Tribunes

Schémas directeurs du S.I : à quoi ça sert, et à qui ça sert ?

Suite de la tribune parue la semaine dernière sur les schémas directeurs.

PublicitéL'engagement des parties prenantes et concernées (dont bien sûr les DSI, Pilotes de Processus et les Architectes d'Entreprise) est attendu au point d'articulation dynamique pour mettre en corrélation continue la stratégie de l'entreprise et l'innovation collaborative.
Un schéma directeur du S.I. est un document commun qui clarifie, positionne, met en perspective, pose les vraies questions, exprime les vrais besoins, trace les pistes du futur en se réconciliant avec le temps, en fédérant les individus à ce point d'articulation « stratégie / innovation ». il n'est pas une panacée mais il facilite l'organisation de la transition vers l'entreprise numérique.
Dans le meilleur des cas, il aborde les questions liées aux deux fronts suivants : le front interne et le front externe.
Sur le front interne à l'entreprise, il faut rééquilibrer les relations entre le centre et la périphérie. Nous pouvons citer en vrac quelques projets, comme la transformation des usages, le conseil aux Métiers, le travail mobile à distance et le développement de nouvelles infrastructures et les architectures hybrides sécurisées, le suivi des activités, les systèmes d'alerte automatique, la facilitation de la vie au quotidien des utilisateurs internes, etc. Il donne l'occasion d'exprimer la bonne manière de « cogouverner » les relations entre le centre et la périphérie ainsi que de manager les salariés dans un juste dosage de la diversité sur le terrain et de l'unité et la cohérence globale (www.cogouvernance.com). Il en découle de nouveaux rôles, compétences et responsabilités de chacun dans la chaîne d'alliances S.I. / Métiers / Dirigeants dont la solidité dépend de la solidarité co-créée et du soutien obtenu.

Sur le front externe, il s'agit de changer le regard sur la performance durable au plus haut niveau de la ligne hiérarchique. Aujourd'hui, sur le front externe, il faut compter avec le cloud, le big data, les objets numériques, la mobilité, la géolocalisation, les réseaux sociaux et l'accès libre à l'information. C'est le challenge de l'ouverture. L'économie numérique transforme radicalement certains métiers de l'entreprise et déplace leur centre de gravité vers le réseau où se nouent des coopérations symétriques.

Dès lors que des mutualisations se mettent en place entre les ressources et les compétences de l'entreprise avec d'autres organismes, le système d'information doit s'ajuster rapidement afin d'éviter les asymétries. Le lien étroit qui existe alors entre les stratégies d'alliance et l'innovation collaborative engage les parties prenantes et celles concernées tout au long de la chaîne de valeur et les amène à reconsidérer leur organisation et leur capacité d'apprenance réciproque. Cette exploration fait ressortir les nouvelles compétences à déployer pour relever ces défis.

PublicitéPar exemple, lorsque le métier de base de l'entreprise est le transport d'objets et de colis, est-il possible d'envisager une alliance avec les géants du e-commerce pour livrer ces éléments au client final ? Comment mutualiser plusieurs bibliothèques dans des collectivités locales ? Tel hôpital public doit-il coopérer avec tel hôpital privé ? Faut-il rapprocher l'hôpital public pivot A et celui plus petit du même secteur public qui est à proximité ? Telle PME ou ETI a-t-elle intérêt à se rapprocher d'une entreprise du même secteur d'activités u au contraire d'un autre secteur ? Comment offrir alors un service de bout en bout, assurer la complémentarité des compétences et des connaissances ? Peut-on entre créer une alliance sur un projet précis entre un constructeur asiatique, ou américain et un autre européen, pourtant concurrents par ailleurs ? Faut-il se rapprocher d'entreprises du même secteur économique ou au contraire d'autres secteurs ? Faut-il réfléchir sur les règles et les modalités de répartition des bénéfices et des résultats entre partenaires et envisager les formes hybrides de concrétisation (joint venture, GIE, consortiums de recherche, etc.).

Un nouveau schéma directeur, à qui çà sert ?

La première question à poser est : « qui a impulsé le schéma directeur ? » car il y a toujours une intention dans cette initiative qui reste à être révélée. Le piège consiste à impulser ce mouvement d'exploration en équipe, à imaginer des scénarios, à faire de la créativité en mode latéral, avec des démarches déterministes et d'autres plus empiriques, à valider ensuite ces hypothèses et ces options par qui de droit, puis patatrac ! de générer une frustration soit en ne tenant pas compte des prescriptions et préconisations formulées, soit en trahissant la confiance des gens et en faisant l'inverse de ce que l'on a dit et écrit, soit en rangeant le nouveau schéma directeur dans le rayon des archives.
Bien entendu, ce sont là des exemples qui ne concernent pas les lecteurs.... Mais il faut se rappeler de l'expression de Cervantès dans Don Quichotte : « du dire au faire la distance est grande ». L'organisation de la transition numérique et la transformation ne sont possibles que si la distance entre la pensée et l'action est réduite (et non pas la complexité et l'ambivalence, qui sont incompressibles). N'oublions pas qu'un bon management doit prendre en compte les « forces morales », lesquels se fortifient par le partage d'un dessein commun. Tous les stratèges, dont le célèbre Clausewitz, nous disent qu'il existe un rapport étroit entre le maintien des forces morales et l'engagement. On a besoin de l'engagement de tous pour faire face aux nouveaux défis du numérique afin que chaque acteur soit un activiste de la transformation.

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