Stratégie

Agilité IT à l'échelle : étendre l'agilité de l'IT à la totalité de l'entreprise

Agilité IT à l'échelle : étendre l'agilité de l'IT à la totalité de l'entreprise
La CIOnférence du 24 mai 2018 a été consacrée au thème de l’Agilité IT à l’échelle.

Le 24 mai 2018, CIO a organisé une matinée « L'agilité IT à l'échelle - Etendre les méthodes agiles à tous les process de l'entreprise » en partenariat avec Anakeen, AppDynamics, CA Technologies, Invivoo, Pluralsight, Signavio, Soat et Softtek.

PublicitéLes entreprises se doivent d'être agiles pour rester compétitives. Et cette agilité ne peut pas se limiter à quelques développements informatiques : ce sont bien tous les processus de l'entreprise qui doivent atteindre cette agilité, l'entreprise doit devenir agile à l'échelle avec une parfaite intégration IT/métier. C'est une évidence, n'est-ce pas ? Peut-être pas tant que cela.
En effet, pour ouvrir la CIOnférence du 24 mai 2018 « L'agilité IT à l'échelle - Etendre les méthodes agiles à tous les process de l'entreprise », la présentation des résultats de l'étude Etes-vous réellement agile à l'échelle ? a montré combien il y avait loin entre les évidences théoriques et la réalité. L'agilité basique est loin d'être un acquis. Quant à l'agilité à l'échelle... Mais cette matinée, organisée en partenariat avec Anakeen, AppDynamics, CA Technologies, Invivoo, Pluralsight, Signavio, Soat et Softtek, a mis en avant les bonnes pratiques au travers de témoignages d'entreprises ayant su adopter l'agilité à divers niveaux et dans plusieurs types de contextes.

Les raisons de l'agilité à l'échelle

Avec une adoption aussi marginale, on peut se poser la question des raisons qui poussent les pionniers à adopter l'agilité à l'échelle. Cet alignement est tout simplement une étape supplémentaire sur l'alignement non seulement de l'IT mais de l'activité réelle de l'entreprise sur le business, sur ce qui apporte de la valeur. « Il ne faut oublier aucun échelon, de l'individu à la totalité » a insisté Jérôme Carfantan, coach agile chez Soat : individu, équipe, organisation doivent tous être agiles donc alignés sur la valeur, le business.
Le « Golden Circle » de Simon Sinek, avec les couches du centre vers l'extérieur « Pourquoi » (vision), « comment » (process) et « quoi » (produit) se décline en de multiples autres : sens/autonomie/compétence ou clarté/discipline/cohérence. A chaque fois, il faut partir du centre avant d'aller en périphérie, ce qui peut être contre-habituel voire contre-instinctif. Mais la véritable agilité, le véritable alignement business, est à ce prix. Jérôme Carfantan a plaidé : « l'agilité, c'est inscrire l'amélioration continue au coeur de la culture d'entreprise. »


Jérôme Carfantan, coach agile chez Soat, a expliqué le pourquoi de l'agilité à l'échelle

L'Etat dispose de ses propres start-ups

L'agilité est une réalité, parfois, dans des endroits où elle ne serait pas, a priori, très attendue. Pierre Pezziardi a cofondé Octo Technologies, été DSI de la BRED, a participé à KissKissBankBank, à NotreBanque... et est aujourd'hui chargé de mission Start-ups d'Etat à la DINSIC, la DSI groupe de l'Etat. Le principe de la start-up d'Etat est de permettre à des fonctionnaires intrapreneurs de créer une structure ad hoc pour tester une nouvelle approche ou un nouveau service. Quitte à constater que c'est un échec.
Les administrations continuent ainsi d'assurer leurs services mais testent, au travers de ces start-ups, ce qui peut les compléter voire remplacer d'anciens process. Ou pas. Mais sans rupture ni opposition, en respectant par contre la « mutabilité du service public », autrement son évolution pour mieux servir les citoyens. « Ce qui est important, c'est l'amélioration continue, on commence par agiliser à un endroit et ça donne envie de continuer » s'est ainsi réjoui Pierre Pezziardi.

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Pierre Pezziardi, chargé de mission Start-ups d'Etat à la DINSIC, a expliqué comment on passe de la start-up d'Etat à l'agilité d'Etat

La culture, c'est bien, l'outil, c'est mieux

« Jusqu'à présent, on a beaucoup parlé de culture agile mais l'outillage reste un élément essentiel » a averti Yann Guernion, responsable produit chez CA Technologies. Pour lui, le « Darwinisme numérique » est une réalité : les entreprises incapables de s'adapter à l'agilité requise à l'ère numérique seront éliminées. Et devenir agile, ce n'est pas avoir de bonnes idées, c'est être capable de les formaliser avant de les mettre en oeuvre.
Pour Yann Guernion, il faut adopter une approche FaaS (Fonction as a Service) : qu'importe qu'il y ait IaaS, PaaS ou SaaS (ou pas), les fonctionnalités doivent être industrialisées avec les caractéristiques requises (sécurité, fiabilité...) et interopérables au travers d'API. L'outillage dont on parlait est alors notamment requis pour assurer cette indispensable gouvernance des API.


Comment « décupler son agilité grâce à l'automatisation » a été expliqué par Yann Guernion, responsable produit chez CA Technologies.

La Société Générale, l'agilité de l'infrastructure au service

Malgré tout, la technologie n'est évidemment pas tout. 150 000 collaborateurs dans 67 pays : la Société Générale est elle aussi une très grande organisation. Mais cette grande banque a adopté l'agilité à tous les niveaux, Carlos Goncalves ayant notamment déjà témoigné de l'agilité au niveau technique, infrastructure. La Direction des Ressources et de l'Innovation du Groupe Société Générale a, elle, un rôle de services transverses -IT inclus- et doit amener le groupe à se transformer, notamment d'un point de vue digital. Christophe Leblanc, Directeur des Ressources et de l'Innovation du Groupe Société Générale, a ainsi témoigné de cette transformation et de ses modalités.
Plusieurs défis sont à relever selon lui. Le premier est de bien embarquer le métier avec l'IT, de l'associer pleinement à la démarche sans quoi l'agilité n'existe pas. Au sein même de la DSI, la modification du rôle du manager, plus arbitre et animateur que directeur, est un défi ardu. Enfin, dans le secteur bancaire, la réglementation est le troisième défi. « La banque doit adopter de la discipline dans l'agilité » a-t-il ainsi souligné.



La Société Générale s'est transformée de l'infrastructure au service en mode agile comme en a témoigné Christophe Leblanc, Directeur des Ressources et de l'Innovation du Groupe Société Générale


De la théorie à la pratique

L'idéal actuel de l'agilité à l'échelle est le framework SAFe. Mais l'adopter permet-il de bénéficier d'outils de développement simple, dits « low-code » ? Yannick Le Briquer, DG France d'Anakeen a bien sûr défendu une réponse positive. Mais en insistant sur les différentes approches du low code. « Il faut choisir la bonne selon la réalité du besoin » a-t-il insisté.
Il a surtout pris un exemple, là encore, assez inattendu : la gestion du Service Militaire Adapté dans des collectivités d'outre-mer. Grand facteur d'intégration professionnelle dans des régions au fort taux d'échec scolaire, les applications métier s'interfacent, via API, avec d'autres, à la Mission Locale, au Pôle Emploi, etc. La forte implication du commandement comme des utilisateurs a permis une réelle amélioration continue, année après année, le tout en low code, donc en grande autonomie.


« Agilité SAFe et Low-Code : est-ce bien compatible ? » s'est interrogé Yannick Le Briquer, DG France d'Anakeen

Impliquer les métiers, être agile... sans perdre de vue l'essentiel

Mais comment faciliter cette implication métier ? Pour Chistophe Godard, senior manager chez Invivoo, cela passe avant tout par une réduction des boucles de feed-back, une cartographie des process métier et une conversation permanente entre métier et IT. Surtout, les différentes équipes travaillant en parallèle ne doivent pas s'entre-bloquer lorsqu'elles sont interdépendantes. Pour cela, modéliser les process métier est le point de départ, avec lequel il convient de générer une application low code.


Chistophe Godard, senior manager chez Invivoo, a détaillé comment allier développement rapide et validation continue du besoin métier.

Etre ainsi agile est sans doute bien. Mais il ne faut pas oublier l'essentiel : il faut que « ça marche ». Et que les métiers soient d'accord avec les constats faits par la DSI. « Il faut un dialogue constructif avec les métiers » a plaidé Eric Salviac, Business Value Consultant chez AppDynamics. Pour cela, le monitoring applicatif demeure essentiel mais en rapprochant la performance technique mesurée avec l'activité constatée, liée à la perception des utilisateurs. Il faut tout voir pour tout gérer, le tout en vrai temps réel.


« Être agile grâce à la gestion applicative et métier » a été défendu par Eric Salviac, Business Value Consultant chez AppDynamics.

L'expérience de Pôle Emploi

Laurent Stricher, Directeur Général Adjoint en charge des SI de Pôle Emploi, a été le Grand Témoin de la matinée. Il est donc intervenu non seulement pour présenter ce qui a été fait au sein de cet organisme mais aussi ponctuellement pour assurer des synthèses, formuler des commentaires et des avis. Pôle Emploi a commencé à adopter SAFe et possède ainsi ses propres start-ups internes, pour améliorer le service autant aux demandeurs d'emplois qu'aux entreprises. « Présenter nos initiatives, les défendre, ce n'est pas seulement soigner l'ego de 50 000 agents, c'est aussi repositionner Pôle Emploi dans son rôle, au service des citoyens, et lutter contre la défiance des demandeurs d'emploi comme des entreprises » a défendu Laurent Stricher.
L'agilité et le digital ont permis d'améliorer le service rendu, notamment en termes d'accompagnement. Laurent Stricher a cité une évidence : « un cadre parisien et une personne peu qualifiée sur un site en province n'ont pas les mêmes besoins et nous devons nous adapter à ceux-ci ». D'abord, c'est le service à rendre qui est défini, puis des indicateurs de performance sont définis et, enfin, ceux-ci sont suivis.


Laurent Stricher, Directeur Général Adjoint en charge des SI de Pôle Emploi, a été le Grand Témoin de la matinée

Savoir rendre agile ce qui est pesant

Maîtriser les process et leurs finalités se révèle ainsi fondamental. Le meilleur symbole d'une lourdeur est probablement le PGI, l'anti-thèse absolue de l'agilité. A priori. Stéphane Mauduit, Sales Executive chez Signavio, a d'abord rappelé le mode traditionnel de paramétrage d'un PGI : « d'abord un long design théorique de process qui va être transcrit dans un long paramétrage du PGI... avant de se demander si les process ainsi définis sont bien ceux qui sont réellement utilisés, si le terrain ne les contourne pas pour être plus efficace. »
Pour éviter cela, l'idée est de gérer de manière collaborative et agile les process dans un gestionnaire qui va transcrire la réalité dans le paramétrage. La détection d'écarts entre le théorique et le réalisé permet alors une amélioration continue des définitions de process.


Stéphane Mauduit, Sales Executive chez Signavio, a présenté comment « Gagner en agilité dans le cycle de vie de votre ERP avec le Process Intelligence »

Animer la relation métiers/IT

Cette liaison entre métiers et IT est, on l'a déjà dit, fondamentale dans l'agilité. Pour en discuter, la table ronde « La relation DSI et métiers à l'ère agile » a réuni Jean-Philippe Hervé, Directeur du Delivery chez VSCT (filiale technique de Oui.sncf), et Christophe Lepage, Directeur des Systèmes d'Information de BNP Asset Management.
Le premier a présenté la révolution agile qui s'est étendu au delà de la seule IT, en particulier via les datas et le marketing, le groupe Oui.sncf ayant une longue tradition d'agilité. Christophe Lepage a lui plutôt insisté sur le rôle essentiel du Product Owner.


La table ronde « La relation DSI et métiers à l'ère agile » a réuni, de gauche à droite, Jean-Philippe Hervé, Directeur du Delivery chez VSCT, et Christophe Lepage, Directeur des Systèmes d'Information de BNP Asset Management

La formation est essentielle

Pour terminer la matinée, il restait un thème essentiel à aborder : la formation. Jean-Christophe Dejongh, Global Account Director chez Pluralsight (à droite), et Laurent Martin, Knowledge and learning tribe manager, à la Société Générale, ont témoigné de son importance. Surtout quand les cycles de vie des compétences techniques sont de l'ordre de deux ou trois ans. Suivre le rythme est pourtant nécessaire pour ne pas se retrouver à l'arrière. Jean-Christophe Dejongh en a déduit : « il faut apporter les bonnes compétences au bon moment à la bonne personne. » Pas trois mois trop tard.
Or « les talents internes font partie de l'avantage concurrentiel » comme l'a rappelé Laurent Martin. Ils doivent donc disposer à tout moment des contenus de formation de façon accessible, les formations présentielles n'étant pas, le plus souvent, requises.


Jean-Christophe Dejongh, Global Account Director chez Pluralsight (à droite), et Laurent Martin, Knowledge and learning tribe manager, à la Société Générale, ont témoigné que la formation était une composante et un enjeu de l'agilité IT

Bien entendu, les participants de la matinée ont pu échanger de manière conviviale autour d'un cocktail.

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