entreprises contrairement à l'Europe où il reste l'apanage des grands comptes. « Il ne faut toutefois pas se voiler la face. En Amérique du Nord, il y a moins de restrictions sur les données », précise le directeur de recherche.
Il ajoute que dans l'attente d'une nouvelle directive européenne, la situation est presque figée. En outre, ce sont les CMO (Chief Marketing Officers) et CDO (Chief Data Officers) qui gèrent les questions de conformité des données. Sur le vieux continent, ce sont les départements juridiques.
Tous ces facteurs influencent l'attitude des sociétés. « Aux Etats-Unis, la proximité des sources permet de mettre en place des démarches d'innovation proactives » explique Elias Baltassis. Les entreprises misent de plus en plus sur du full Hadoop. En Europe, les sociétés sont plus frileuses et se tournent vers des solutions hybrides.
Publicité
Le mythe du datascientist
En outre, le Big Data a créé un mythe autour du datascientist. « Les attentes sont extraordinaires. Il doit être très fort en décisionnel, en statistiques, comprendre les systèmes historiques IT et les données anciennes, le business, avoir de solides compétences en Hadoop ou en langages de programmation tout en étant capable de communiquer avec différents profils. Ça n'existe pas », dénonce Elias Baltassis. Il voit pourtant les entreprises européennes chercher « le mouton à douze pattes », d'après ses propres mots. Des équipes pluridisciplinaires s'imposent, ce ne peut être la mission d'un seul homme. Il ajoute qu'aujourd'hui la ressource n'est pas rare : « aujourd'hui, le problème n'est pas de trouver des datascientists mais de les garder ».
Elias Baltassis insiste également sur l'émergence des CDO qui doivent concentrer sous leurs ailes toutes ces compétences. Il note que ces derniers ne sont que très rarement sous la houlette du DSI et rendent plutôt compte au directeur marketing. « Cela montre un début de changement fondamental. L'informatique reste cantonnée à son rôle d'usine. La valeur ajoutée du Big Data échappe partiellement à la DSI », constate Elias Baltassis.
Article rédigé par

Oscar Barthe, Journaliste
Suivez l'auteur sur Linked In, Twitter
Commentaire
INFORMATION
Vous devez être connecté à votre compte CIO pour poster un commentaire.
Cliquez ici pour vous connecter
Pas encore inscrit ? s'inscrire