L'agilité, un enjeu business


La DSI agile : accélérer, innover et mieux servir les métiers
Même si l'enquête réalisée par CIO montre que beaucoup d'entreprises n'en sont pas convaincues, la DSI a l'obligation d'être de plus en plus agile. Le 13 juin 2017, CIO a organisé une Matinée Stratégique avec les témoignages de nombreuses entreprises sur ce thème de l'agilité. En voici le...
DécouvrirCIO a organisé une Matinée Stratégique le 13 juin 2017 à Paris sur la DSI Agile où la deuxième table ronde était sur le thème « L'agilité pour mieux servir les métiers ». Y ont témoigné Frédéric Burel (DILA) et Dimitri Baeli (CTO chez LesFurets.com).
PublicitéL'agilité n'a de sens que si elle créé de la valeur pour l'entreprise, une valeur métier, économique, business. En organisant une Matinée Stratégique le 13 juin 2017 à Paris sur la DSI Agile, CIO ne pouvait pas passer cet aspect de l'agilité sous silence. La deuxième table ronde a donc été consacrée au thème « L'agilité pour mieux servir les métiers ». Elle réunissait Frédéric Burel, responsable du pôle administration numérique de la DILA (Direction de l'information légale et administrative), et Dimitri Baeli, CTO chez LesFurets.com. Dimitri Baeli est par ailleurs parmi les organisateurs de la conférence annuelle Lean Kanban France, démarche qui complète le Scrum.
Bien qu'issus de secteurs n'ayant rien à voir, ces deux témoins ont comme point commun de devoir être agile, bien entendu, mais avec des objectifs métiers précis à remplir et le tout dans un environnement assez contraint. La DILA (Direction de l'information légale et administrative) appartient en effet au secteur public, une administration centrale rattachée au Premier Ministre, en étant le résultat de la fusion des Journaux Officiels et de La Documentation Française. LesFurets.com est, lui, un service en ligne, comparateur d'assurances assurant 2,5 millions de propositions de contrats (devis) par an, chaque contrat conclu étant la source unique de son chiffre d'affaires.
Une administration centrale à l'heure du numérique agile
« La DILA s'est totalement tournée vers le numérique, même s'il reste des produits d'édition, le dernier Journal Officiel papier étant paru le 31 décembre 2015 » a rappelé Frédéric Burel. La DILA a pour missions d'éclairer le débat public notamment en expliquant la vie politique, d'expliquer la réglementation et de donner de l'information en orientant vers des démarches en ligne. Pour cette mission d'information administrative, la DILA repose sur Service-Public.fr. Créée en 2000, cette plate-forme s'était déjà distinguée à l'époque en remportant un Trophée Entreprises et Société de l'Information décerné par Le Monde Informatique et CIO. Elle a été récemment refondue en mode agile mais sans perdre tous ses impératifs métier, bien au contraire.
Frédéric Burel s'est souvenu : « le choix d'opter pour une méthode agile a été opéré suite à un retour d'expérience. » En effet, le retour utilisateur est devenu une composante essentielle d'un projet de cette nature et les cycles longs ne peuvent plus être retenus dans des projets dont la visibilité est importante. « Les enquêtes réalisées sur le grand nombre de courriers électroniques reçus ne suffisaient pas, nous voulions avoir un vrai retour des utilisateurs, avec mon point de vue métier, et même placer l'utilisateur au centre de la construction du service » a insisté Frédéric Burel. De plus, techniquement, l'enjeu était aussi de concentrer des connexions à toute une série d'API, dans le cadre de la logique d'Etat Plate-Forme, puisque l'engagement pris est celui du « dites le nous une seule fois », c'est à dire que l'utilisateur, particulier ou entreprise, n'a pas à répéter à une administration une information déjà donnée à une autre administration. Enfin, l'agilité permet, grâce à ses cycles courts, de maîtriser les budgets en délivrant régulièrement des développements de qualité.
PublicitéInjecter l'Ops dans le Dev sans oublier les métiers
De plus, le renouvellement technique de Service-Public.fr a été opérée en intégration continue, ce qui implique de jouir d'une parfaite intégration entre développements et opérations, malgré les rigidités traditionnelles des administrations. « Cette période a été clairement un moment de construction avec des équipes partageant de mêmes lieux » s'est souvenu Frédéric Burel. Même si l'opérationnel peut et doit être pris en compte par chaque développeur, des opérationnels de références ont été injectés au sein des équipes de développement. Frédéric Burel a cependant rappelé : « mais le go appartient toujours au métier. » Dès ce go donné, le développement concerné passe directement en production, ce qui implique qu'il ait été parfaitement testé sur le plan technique.
Servir des millions d'utilisateurs exigeants est aussi l'impératif de LesFurets.com. Dimitri Baeli a expliqué : « notre fonction est de présenter le marché de l'assurance à nos utilisateurs. Il nous faut donc nous connecter à l'ensemble des web-services de tous les assureurs pour fournir, pour un contrat donné, un prix exact à nos utilisateurs. » Si le service fourni est le même depuis les origines de LesFurets.com, il est sans arrêt retravaillé et optimisé. « On ajoute des partenaires, de l'ergonomie... pour toujours mieux servir nos utilisateurs, et donc avec une forte implication permanente des métiers » a insisté Dimitri Baeli.
Tout changer pour que rien ne change (ou presque)
Les 500 000 lignes de code du service subissent ainsi des mises à jour quotidiennes alors même que le métier ne change pas. Cette contradiction n'est qu'apparente comme l'a expliqué Dimitri Baeli : « les produits d'assurances évoluent, les technologies évoluent, les attentes des Internautes évoluent... et nous avons aussi de nouvelles idées pour améliorer notre service. L'an dernier, l'ajout du paiement en ligne pour la première souscription à un contrat a imposé que l'on redéveloppe de nouveaux liens avec nos partenaires assureurs. »
La mise en oeuvre de telles nouvelles possibilités va de pair avec les attentes du métier. « Nous devons contraindre le métier le moins possible » a ainsi insisté Dimitri Baeli. Cela passe par la livraison en production de tout ce qui est, en termes de développement, prêt. Livrer tout ce qui est prêt, au plus tôt, c'est, bien sûr, également, permettre à ce qui a été développé de délivrer de la valeur au plus tôt. Dimitri Baeli a cependant relevé : « cette approche nous a amené à changer notre manière de faire. Il n'est plus question de sans cesse tout mélanger dans le code source mais de bien séparer, jusqu'au bout, ce qui est à livrer du reste. Ainsi, ce qui est prêt est livré mais uniquement ce qui est prêt. Ce qui n'est pas jugé prêt, il y a de bonnes raisons pour cela. L'IT et le métier doivent se faire confiance à ce sujet et, jusqu'au bout, il faut un accord du métier et un accord technique. Il ne faut pas se retrouver forcé de mettre en production parce qu'une date d'échéance a été atteinte. »
Des équipes orientées produits
Poussant la logique agile jusqu'au bout, LesFurets.com n'a pas d'équipe technique et d'équipe métier mais une équipe par produit où se mêlent développeurs, opérationnels et métiers. « Pour que ça marche, c'est simple : tout est orienté en fonction de l'utilisateur » a observé Dimitri Baeli. Et les collaborateurs marketing, techniques, etc. restent toujours avec des objectifs orientés clients, même les équipes en charge du stockage de données.
Malgré tout, même si cela peut sembler simple, la mise en place de cette organisation est passée par un « cassage de murs ». Le premier mur à casser était entre les développeurs et les opérationnels, le deuxième entre l'IT et le métier. Et cela est bien passé par les gimmicks « livrer quand c'est prêt » et « pour tel objectif client » qui impliquent tout le reste. Le « livrer quand c'est prêt », c'est finalement l'application du flux tendu industriel à l'informatique, avec les mêmes conséquences. Le corollaire, rappelé par Dimitri Baeli, est que « une idée qui se révèle bonne doit donner de la valeur vite ; une idée qui se révèle mauvaise doit échouer vite » (pour qu'on y renonce vite).
Article rédigé par

Bertrand Lemaire, Rédacteur en chef de CIO
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