Stratégie

Disruption numérique : la seule solution pour les DSI, c'est l'innovation

Les DSI trouvent de nouvelles méthodes pour aller chercher l'innovation (photo DR).

Les DSI américains adoptent un éventail d'approches de l'innovation pour faciliter leur transformation numérique.

PublicitéLa perturbation numérique affecte la plupart des secteurs, obligeant les entreprises à redoubler d'efforts pour innover. Comme leurs concurrents se dirigent vers les mêmes objectifs, les entreprises prennent de nouveaux risques, accélèrent leurs transformations numériques, en expérimentant de nouveaux services et de nouvelles capacités explique CIO.com, qui a recueilli plusieurs témoignages lors de la conférence Forbes Next CIO à New York le mois dernier.

Les DSI évoluent-elles assez vite ? Les deux tiers des chefs d'entreprise interrogés par Gartner estiment que leurs entreprises doivent accélérer le rythme de la numérisation pour rester compétitives. C'est aux DSI de s'en charger, en prise directe avec la direction de l'entreprise. Voici un aperçu de ce que font plusieurs DSI de premier plan pour stimuler l'innovation dans leurs organisations.

Une livraison à domicile axée sur les données

Premier exemple, celui des restaurants. Ils ont du mal à s'adapter dans un monde où les consommateurs préfèrent de plus en plus commander et regarder Netflix. De nombreuses chaînes aux Etats-Unis se démènent pour s'associer avec Uber Eats, GrubHub, DoorDash et d'autres services de livraison de repas. Mais pas Bloomin Brands. Lui construit son propre réseau de livraison, explique Donagh Herlihy, vice-président exécutif chargé du numérique et DSI de la société propriétaire des chaînes Outback Steakhouse, Carrabba's Italian Grill, Flemings Steakhouse et Bonefish Grill.

Pourquoi lancer son propre service de livraison ? La première raison est financière, les partenaires livreur accaparent jusqu'à 25 pour cent du prix d'un repas, annulant les bénéfices potentiels. De plus, ces partenaires récupèrent les données générées par une commande et en dépouillent le restaurant. Ce dernier problème est crucial car Bloomin, qui envoie actuellement des promotions par e-mail en masse aux consommateurs, veut améliorer son ciblage et personnaliser ses envois. Donagh Herlihy a donc enrichi son datalake, en utilisant la technologie d'apprentissage automatique de Microsoft dans Azure pour affiner ses messages.

«Nous devons être très axés sur les données, nous lançons également un programme de fidélisation des clients, qui compte actuellement 4,6 millions de consommateurs », explique Donagh Herlihy. Ce service, disponible via l'application mobile Bloomin, vérifie l'identité des invités quand ils entrent dans le parking et permet aux clients de payer les repas depuis leur téléphone sans attendre que le serveur apporte la facture. Bloomin ajoute une fonctionnalité sur son application mobile pour permettre aux clients de suivre leur livraison quand elle se dirige vers leur domicile.

Faire appel au conducteur lambda pour aider ses assurés

PublicitéLa compagnie d'assurances Allstate offre une assistance routière aux conducteurs en difficulté. Mais elle a eu du mal à trouver rapidement des dépanneuses, les conducteurs attendant de 60 à 75 minutes pour obtenir de l'aide. C'est long. Surtout quand vous n'avez plus d'essence ou que vous avez besoin d'un dépannage rapide. « En plus, c'est cher et ça prend du temps », remarque Suren Gupta, vice-président exécutif chargé de la technologie chez Allstate. Il ajoute : « pourquoi aurions-nous besoin d'une dépanneuse pour venir en aide à nos assurés ?».

Suren Gupta a décidé qu'Allstate pourrait « crowdsourcer » cette aide, donc l'obtenir de l'extérieur par une coopération avec d'autres acteurs. Le géant de l'assurance (40 milliards de dollars de CA annuel) a lancé l'année dernière le Good Hands Rescue Network. Il est disponible pour les conducteurs qui ont téléchargé l'application mobile Good Hands sur leurs téléphones. Lorsqu'ils tombent en panne, ils peuvent lancer l'application, parler, taper ou envoyer un texto à un chatbot pour demander de l'aide à l'un des 1000 sauveteurs inscrits. Des chauffeurs de taxi ou des conducteurs lambda, qui viendront remplir le réservoir ou donner un coup de pouce pour le dépannage. Le temps d'attente est désormais réduit à 37 minutes en moyenne.

Une telle innovation fait partie du mandat de Suren Gupta pour diversifier les revenus d'Allstate, avec une industrie automobile qui est à la veille de graves perturbations, du fait de la conduite autonome. Allstate a acquis l'an dernier Squaretrade, elle vend des garanties aux consommateurs qui achètent des téléphones cellulaires et d'autres appareils électroniques dans des magasins grande surface comme Costco et Target.

Rechercher des entrepreneurs pour résoudre vos problèmes

Depuis qu'il a rejoint l'assureur Northwestern Mutual en 2006, Karl Gouverneur a fait ce qu'il appelle le «safari de la Silicon Valley» pour repérer des innovations. Ce directeur de l'innovation a fait du speed dating avec les startups, il a organisé des hackathons et des journées de démonstration et a travaillé avec la société de capital-risque et l'incubateur internes de l'entreprise pour apprivoiser de nouvelles technologies. Maintenant, il passe à une nouvelle étape.

Ce mois-ci, Northwestern Mutual a organisé un événement, le «reverse pitch», invitant les entrepreneurs à se renseigner sur les défis commerciaux spécifiques, ceux qui ne sont pas abordés par les fournisseurs existants. Ces défis comprennent l'automatisation dans l'élaboration des contrats d'approvisionnement, la réduction des frictions dans l'identification des clients et des prospects par les médias sociaux. Les équipes qui acceptent de relever ces défis peuvent obtenir un investissement initial de 85 000 dollars, avoir accès à des mentors et à des réseaux d'entreprise, ainsi qu'à un espace de travail au siège social de Northwestern Mutual, au centre-ville de Milwaukee, dans le Wisconsin. La date limite pour les équipes qui veulent s'engager dans ces défis est le 10 décembre.

L'optimisation des cultures agricoles grâce aux données

L'agriculture et la haute technologie pourraient diverger, mais Monsanto n'est pas de cet avis. Son DSI, James Swanson, a mis en place une plateforme d'analyse conçue pour identifier les meilleures conditions pour la culture du maïs et d'autres cultures. Surnommé science @ scale, ce système inclut des millions de points de données sur la génétique des semences, le climat, l'eau, le sol.

Science @ scale s'appuie sur des technologies telles qu'Amazon Web Services et l'application d'apprentissage automatique TensorFlow de Google pour effectuer des simulations qui, auparavant, prenaient des mois à traiter, augmentant ainsi le chiffre d'affaires de 17 millions de dollars. James Swanson a comparé l'approche de Monsanto à la médecine personnalisée, l'entreprise aidant les clients individuels à identifier les graines, les conditions et les sols pour faire pousser leurs cultures. Monsanto peut actuellement identifier les conditions de croissance optimales jusqu'à une parcelle de 10 mètres sur les terres d'un agriculteur. « Ce n'est vraiment que le début, car nous tirons de plus en plus d'informations, nous deviendrons plus efficaces au fil du temps » souligne James Swanson. « La plus ancienne industrie de la planète est en train d'être transformée par la technologie et par la science des données ».

Le moteur entrepreneurial

À l'instar de James Swanson de Monsanto, Lynden Tennison, DSI d'Union Pacific (UP), a pour mission de numériser une ancienne industrie, celle des chemins de fer. UP a lancé PS Technology (PST), une entité commerciale qui vend des solutions technologiques ferroviaires aux concurrents et partenaires de l'entreprise. Grâce à PST, UP est aujourd'hui l'un des plus importants fournisseurs de systèmes de simulation pour locomotives. La filiale réinvestit 8% de son chiffre d'affaires dans la recherche et le développement.

S'appuyant sur cet esprit d'entreprise, Tennison a également lancé Breeze Broadband Communications, qui exploite les infrastructures de communication des chemins de fer pour fournir le haut débit sans fil aux marchés ruraux mal desservis. PST et Breeze, conceptualisés au sein de la DSI, ont contribué à augmenter le chiffre d'affaires d'UP de 50 millions de dollars, selon Lynden Tennison.

Clint Boulton / CIO US (traduit et adapté par Didier Barathon)