Stratégie

A l'Andra, des systèmes d'information pas encore au niveau des ambitions

A l'Andra, des systèmes d'information pas encore au niveau des ambitions
Une maquette numérique du futur site industriel de stockage souterrain des déchets radioactifs, Cigéo. Avec cette installation, l’Andra va se muer en acteur industriel. (Capture d’écran : Andra)

L'agence spécialisée dans la gestion des déchets radioactifs va voir ses missions s'étoffer avec la construction d'un centre de stockage industriel de grande profondeur. Ses SI ne sont pas encore à la hauteur, prévient la Cour des comptes.

PublicitéUn changement d'échelle que doit encore accompagner la transformation des systèmes d'information. C'est en somme la description que la Cour des comptes fait de l'Andra, l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs, un Epic créé en 1991 pour gérer les déchets radioactifs produits en France. Aujourd'hui tournée vers la recherche et l'exploitation de sites de stockage en surface, l'agence s'est attaquée à un projet majeur : Cigéo, soit le centre industriel de stockage géologique profond. Un projet « hors norme et sans équivalent dans le monde » qui constitue principal défi de l'Andra et « l'a fait changer d'échelle », estime la Cour des comptes. Dans un rapport consacré à l'agence, cette dernière constate que les effectifs de l'Epic ont doublé depuis 2007, pour atteindre 736 ETP en septembre dernier.

Et ce, alors que Cigéo n'est pas encore officiellement lancé. Le site, qui doit permettre le stockage des déchets de 'haute activité' (10 000 m3 recensés) et de 'moyenne activité à vie longue' (73 000 m3), ne devrait recevoir l'autorisation nécessaire à sa création qu'en 2027 ou 2028. Néanmoins, le sujet mobilise déjà « près des deux tiers » des ressources de l'agence, tandis que 60 à 80% de ses investissements concerne le laboratoire souterrain de Bure, qui préfigure Cigéo et permet de tester les hypothèses de sûreté qui président à la construction d'un équipement industriel pour le stockage des déchets radioactifs en couche géologique profonde.

Echec du projet ERP

En parallèle, l'Andra a développé un jumeau numérique de Cigéo, centralisant deux types d'information : la nature des composants de l'installation et les éléments qui ont conduit au choix de ces composants. Le jumeau, offrant un socle de données commun aux sous-traitants et équipes spécialisées intervenant sur le projet, doit accompagner tant la conception, que la construction et l'exploitation du site de stockage, qui doit être implanté à la limite des départements de la Meuse et de la Haute-Marne.

Pour la Cour des comptes, cette montée en puissance de l'agence et sa transformation en « acteur industriel » chargé de la maîtrise d'ouvrage et de la conception de Cigéo appellent une structuration des systèmes d'information. Un chantier bien engagé, notent les Sages, qui pointent tout de même quelques couacs. Notamment du fait des difficultés de l'Andra avec la refonte de son ERP couvrant achats, ventes, finances, contrôle de gestion et gestion des stocks. Initié dès 2019, en raison de la fin de la maintenance de la solution en place, le projet a été stoppé en 2022, après une dépense de 750 000 € (sur un budget estimatif de 2 M€). Après réexamen de ses besoins métier, l'Andra a relancé le projet, avec de premières migrations en 2025 pour une mise en production dans deux ans. La mise en oeuvre de cet ERP plus adapté aux missions de l'Andra, « dans l'enveloppe de coûts prévue », est d'ailleurs la première des 9 recommandations que la Cour des comptes adresse à l'Epic dans son rapport.

PublicitéUne DSI structurée depuis 2022

Autre lacune identifiée par la Cour des comptes : la sécurité. A la date de l'audit effectué par la juridiction, la politique de sécurité des SI de l'agence remontait à 2015, « ce qui est trop ancien pour un document de cette nature », soulignent les auteurs du rapport avec un sens de la litote si caractéristique de la Cour. La refonte de cette politique est en cours, mais des faiblesses demeurent en particulier sur les dispositifs de résilience (PCA et PRA). « L'ampleur et la complexité de ce projet ont été sous-estimées. L'agence envisage maintenant de réaliser des PCA et PRA à l'échelle des applications », écrit la Cour des comptes.

La structuration des SI de l'Andra résulte d'un plan de transformation de la fonction, qui a suivi un audit mené en 2020. Celui-ci a entraîné la création d'un département du système d'information (DSIN) au sein du secrétariat général de l'agence en septembre 2022, en lieu et place du service informatique et du service de gestion documentaire, plutôt positionnés comme des fonctions support. La DSIN est chargée de construire la vision stratégique, de définir les règles communes, d'accompagner les directions métier et, enfin, de planifier les moyens humains et financiers nécessaires à ces missions, détaillent la rue Cambon.

En 2024, l'Andra a consacré 7,1 M€ à ses SI, soit 1,1 M€ de plus qu'un an plus tôt et 2,8% du chiffre d'affaires de l'agence. Un bond provenant largement de la croissance des dépenses en cybersécurité, passées de rien en 2023 à 700 000 euros un an plus tard. « À ce stade, le budget ne semble pas réellement piloté par une vision globale de l'agence en matière de SI mais reflète l'agrégation des différents besoins », analyse toutefois la Cour des comptes.

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