Jean-Jacques Camps (AUFO) : « connaître les règles d'Oracle, c'est déjà un sujet »

Suite au communiqué très vindicatif du Cigref, l'AUFO (Association des Utilisateurs Francophones d'Oracle) a réagi en calmant un peu le jeu.
PublicitéHier, le Cigref a indiqué qu'il allait accompagner ses membres souhaitant quitter Oracle. En cause : une politique commerciale de l'éditeur fustigée et une absence totale de dialogue. Pour l'AUFO (Association des Utilisateurs Francophones d'Oracle), il serait évidemment suicidaire d'avoir le même appel à quitter le fournisseur justifiant son existence. Malgré tout, cette association cherche à protéger ses membres contre les mauvaises expériences.
« Le point clé de notre action, ce sont les échanges entre membres, avec éventuellement création de supports » explique Jean-Jacques Camps, président de l'AUFO. Comme avec SAP, la question des audits de licences est évidemment un sujet sensible en ce moment entre Oracle et ses clients. Et, pour se prémunir des mauvaises surprises, l'AUFO a mis en place une commission sur les actifs logiciels. Jean-Jacques Camps observe : « cette commission se réunit depuis deux à trois ans tous les deux mois environ, la dernière réunion ayant eu lieu le 22 juin dernier. » Bien entendu, Jean-Pierre Desbenoit (DGAC) y a déjà témoigné de son expérience. Lors de ces réunions, il arrive que des juristes interviennent ou même des spécialistes d'Oracle expliquant les métriques appliquées.
Oracle nerveux pour son changement de modèle économique
« Connaître les règles d'Oracle, les métriques employées, c'est déjà un sujet » soupire Jean-Jacques Camps. De là à influer dessus, il y a évidemment une marge délicate à franchir. Mais, pour le président de l'AUFO, « il y a des points où il ne faut pas se faire piéger. Le problème des machines virtuelles, pointé par le Cigref, est ainsi bien connu. » Et les audits de licences sont à la fois de plus en plus fréquents et de plus en plus pointilleux. La moindre erreur peut donc coûter cher. Face à cela et pour éviter les mauvaises surprises, Jean-Jacques Camps préconise : « il faut aujourd'hui s'équiper de solutions de SAM [Software Asset Management], de mesure de la consommation réelle en licences par l'entreprise selon les métriques de l'éditeur. »
Est-ce que, pour autant, l'éditeur cherche à accroître son chiffre d'affaires sur le dos de chaque client, faute de pouvoir étendre son marché ? Jean-Jacques Camps n'est pas d'accord. « Il peut y avoir un blocage sur les bases de données mais les applicatifs, comme le basculement cloud des infrastructures on prémices, ont encore de belles marges de progression » note-t-il. Cela dit, Oracle est visiblement nerveux face au bouleversement de son business model traditionnel. Jean-Jacques Camps observe : « la grande peur d'Oracle est du côté d'acteurs comme Amazon. Les modèles économiques se basant sur un bonus initial lié à l'achat de licences puis un récurrent associé à de la maintenance sont en train de muter avec le cloud. Oracle a peur de rater le tournant et de disparaître. »
PublicitéBeaucoup de membres de petites tailles
La capacité d'influence de l'AUFO est sans doute limitée par la taille des entreprises adhérentes. « La moitié des membres de l'association a moins de mille collaborateurs et très peu sont éligibles à adhérer au Cigref, ce qui nous différencie de l'USF où il y a beaucoup plus de grands comptes » reconnaît Jean-Jacques Camps.
Mais cela n'empêche pas le Cigref et l'AUFO d'échanger. De fait, si les très grands comptes peuvent taper du poing sur la table en se faisant entendre, les PME ont sans doute moins de facilité à le faire. Et aussi moins tendance à hausser le ton face à un fournisseur mondial.
Article rédigé par

Bertrand Lemaire, Rédacteur en chef de CIO
Commentaire
INFORMATION
Vous devez être connecté à votre compte CIO pour poster un commentaire.
Cliquez ici pour vous connecter
Pas encore inscrit ? s'inscrire