Stratégie

Agilité : il faut se transformer pour gagner

Renaud Cornu-Emieu, le fondateur de l'EMSI, est intervenu lors de la Matinée Stratégique CIO Agilité du 14 octobre 2014

Retrouvez cet article dans le CIO FOCUS n°92 !

Agilité : vers le système d'information instantané

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Pour Renaud Cornu-Emieu, le fondateur de l'EMSI (Ecole de Management des Systèmes d'Information), venu témoigner lors de la Matinée Stratégique CIO Agilité du 14 octobre 2014, l'agilité est une des clés pour réussir sa transformation numérique.

Publicité« La transformation numérique, nous sommes tous dedans ». En montant sur la scène de la matinée CIO Agilité du 14 octobre 2014, Renaud Cornu-Emieu fondateur de l'EMSI (Ecole de Management des Systèmes d'Information) et ancien DSI de l'INRIA (Institut National de recherche en Informatique et en Automatisme) a tout de suite détaillé le contexte actuel. « L'usage du numérique est très répandu chez les consommateurs mais beaucoup moins dans les entreprises », constate-t-il. Pour lui, cette différence vient de difficultés organisationnelles mais également d'un déficit de talent. « Cela fait une trentaine d'années que nous ne formons plus suffisamment de personnes sensibilisées aux questions du numérique. C'est d'ailleurs pour cela que nous avons créé l'EMSI », argue Renaud Cornu-Emieu. Il dénonce également des marges financières serrées et un manque d'investissement des dirigeants. Cette dernière donnée est d'ailleurs un des principaux axes de travail du Cigref.

Tout va plus vite

« Tous le monde est bousculé par la transformation numérique, qu'il s'agisse de la DSI ou des métiers. Tout va trop vite, les services à mettre en oeuvre évoluent tous les jours, tant du côté des métiers que du DSI », explique Renaud Cornu-Emieu. Il prend en exemple les applications. Le fondateur de l'EMSI rappelle qu'elles n'ont qu'en moyenne 45 secondes pour convaincre un utilisateur une fois téléchargées, sinon, c'est la poubelle. « Dans le cadre d'une application pour vendre, vous aurez beau avoir un service et des produits au top, si le média numérique que vous avez choisi pour les diffuser ne convient pas à l'utilisateur final, vous ne vendrez rien », explique-t-il.

En outre, Renaud Cornu-Emieu assure que le numérique est aujourd'hui tiré par quatre tendances clés. Le premier d'entre eux est « Je décide ». « Quand je vais chez le médecin, aujourd'hui, je ne fait que prendre des informations. Au final, je décide du traitement que je vais suivre », illustre Renaud Cornu-Emieu.
Il parle ensuite d'ubiquité, les utilisateurs font plusieurs choses à la fois sur plusieurs terminaux différents. Autre élément important, la force de la communauté. « Sur AirBnB, avoir cinq étoiles pour louer son appartement apporte un vrai élément de valeur », fait remarquer Renaud Cornu-Emieu.
Enfin, le fondateur de l'EMSI met en avant le sens de l'information. Il image ses propos : « Tout à l'heure, je vais prendre le train. Si la SNCF m'envoie mon numéro de quai vingt-quatre heure ou trois minutes avant que j'arrive à la gare, cette information n'a aucune valeur. En revanche, si elle arrive au moment où j'arrive au bout des quais, elle en a énormément ». Au delà de l'information, c'est donc son temps d'apparition qui est important.
En outre, le travail n'est plus coupé du social. « Aujourd'hui, il n'y a plus de segmentation strictes entre les temps de travail et les temps de vie personnels. Les gens font des choses personnelles au bureau mais travaillent aussi chez eux le soir », explique Renaud Cornu-Emieu.

Publicité Le périmètre devient variable

Après avoir dressé ce paysage, le fondateur de l'EMSI s'est attaqué à la description des enjeux. « C'est autour de ces éléments de contexte que nous allons parler d'agilité. C'est juste une réponse face à ces enjeux de transformation numérique », explique Renaud Cornu-Emieu.
Selon lui, un projet s'articule autour de trois variables : les ressources, ce qu'il faut faire et les délais. « Dans les cycles en V classiques, il n'y avait qu'une seule variable ajustable, les délais, alors les ressources et le cahier des charges étant souvent figés », raconte Renaud Cornu-Emieu. C'est pour ça que la majorité des projets dérivaient dans le temps. « Nous ne pouvons plus être dans ce mode de fonctionnement », tranche l'ancien DSI de l'INRIA. Aujourd'hui, ce sont les délais qui vont être figés. Avec l'agilité, la variable d'ajustement va se déporter sur le « à réaliser ».

« Cette démarche nécessite la mise ne place de nombreux dispositif de mesure. Il faut savoir en permanence où nous en sommes, quelles sont les priorités des métiers ou encore quelle est la complexité du SI », précise Renaud Cornu-Emieu. Selon lui, cette démarche doit s'inscrire dans une logique de cycles courts : « un mois, c'est l'extrême limite pour livrer un projet ».
Autre élément important, chacun doit avoir un rôle à jouer et doit y rester. C'est le business qui définit les besoin. Il doit devenir plus mature. L'IT, de son côté, doit s'occuper des solutions. « C'est par un dialogue constructif entre les métiers et la DSI que le périmètre du projet doit être ajusté », plaide le fondateur de l'EMSI.
En outre, il ne faut pas oublier que, dans le cadre de l'agilité, l'erreur est autorisée. Quand une application est livrée sans problème deux jours en avance, elle ne fait pas forcément beaucoup de vague. Toutefois, si un bug est réparé très rapidement, cela créé du buzz positif. « Nous avons le droit de nous tromper mais il faut corriger très vite », résume Renaud Cornu-Emieu.

Transformer ou mourir

« L'agilité, progresse. Il y a quatre ans, seules quelques DSI en formation continue à l'EMSI étaient investis dans des projets agiles. Dans la promotion 2014, ils sont un tiers à avoir participer à de tels projets », déclare Renaud Cornu-Emieu. La tendance est bien à une évolution forte.
Parmi ses entreprises partenaires, l'EMSI constatent également un forte progression de l'agilité. Autre évolution très forte de plus en plus de société mettent en place des systèmes de distribution des applications par le biais de magasins internes. « C'est clairement un mode de fonctionnement agile », déclare l'ancien DSI de l'INRIA.
Enfin, les écosystèmes se développent. Les start-up et les grandes entreprises commencent à collaborer et à partager leur technologie. « Face à la transformation numérique nous pouvons soit résister, soit s'adapter, soit se transformer mais c'est soit périr, soit survivre, soit gagner », conclut Renaud Cornu-Emieu.