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Smart Cities ou le retour du 'small is beautiful'

Smart Cities ou le retour du 'small is beautiful'
Rémi Letemple, Senior Research Analyst pour le cabinet IDC : « le développement de la ville intelligente passe maintenant par des projets, des jumeaux numériques notamment, plus restreints »

La vision d'une ville couverte de technologies lui permettant d'automatiser la quasi-totalité de ses processus s'éloigne. Place aux smart districts ou smart places, à taille humaine et partant d'écosystèmes interprofessionnels, allant des cabinets d'architectes aux fournisseurs de technologies.

PublicitéEnviron 50% de la population mondiale vit en environnement urbain, un chiffre qui devrait passer à 70% d'ici 2050 selon l'ONU. Une grande partie de ces nouvelles populations urbaines proviendra des pays en développement, moins préparés pour faire face aux problèmes de pollution, d'énergie, de qualité de l'air, de pénurie d'eau, de déchets, de transport et de santé. L'innovation technologique, sans être la solution ultime, est essentielle pour faire face à ces défis. Elle doit servir une vision stratégique et opérationnelle afin de permettre aux décideurs de transformer efficacement l'expérience des citoyens.

Changement d'échelle géographique

Le terme 'smart city' a été beaucoup repris depuis son premier usage marketing en 2008. L'industrie et les acteurs de la tech ont ensuite passé plus de 10 ans à chercher un client unique, une ville de préférence, pour promouvoir le concept et le développer sur son territoire. Mais les villes n'ont pas, dans la grande majorité des cas, la capacité d'imposer une autorité sur l'ensemble des parties prenantes ni même de déployer un budget transverse auprès d'un grand nombre d'acteurs. Cette complexité est exacerbée par un cycle électoral qui réduit la capacité à planifier à long terme de projets aussi ambitieux qu'une 'smart city'.

Une échelle encore peu exploitée comporte pourtant une capacité de mise en oeuvre simplifiée : les smart districts ou smart places que nous pourrions traduire en français par des infrastructures ou quartiers intelligents. Ces lieux doivent être des espaces délimités, tels que des lieux de transit (gares, aéroports...), des campus universitaires, des complexes hospitaliers et même... des îles. Ils peuvent aussi s'envisager comme des projets de développement immobilier de grande envergure déclenchés par des événements majeurs, comme l'organisation d'événements sportifs.

Des technologies mieux embarquées

Les quartiers intelligents offrent un double avantage : une limitation géographique et des responsabilités mieux définies. Les sociétés d'immobilier, d'ingénierie, d'architecture... vont y trouver leur compte en termes de rendement immobilier quand les décideurs publics vont pouvoir valoriser les bénéfices sociétaux autour de la qualité de l'air, des économies d'énergie ou encore de la mobilité.

Le secteur du bâtiment a par ailleurs un rôle fondamental à jouer dans la réduction des émissions mondiales de carbone puisqu'il émet autant qu'un Etat comme la Chine et que sa transition vers le zéro carbone est urgentissime. De plus, des environnements restreints peuvent servir de laboratoire avant un déploiement à plus grande échelle d'innovation utile.

PublicitéDans ce contexte, une échelle plus restreinte permet une utilisation plus rationalisée et pertinente des nombreuses technologies disponibles : de la technologie immobilière (proptech) à de la technologie de planification (plantech), en passant par la réalité augmentée / virtuelle (AR / VR), la 5G, l'IA et au recours massif à la donnée ainsi créée. La transformation numérique ne sera un succès que si tous ces éléments sont mis en musique.

Le recours et l'utilisation intelligente des données doivent englober la sécurité, la confidentialité, la gouvernance et l'éthique. Dans ce cadre, la création de jumeaux numériques trouve tout son sens, à condition qu'elle soit correctement pensée en amont. De villes entières connectées, le développement de la ville intelligente passe maintenant par des projets, des jumeaux numériques notamment, plus restreints parmi lesquels nous pouvons citer le Grand Port Maritime de Bordeaux ou la ville de Mulhouse, avec chacun un cas d'usage concret et réfléchi avec l'ensemble des acteurs d'un écosystème.

Un écosystème repensé et mieux coordonné

Si le recours plus systématique à des fournisseurs de solutions intégrées, plutôt que des solutions ponctuelles spécifiques, prend tout son sens, c'est aussi parce que les appels d'offres demandent de plus en plus l'intégration des technologies au service de résultats sociétaux telles que l'amélioration de la santé, de la mobilité et de la durabilité.

Mais la nouveauté réside dans l'émergence de partenariats interprofessionnels. Chez IDC, nous sommes convaincus que les projets de demain nécessiteront une approche coordonnée entre les entreprises d'architecture, d'ingénierie et de construction (AEC), l'immobilier commercial (CRE), les chercheurs et universités et les fournisseurs de technologie. Les objectifs du secteur ne peuvent être atteints que si l'ensemble de l'écosystème travaille ensemble au succès de projets ciblés.

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