Stratégie

Les DSI vont rendre les CDO obsolètes

Pascal Matzke, vice-président de Forrester, si les DSI deviennent des orchestrateurs, ils vont rendre les CDO obsolètes (photo twitter).

Pour 2018, Forrester prévoit plusieurs modifications du rôle des DSI qui devraient rendre les CDO obsolètes.

PublicitéParmi ses nombreuses prédictions pour l'année nouvelle, le cabinet Forrester s'attend à une utilisation par les DSI de formules par abonnement, le recours à des compétences freelances, et le passage par une activité de capital-risqueurs pour découvrir des technologies émergentes.

Si les DSI se montrent capables d'engager toutes ces actions, elles rendront le CDO (chief digital officer) obsolète. Les CDO sont souvent embauchés pour briser les silos numériques, mais restent souvent confinés sur le périmètre digital. Ils peuvent obtenir des résultats dans leur domaine, mais ne parviennent pas à générer des changements pour toute l'entreprise.

Changer en s'adaptant

« 2018 est l'occasion pour les DSI de se mettre en valeur », explique Pascal Matzke, vice-président de Forrester et directeur de la recherche sur les DSI. « S'ils parviennent à prendre en compte cette dimension d'orchestration, ils rendront le CDO obsolète. C'est grâce à cette orchestration que vous pouvez montrer que vous n'exercez pas un rôle artificiel ».

Pascal Matzke estime que les DSI peuvent le faire en passant d'une stratégie traditionnelle axée sur les résultats techniques, des gains d'efficacité et la réduction des coûts à une approche plus dynamique où la technologie est alignée sur les besoins changeants de l'entreprise. « Il s'agit vraiment de passer de modèles de livraison linéaires, axés sur les processus commerciaux transactionnels, à ce nouveau modèle qui utilise les technologies émergentes autour de l'interaction plutôt que de la transaction », explique le vice-président de Forrester.

La transformation digitale entraîne un changement fondamental dans les compétences. Les DSI devront investir dans des expertises liées à l'expérience utilisateur et à des concepts tels que la conception et la recherche ethnographique. Elles nécessiteront moins de personnel dans des domaines traditionnels tels que la gestion et l'ingénierie de l'infrastructure, des développeurs plus agiles et des concepteurs créatifs.

Aller vers un modèle par abonnement

Forrester prédit également une évolution majeure vers des produits disponibles par abonnement. Elle commence à se vérifier. Les voitures peuvent désormais être louées à la demande, grâce à des services comme DriveNow. L'abonnement aura plus d'impact dans les secteurs industriels en raison du coût élevé des immobilisations. Une entreprise comme Rolls-Royce facture les compagnies aériennes pour ses turbines en fonction du nombre d'heures de vol qu'elles réalisent. Hitachi, lui, propose un modèle de «trains as a service» dont le coût est déterminé par la fiabilité des trains.

« Ces modèles d'affaires aident les entreprises à s'aligner sur les exigences changeantes des clients, car les cycles économiques se rétrécissent », explique Pascal Matzke. « Cette contraction s'observe en termes d'innovation et de cycles de vie des produits, et en même temps, nous avons un niveau élevé d'imprévisibilité et de volatilité sur le marché. Pour tout producteur de biens d'équipement ou d'actifs fixes, le meilleur service à fournir aux clients est d'aligner la valeur qu'ils offrent sur la manière dont les activités du client fonctionnent réellement ou comment le consommateur change au cours de ses déplacements quotidiens ».

PublicitéCes besoins changeants ont rendu le développement bimodal obsolète. Pascal Matzke estime que l'exécution d'une stratégie technologique à travers deux flux fonctionnant à des vitesses différentes ne parvient pas à suivre le rythme de vie des clients : « vous créez un écart de vitesse énorme entre ce que vous faites avec le client et comment vous alignez les services de backend. C'est pourquoi, je pense que le composant d'orchestration est si important ».

Les DSI devront réfléchir dès le départ à la manière d'intégrer les technologies de back-office aux cycles de vie des clients, transformer et remplacer rapidement de nombreux systèmes existants.

Quelles technologies émergentes pour 2018 ?

Forrester prédit des fortunes diverses pour les technologies émergentes les plus médiatisées en 2017. Le cabinet s'attend à une mise en pratique de l'intelligence artificielle et de l'IoT. Ce dernier a déjà évolué d'une technologie émergente à une technologie concrète. Il a un impact majeur avec la montée en puissance des capteurs IoT dans l'industrie. Dans le passé, ces projets auraient généralement été traités comme relevant de la sphère personnelle, mais les entreprises commencent à adopter une approche plus holistique, soutenue par des plates-formes IoT telles que GE Predix. Les intégrations en pleine croissance créent de nouvelles expériences client lors de l'achat de produits comme les voitures. La blockchain n'est pas encore à ce stade de développement.

Les DSI doivent penser comme des capital-risqueurs pour tirer cette valeur des technologies émergentes. « Ils doivent appliquer cet état d'esprit, gérer les technologies émergentes ou traditionnelles comme un portefeuille et chercher des occasions d'innover », explique Pascal Matzke. « En le reliant aux questions commerciales qu'ils peuvent aider à résoudre avec ces technologies ».

Nouveaux défis d'embauche

La pénurie de compétences est un problème de longue date qui ne montre aucun signe d'atténuation. Forrester suggère que la meilleure réponse peut être trouvée par le recours à des freelances, la communauté open source et leur réseau de fournisseurs externes. Ils peuvent identifier ces talents en organisant des hackathons et d'autres concours d'innovation.
« C'est un tournant car cela répond aussi aux besoins des employés qui ne recherchent pas forcément 15 ou 20 ans d'emploi, mais préfèrent deux, trois ou quatre projets sympas pour travailler et finalement aller de l'avant, souligne Pascal Matzke. « Je pense que c'est là que les DSI cherchent des opportunités. »

« Ce qui est intéressant, c'est qu'il y a maintenant plus qu'une convergence entre les marchés B2B et B2C », analyse Pascal Matzke. C'est toujours le consommateur qui agit à la fin de toute la chaîne de valeur, il s'agit donc de réfléchir à la manière dont vous allez servir non seulement votre client mais aussi le client du client.

« Le DSI doit devenir cet orchestrateur autour des technologies de base, il doit agir en tant que capital-risqueur, exploiter les talents et automatiser pour réussir ».

Thomas Macaulay / CIO UK (adapté par Didier Barathon)