Avec la crise, les DSI revoient leurs priorités IT

Pour répondre à des priorités métier qui changent rapidement avec la crise, les DSI revoient les priorités des projets IT, de façon à préparer la croissance future de leurs organisations. Cet article de CIO.com examine les projets qui sont maintenus et ceux qui sont abandonnés à travers différents exemples.
PublicitéLa pandémie de coronavirus a poussé les DSI à rebattre leur portefeuille de projets IT afin de consolider les opérations à court terme et de soutenir leur entreprise sur le long terme. Depuis mars, les décideurs IT ont renforcé la continuité des activités en accroissant la capacité du réseau, en augmentant les licences VPN, en déployant de nouveaux outils collaboratifs et en engageant d'autres actions pour mieux faciliter le travail à distance.
Maintenant, les DSI revoient leurs plans à 18 mois, renonçant à des mises à niveau planifiées tout en accélérant les projets de productivité, d'automatisation et les autres initiatives stratégiques qui mettent les entreprises en meilleure position pour servir les clients, souvent à travers des modèles numériques sans contacts.
Conserver un budget pour le futur
Cette situation soulève un défi de taille : les DSI ont une quantité de projets IT sur leur feuille de route et moins de ressources financières à investir dans ces derniers, alors que les DAF réduisent les budgets, comme l'explique John-David Lovelock, analyse au sein du cabinet Gartner. « L'argent était roi - maintenant il est empereur », déclare-t-il à CIO.com. « Et quand les organisations ignorent combien de chiffre d'affaires elles vont pouvoir générer en un an, elles surveillent de près leurs finances », ajoute-t-il.
Les décisions sur ce qui reste et ce qui est abandonné diffèrent selon les secteurs, mais des tendances générales émergent pour la réduction des coûts IT, selon John-David Lovelock. Les premières coupes apparaissent sur des dépenses discrétionnaires, portant par exemple sur des ordinateurs portables, tablettes, smartphones et imprimantes, ainsi que sur les mises à niveau des data centers. Les DSI renégocient ou diffèrent des paiements récurrents, et revoient à la baisse le nombre de fournisseurs.
Les décideurs IT décalent les nouveaux projets et réévaluent ceux en cours, en fonction des délais pour atteindre la rentabilité, des budgets nécessaires pour les terminer et du niveau de retour sur investissement par rapport aux montants investis. Par exemple, un projet prévu sur 3 ans qui en est à 30 mois sera probablement mené à terme. En revanche, les projets qui démarrent tout juste ne continueront pas s'ils doivent durer longtemps. Des DSI ont partagé la liste de ces changements de priorités avec CIO.com.
Les employés municipaux de Los Angeles passent au travail à distance
En mars, quand le coronavirus est apparu en Californie, Ted Ross, DSI de la ville de Los Angeles a organisé une réunion avec son équipe, durant laquelle il a posé une question simple : « Si nous devions basculer 15 000 collaborateurs en télétravail, comment procèderions-nous ? » Tous ont alors convenu que s'ils appliquaient les processus de travail à distance qui étaient alors en vigueur, l'expérience laisserait les employés contrariés et frustrés.
PublicitéTed Ross a accéléré la transition de la ville vers les technologies de travail à distance, en utilisant les solutions Zscaler pour permettre à tous d'accéder aux applications depuis leurs ordinateurs de n'importe où, depuis les employés de bureau jusqu'aux responsables de districts.
Le département IT a également numérisé un processus manuel de gestion des permis de construire. Auparavant, les habitants se rendaient dans un bureau et remplissaient des formulaires papier. Maintenant, tout se fait en ligne avec une technologie de signature électronique. Cependant, Ted Ross précise que beaucoup de travail reste à faire sur ce front, car « de trop nombreux processus dépendent toujours de contacts en présentiel. »
L'équipe de Ted Ross se serait tôt ou tard attaquée à cette liste de projets, mais la pandémie a accéléré les choses, en forçant ses collaborateurs à s'y engager plus rapidement. Son défi actuel ? Éviter le burnout de ses équipes, en évitant notamment que les collaborateurs ne répondent aux mails à n'importe quelle heure. « Ce n'est pas une bonne habitude culturelle que d'avoir des collaborateurs qui travaillent en continu », souligne Ted Ross.
Un producteur de saumon remet le curseur à zéro pour privilégier la continuité des activités
Avant que la Covid-19 ne frappe, le producteur de saumon Mowi avait parmi ses perspectives IT un plan pour séparer l'IT pure des technologies opérationnelles, ainsi que la recherche et le test de solutions de « desktop-as-a-service » (DaaS) pour ses 5 000 employés, comme l'explique Robert Berkenpas, directeur groupe de l'infrastructure et des opérations de cette entreprise norvégienne.
Les deux projets ont été mis au second plan jusqu'à l'année prochaine, tandis que l'équipe IT d'une centaine de collaborateurs se concentre sur l'augmentation de la bande passante et de la stabilité du réseau. « Tout le monde a mis les mains dans le cambouis pour faire en sorte que l'entreprise continue de fonctionner comme d'habitude. Mon équipe a vraiment fait de son mieux, en parvenant à rendre l'expérience fluide », relève Robert Berkenpas.
La crise a forcé Mowi à revoir ses priorités. Par exemple, avant mars, les consommateurs préféraient le saumon frais au saumon surgelé, mais les choses ont changé quand ils ont commencé à stocker des aliments congelés. Les prix du saumon frais ont commencé à décliner. « Là où nous avons observé une hausse de la demande pour nos produits surgelés, nous avons dû augmenter nos capacités de production », explique Robert Berkenpas. « Aux États-Unis, nous ajoutons des capacités supplémentaires pour répondre à la demande. »
Parmi ses sujets de réflexion actuels figure la remise sur la table des propositions de séparation IT/OT et de DaaS pour fin 2020. « Je vais devoir refaire le même travail que celui que j'avais mené, pour les vendre à nouveau aux métiers. »
Un éditeur de logiciels interrompt les investissements en matériel
Le 10 mars, le DSI de Rocket Software Matt Deres examinait un plan en quatre points, résumant les priorités IT de cet éditeur de logiciels pour les mainframes IBM. Le premier concernait le soutien aux actions de renouvellement et de rétention des clients existants, ainsi que la facilitation des nouvelles ventes. Les points 3 et 4 consistaient à accompagner les 1 400 salariés de Rocket (les « rocketeers » et à renforcer la cybersécurité, « les hackers appréciant d'avoir une bonne pandémie à exploiter » pour reprendre les mots de Matt Deres. Même si les rocketeers ont une culture technique, un employé distrait peut involontairement cliquer sur un malware et télécharger un code malveillant ajoute-t-il.
Matt Deres avait prévu d'investir davantage d'argent dans l'infrastructure de ses datacenters, incluant des serveurs et équipements réseau, afin d'aider ses équipes IT. Mais quand l'entreprise a envoyé ses employés chez eux, il a annulé ces mises à niveau, qui n'avaient plus de raison d'être. Permettre aux programmeurs et responsables produit de travailler à domicile est devenu la priorité. Pour encourager une collaboration plus étendue, Matt Deres a acheté une licence entreprise pour Slack plus tôt que prévu. « Mon rôle est de ne jamais laisser tomber un collaborateur », conclut-il.
La reprise des activités implique davantage d'investissements dans le cloud et le digital
Alors que les entreprises poursuivent leur convalescence, les directeurs financiers vont de nouveau ouvrir leurs portefeuilles aux DSI. Les projets existants qui ont été mis en pause - comme la séparation IT/OT chez Mowi, vont reprendre, tandis que de nouveaux projets qui répondent aux attentes en termes de retour sur investissement, à la fois sur les délais et les seuils de rentabilité, vont pouvoir démarrer. En substance, les DSI vont mettre en oeuvre des technologies qui vont pousser plus loin la digitalisation des entreprises.
Cela signifie plus de cloud. Pour diminuer les coûts d'investissement, les DSI dépensent davantage sur des logiciels avec un modèle d'abonnement - le SaaS - et des infrastructures cloud, selon John-David Lovelock. Si une technologie permet de virtualiser des processus et de les rendre sans contact, alors les DSI la déploient ou la développent. « La pénétration du cloud va augmenter », souligne John-David Lovelock.
C'est effectivement le cas chez le fournisseur d'information économique IHS Markit, qui a relancé sa migration vers Amazon Web Services (AWS) après la signature d'un contrat stratégique en avril, afin de confier une portion substantielle de ses ressources de calcul au fournisseur de cloud, d'après le CIO Chad Moss. Celui-ci indique que l'équipe dirigeante a discuté sur la mise en pause ou la poursuite de sa transition vers le cloud quand la pandémie a surgi. Actuellement, 30% de la migration sont actés. Chad Moss ajoute qu'en mars, la décision d'IHS Markit de gérer l'activité dans une optique de scénario décroissant, en enlevant des coûts aux métiers, lui a donné « l'opportunité d'accélérer les investissements IT aujourd'hui ».
Article de Clint Boulton / CIO États-Unis (Adaptation et traduction par Aurélie Chandèze)
Article rédigé par

Aurélie Chandeze, Rédactrice en chef adjointe de CIO
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