EDF Energy mise sur l'IA pour optimiser la gestion de ses centrales nucléaires

Le groupe EDF s'intéresse de près aux technologies d'intelligence artificielle et machine learning. Alors qu'en Grande-Bretagne la société compte l'utiliser à des fins de maintenance prédictive, en France le deep learning a été utilisé dans un projet de création de réplique numérique de centrales nucléaires.
PublicitéInvité au dernier AI Summit à Londres (9-10 mai), David Ferguson, le directeur de l'innovation numérique d'EDF Energy, la filiale britannique du géant français de l'énergie s'est montré d'humeur taquine. Ce dernier s'est en effet légèrement moqué du fameux mantra « agissez d'abord, réfléchissez ensuite » prôné par Mark Zuckerberg le CEO de Facebook, en indiquant que cela ne fonctionne pas vraiment lorsque l'environnement de travail est constitué de centrales nucléaires. Bien que travaillant dans une « industrie historiquement dangereuse », David Ferguson a expliqué qu'il existe une belle place pour l'innovation numérique dans l'énergie, particulièrement pour améliorer les processus principalement manuels, papier actuellement en place.
EDF Energy est l'un des plus grands fournisseurs d'énergie en Grande-Bretagne. En 2008, le fournisseur avait renforcé sa présence dans ce pays en rachetant British Energy pour 15 milliards d'euros. Au sein de cette filiale, David Ferguson travaille au sein du bras armé R&D d'EDF Energy, spécifiquement autour de l'innovation numérique. Son équipe est responsable de la conception de démonstrations (proof of concepts) pour « démontrer la valeur et le potentiel des nouvelles technologies. C'est notre boulot d'agir rapidement et de casser les choses dans un environnement contrôlé ».
Des centrales nucléaires pas encore auto-pilotées
EDF regarde un grand nombre de cas d'usage en intelligence artificielle dans ses activités. Concernant les centrales nucléaires, le fournisseur d'énergie veut utiliser l'IA pour de la maintenance prédictive. « Pour prendre des données depuis des capteurs autour de la centrale et identifier d'abord pourquoi un composant tombe en panne et ensuite prévoir quand », a indiqué David Ferguson. Plus intéressant encore, l'idée d'utiliser l'intelligence artificielle pour du suivi des conditions de fonctionnement en temps réel pour fournir des avertissements aux opérateurs des centrales. « L'avertissement prescrit ce qu'ils pourraient faire ou, dans le futur, automatiser la centrale ». David Ferguson a toutefois précisé qu'il ne parlait pas encore, à ce stade, de centrales nucléaires auto-pilotées.
« Tout ce que nous faisons pour changer la façon dont les centrales fonctionnent est hautement régulé et notre stratégie de sûreté est basée sur de multiples couches pour assurer la sécurité du système dans son ensemble, de sorte que notre objectif n'est pas de dépendre d'un seul outil d'intelligence artificielle », a précisé M. Ferguson.
Smart metering et chatbots en usage domestique
En France, une équipe d'EDF utilise par ailleurs l'IA pour réaliser des simulations et connecter numériquement des composants physiques avec des manuels d'instructions numériques. En effectuant des scans laser et des images panoramiques de l'intérieur des centrales, EDF peut commencer à identifier ces 30 000 composants beaucoup plus rapidement qu'un humain. Passer à travers dix milliards de pixels d'informations recueillies dans ces images pour trouver ces 30 000 étiquettes auraient pris quatre mois par centrale si elles étaient réalisées par des humains, estime David Ferguson. Ainsi, EDF a développé des modèles deep learning pour « pouvoir identifier ces labels parmi ces images et les identifier. Cela a pris trois semaines de travail, ce qui a permis de gagner beaucoup de temps et d'efforts ».
Publicité Remonter les données avec AWS
Sur l'aspect grand public, EDF a également testé l'intelligence artificielle pour effectuer de la reconnaissance de personnes pour traiter les chiffres des compteurs envoyées par ses clients. Jusqu'à présent, EDF recevait des photos des relevés de compteurs via son application mobile et les envoyait ensuite à un centre offshore où un humain notait ce nombre avant de le rentrer dans le système. La société a donc développé une solution de reconnaissance optique de caractères pour recadrer la zone des chiffres et la traiter avec au final avec une précision de 79%. « Cela remonte à quelques années, alors nous allons en faire une autre en utilisant des techniques plus modernes », a expliqué David Ferguson.
Maintenant, comme beaucoup de ses concurrents, EDF se penche sur l'IA pour l'aider à comprendre les masses de données qu'il reçoit des compteurs intelligents du client. En travaillant avec AWS (vraisemblablement la plate-forme AWS IoT), EDF est capable de « collecter des données à partir de compteurs intelligents et de thermostats et commence à appliquer l'apprentissage machine pour dégager des informations intéressantes ». « Jamais auparavant, nous n'avons eu tant d'informations sur nos clients et cela offre d'énormes opportunités pour comprendre comment ils utilisent l'énergie dans leur maison et ce qui est important pour eux », a fait savoir David Ferguson. EDF a également expérimenté des chatbots pour le service client en utilisant la solution API.ai afin de fournir des services de traitement en langage naturel. Il a amélioré cette plate-forme vocale « en utilisant Alexa comme un moyen pour permettre à nos clients d'accéder à l'information énergétique ».
Vers une maison connectée vraiment automatisée
Dans le futur, EDF étudie l'IA pour affiner son concept de maison connectée et aider les clients à réduire leur consommation. La société espère aussi pouvoir proposer aux clients une lecture plus personnalisée de la performance énergétique de leur maison, et commencer à leur fournir des conseils sur mesure. Voire, idéalement, commencer à automatiser la consommation sans que le consommateur ne le remarque. « Donc si notre système automatisé éteint la température, comment réagissez-vous à cela ? Avez-vous remarqué la chose ? Vous plaignez-vous ? Avec un système automatisé, nous pouvons commencer à tester ces choses et à mesurer les réactions », a indiqué David Ferguson. « C'est cela que nous voulons viser, la maison connectée vraiment automatisée. »
Scott Carey / IDG News Service (traduit et adapté par Dominique Filippone).
Article rédigé par

IDG News Service,
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