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Comment les plateformes low-code transforment le développement de logiciels

Comment les plateformes low-code transforment le développement de logiciels
Craig Walker, DSI de Shell Downstream, estime : « le low code accélère les phases de proof of concept et la mise sur le marché des applications. »

Ces plateformes conçues sur le principe du glisser-déposer permettent aux développeurs d'assembler des applications sans avoir besoin d'écrire du code. Shell Downstream, NTT Data Services et 7-Eleven font partie de ces entreprises qui exploitent les outils low code pour créer de la valeur métier. CIO Etats-Unis en a interrogé les DSI.

PublicitéLes méthodes agiles et DevOps ne sont pas les seules options à la disposition des DSI pour accélérer le développement d'applications.

En complément des sprints qui permettent de construire rapidement des applications, les développeurs utilisent des plateformes low code afin de combiner différents composants applicatifs, y compris des données et de la logique, depuis une interface conçue sur le principe du glisser-déposer. Pour prendre une image, celles-ci s'apparentent à des blocs de Lego virtuels que les développeurs peuvent déplacer avec la souris et greffer à leurs créations.

Pour les analystes de Forrester Research, les plateformes low code se différencient des solutions no-code. Ces dernières permettent à des « développeurs citoyens » la plupart du temps des analystes métier avec peu, voire pas d'expérience en programmation, d'utiliser des outils visuels similaires pour assembler des applications. Avec une solution low code, les développeurs peuvent encore avoir besoin d'écrire un peu de code, par exemple pour s'intégrer avec des applications plus anciennes, pour faire du reporting ou pour répondre à des exigences spécifiques en termes d'interface utilisateur.

Le low code commence à susciter l'intérêt des entreprises

Selon Forrester, le marché total des plateformes de développement low code devrait atteindre 21,2 milliards de dollars en 2022, avec un taux de croissance annuel composé de 40%. Une enquête du cabinet indiquait par ailleurs que 23% des développeurs au niveau mondial avaient utilisé des plateformes low code en 2018, et que 22% supplémentaires prévoyaient de le faire en 2019.

Pour les entreprises qui tentent de sortir une application avant leurs concurrents ou celles qui cherchent à moderniser leurs applications legacy, la réduction des délais associée au développement low code peut s'avérer significative. Ainsi, 31% des développeurs d'applications interrogés par Forrester témoignent de difficultés à répondre aux exigences des métiers en termes de délais quand ils bâtissent des applications avec les approches de développement classiques, qui associent langages de programmation, frameworks et middlewares.

Pour CIO.com, des décideurs techniques ont débattu des vertus des outils low code dans le cadre de leurs processus de développement d'applications.

Le low code aplanit certaines difficultés liées aux fusions-acquisitions

Une approche low code peut être une vraie bénédiction dans le cadre des opérations de fusion-acquisitions, comme NTT Data Services l'a appris quand l'entreprise a racheté Dell Services pour 3 milliards de dollars US en 2016. Le low code a aidé NTT à réduire le nombre d'applications venant de Dell Services de 1 000 à 122, témoigne le DSI de NTT Data Barry Shurkey, qui ajoute : « il s'agissait de ne pas rapatrier ce dont nous n'avions pas besoin. »

PublicitéPour NTT, il s'agissait d'une nouvelle approche, a expliqué le DSI à l'occasion du CIO 100 Symposium 2019 d'IDG. L'entreprise a identifié quelques applications ponctuelles pour la finance et les RH, qui avaient besoin d'être modernisées mais pour lesquelles cela n'avait pas de sens d'investir des ressources afin de les réécrire totalement. Ensuite, l'entreprise a mis en place un processus de sélection sur une semaine, durant laquelle plusieurs vendeurs de plateformes low code ont été mis en compétition. Le but était de voir quelle solution pouvait le mieux mettre à jour les applications concernées.

Pour la compétition, NTT Data a créé des équipes où chaque fournisseur était associé à des développeurs seniors et des analystes métier, avant de les confronter à des problématiques inspirées du monde réel. Par exemple, un jour l'entreprise a simulé l'arrêt maladie d'un chef de projet, pour voir quelles équipes parvenaient à s'adapter à l'imprévu et aux demandes de changement typiques dans ce genre de projet. Le jour des démonstrations, NTT Data a évalué les équipes en se basant sur 21 critères, incluant la sécurité, la gouvernance, les coûts et le modèle de licence.

« Si cette étape a permis à NTT Data d'identifier son partenaire, elle a également permis à l'équipe technique de se familiariser avec le développement low code », souligne le DSI.

Le low code au service de la production de pétrole

Le DSI de Shell Downstream, Craig Walker, qui supervise une transformation digitale incluant le passage d'applications sur site à des services cloud, explique que le développement low code a accéléré la phase de proof of concept, permettant à son entreprise de mettre des applications sur le marché plus rapidement.

« Il me suffit de glisser et déposer quelques éléments : un utilisateur peut ensuite regarder ces données et découvrir que celles-ci lui apprennent quelque chose qu'il ignorait », témoigne Craig Walker. Celui-ci ajoute que son équipe utilise le low code pour construire des portails destinés aux clients, ainsi que d'autres services numériques pour les départements chargés des fusions-acquisitions, de la distribution, des ressources humaines, des ventes ou du marketing.

Pour Craig Walker, cette transition numérique - qui marque la fin d'années passées à coder des applications spécifiques - est directement liée aux bouleversements à l'oeuvre dans le secteur de l'énergie. Il précise que Shell écrit son propre code seulement quand l'entreprise veut se différencier en termes de propriété intellectuelle, ou développer des services qui peuvent représenter un avantage compétitif.

Faciliter l'accès aux données de vente des Slurpee*

Le distributeur 7-Eleven a adopté le low code pour fournir des informations tarifaires à ses managers régionaux, qui visitent jusqu'à dix magasins par jour. Paul McCollum, responsable technique chez 7-Eleven, raconte que l'enseigne de proximité, qui exploite plus de 10 000 points de vente aux Etats-Unis, a construit une application d'optimisation des prix sur le terrain, qui permet à ces managers régionaux d'accéder à des données de vente pertinentes. Les managers, qui accèdent à ces données depuis leurs ordinateurs portables, tablettes ou smartphones, peuvent ensuite travailler avec les franchisés pour augmenter les ventes et améliorer le placement des produits dans les magasins.

Paul McCollum précise que le low code lui a permis de reproduire un grand nombre de fonctionnalités d'applications d'entreprise dans cet outil, qui a remplacé une feuille de style Excel très chargée. Par ailleurs, quand un manager remarque un tarif incorrect, il lui suffit de cliquer sur un bouton pour envoyer un rapport à un point de vente, afin de le prévenir de mettre à jour le prix. « Grâce au low code, j'ai pu écrire cette application en quatre jours », souligne Paul McCollum. « Cela répond à notre objectif, qui est de mettre davantage d'outils technologiques à la disposition de nos utilisateurs ».

Offrir un meilleur service client aux assurés

Le département IT de l'assureur John Hancock a consolidé des données clients issues de plusieurs systèmes, nettoyant au passage l'ensemble de ses données de référence et migrant ses opérations sur Salesforce.com. Une fois ces étapes franchies, l'équipe a commencé à utiliser le low code pour mettre davantage le client au centre de sa transformation numérique, comme le raconte Len van Greuning, vice-président et directeur technique de l'entreprise.

Len van Greuning a utilisé les modèles de données et de cybersécurité prédéfinis dans la plateforme pour permettre à des non-développeurs de configurer l'environnement, tout en conservant celui-ci « le plus standard possible ». Par exemple, des workflows mis en oeuvre sur les écrans des centres d'appel de l'entreprise permettent aux collaborateurs de capturer des données clients et d'y accéder depuis Salesforce.com. L'entreprise a aussi créé un service numérique qui permet aux clients de transférer automatiquement des copies scannées de leurs demandes dans Salesforce.com, alors qu'auparavant ils étaient obligés d'envoyer celles-ci par fax.

« Les développeurs peuvent aussi utiliser l'approche low code pour assembler et créer rapidement des prototypes d'applications susceptibles d'intéresser les métiers », indique Len van Greuning.

Les plateformes de développement low code

Les entreprises ont une multitude d'options de développement low code à leur disposition, parmi lesquelles Salesforce, Microsoft, Appian, Mendix et OutSystems. Shell Downstream, John Hancock et 7-Eleven utilisent par exemple les outils de Salesforce.com.

D'après Leyla Seka, vice-présidente exécutive et directrice de l'équipe Mobilité chez Salesforce.com, le low code progresse car il y a une grosse pénurie de développeurs capables de construire des applications mobiles élégantes, qui ressemblent dans leur design et leur fonctionnement aux applications que les consommateurs utilisent dans leur vie quotidienne. « Ces talents sont très durs à trouver », déclare-t-elle.

Salesforce.com cherche à faciliter la tâche des entreprises avec un environnement de développement low code et des composants JavaScript préconstruits, conçus pour aider les développeurs des entreprises à bâtir des applications avec des workflows et des notifications mobiles en mode push.

Alors que le low code gagne de plus en plus d'adeptes, le vrai développement rigoureux ne va pas pour autant disparaître, fait remarquer Len van Greuning. « Il reste toujours des créneaux sur lesquels vous souhaitez vous différencier, et où vous avez besoin de développements poussés. Cela sera toujours vrai. Mais le low code est fantastique quand il s'agit de fournir des services de base. »

* [NDLR] Slurpee est une marque de boissons glacées vendue uniquement chez 7-Eleven.

Article de Clint Boulton / CIO Etats-Unis (Adaptation et traduction par Aurélie Chandèze)

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