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Un juge interdit à Microsoft de vendre son traitement de texte Word aux Etats-Unis

Un juge interdit à Microsoft de vendre son traitement de texte Word aux Etats-Unis

Encore un effet pervers des brevets logiciels : une fonction discriminante du format OOXML est en cause.

PublicitéLe cabinet d'avocats McKool Smith a indiqué qu'il avait obtenu d'un juge texan et au bénéfice de son client, l'éditeur canadien I4I, l'interdiction pour Microsoft de vendre son traitement de texte Word dans toutes les versions gérant le format texte de la famille Office Open XML (OOXML), ainsi que tous les autres programmes dans la même situation, et le paiement de 290 millions de dollars de dommages et intérêts. Microsoft a 60 jours pour s'exécuter mais a indiqué qu'il ferait appel. Tout cela, bien sûr, à cause d'une énième querelle autour d'un brevet logiciel... L'interdiction ne concerne pour l'heure que les Etats-Unis. Rappelons que les brevets purement logiciels sont strictement exclus dans les traités internationaux sur la propriété industrielle et ne sont pas non plus reconnus en Europe. L'impact sur des pays autres que les Etats-Unis est donc lié au fait que Microsoft ne maintiendra sans doute pas deux familles de produits incompatibles, l'une pour les Etats-Unis et l'autre pour le reste du monde. Bien entendu, tant que les recours n'ont pas tous été épuisés, la situation finale n'est pas connue. Cela risque de durer un certain temps... Après la guerre de la normalisation ISO qui a aboutit à une refonte du format OOXML, Microsoft fait donc subir à ses clients une deuxième longue période d'incertitude sur ses formats bureautiques. Au coeur du problème, les « schémas métier » Lorsque Microsoft a développé son propre format OOXML pour affronter le format concurrent OpenDocument (ODF), soutenu par Sun (OpenOffice), IBM, Google et la plupart des autres firmes du secteur, il avait notamment mis en avant les schémas métiers. Alors que toutes les suites bureautiques en ligne (GoogleApps...) ou en client lourd (OpenOffice...) concurrentes ont une approche traditionnelle, Microsoft voulait en effet faire de sa propre suite Office le moyen unique (ou principal) d'accès au système d'information, y compris aux applications métier. Le format des fichiers OOXML devait donc intégrer des capacités à se lier à de multiples applications tierces. Un document Word, par exemple, doit pouvoir insérer une « fenêtre » d'un PGI où l'utilisateur interagit avec le PGI comme s'il s'y trouvait. Cela se traduit par une personnalisation du schéma XML des fichiers OOXML. Or la fonction permettant de modifier automatiquement ce schéma XML par un logiciel bureautique (et non pas manuellement par un développeur) est précisément l'objet d'un brevet d'I4I. Au delà des ennuis immédiats de Microsoft, c'est donc bien tout un pan de la stratégie de l'éditeur qui est remis en cause. Une solution pourrait être de ne conserver dans Microsoft Office que le seul support d'OpenDocument, une autre de retirer l'originalité principale d'OOXML. Dans les deux cas, ce serait pour le moins un pied de nez de l'histoire et une humiliation sans précédent pour le géant de Redmond.

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