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OOXML : l'Afnor justifie sa position... et prie pour l'âme du format !

L'évolution d'OOXML a, de fait, abouti à l'abstention « motivée » de l'Afnor et à la normalisation de ce format par l'ISO. Mais ces évolutions restent pour l'heure très virtuelles...

PublicitéLe 2 avril après-midi, l'Afnor a tenu une longue conférence de presse téléphonique pour justifier son abstention dans le vote pour la normalisation ISO du format bureautique de la suite Microsoft Office 2007, Office OpenXML (OOXML) ainsi que pour présenter l'évolution souhaitée de la situation. Signe que le sujet est bien considéré comme sensible, c'est Olivier Peyrat, directeur général d'Afnor, qui a lui-même animé la conférence de presse, accompagné de Frédéric Bon, PDG de CleverAge et président de la commission technique de l'Afnor compétente. Pas une guerre de religion ! Olivier Peyrat a tout d'abord passé un certain temps à redécrire le processus de normalisation et son rôle dans le bon fonctionnement des marchés, insistant lourdement sur le fait qu'il ne s'agissait en aucun cas « d'une guerre de religion ! » et que « l'objectif est d'être pragmatique, étant donné que l'idéal n'est pas toujours possible, même à moyen terme ». Le directeur général d'Afnor a cependant admis que la dualité de standards (même non-normalisés), sur un marché, n'était pas une situation stable, prenant en exemple le récent dénouement du combat HD-DVD / Blu-ray. Tant que l'évolution du marché n'est pas une certitude, le décollage des investissements ne s'effectue pas. Mais il a clairement condamné le fait que, sur un sujet aussi complexe qu'OOXML, une procédure « rapide » ait été choisie par les initiateurs de cette norme. Une victoire de l'Afnor ? Le vote initial de l'Afnor, avant le BRM de Genève, avait été un « non avec commentaires ». A l'issue de ce BRM, la réunion du comité technique Afnor avait abouti à une absence de consensus. « La position initiale Non Mais n'était plus tenable suite aux évolutions obtenues au BRM ; le Oui Mais impossible tant que la spécification finale n'était pas vue car cela aurait pu être considéré comme un chèque en blanc ; il ne restait donc que l'abstention » s'est expliqué Olivier Peyrat. Or, le même affirmait, il n'y a pas si longtemps, que l'abstention était la pire réponse possible... Il a donc tenu à se justifier : « l'abstention peut être interprétée comme une indifférence ou, pire, une absence d'opinion. Nous avons donc tenu à exprimer une abstention motivée, avec un rappel des engagements des défenseurs d'OOXML. Et nous serons évidemment vigilants dans la durée sur le respect des engagements écrits des différents acteurs, notamment pour éliminer à terme les lourdeurs liées à la période de transition. » De fait, malgré le tollé initial contre cette proposition de l'Afnor, la norme OOXML a été scindée en deux parties : d'une part OOXML Strict (destinée à la création de nouveaux documents, sans aucune fonction redondante ni encapsulage d'anciens formats), d'autre part OOXML transitional (embarquant toutes les fonctionnalités très contestées liées à l'héritage des différentes versions de Microsoft Word et pour assurer la compatibilité avec les anciens formats). Un logiciel pourrait donc n'implémenter que OOXML strict sans avoir à prendre en compte l'histoire de Microsoft, sauf en convertissant les anciens documents une fois pour toutes. Selon Frédéric Bon, lors de la dernière réunion du comité technique de l'AFNOR, les participants ont admis que la plupart des demandes de l'Afnor avaient été prises en compte. Trois approches étaient donc possibles : - Normaliser pour donner une visibilité sur le format aux différents acteurs du marché sans que ceux-ci ne soient soumis aux seules volontés de Microsoft ; - Rejeter une norme ayant encore trop de défauts ; - Admettre l'embarras face à un texte non-définitif avec des doutes concernant le respect de leurs engagements par l'ECMA et Microsoft. Après la réunion, des documents issus de Patrick Durusau, HP et Microsoft ont été diffusés aux membres de la commission technique. Tous ont envoyé leurs commentaires sur ces documents. La position de l'Afnor, selon Olivier Peyrat, a ensuite été finalisée samedi dernier après-midi. Selon l'Afnor, le véritable avantage de la normalisation est de disposer de deux points fixes : la norme OpenDocument (ODF ou ISO 26300, normalisée en version 1.0, admise comme très insuffisante) et la norme Office OpenXML (OOXML ou ISO 29500). L'idée est désormais de faire converger OOXML strict et ODF, dont les périmètres fonctionnels sont identiques, vers une norme nouvelle. Selon Olivier Peyrat, « nous disposons ainsi d'une feuille de route sur l'évolution de la norme, même si nous n'avons aucune date. Mais si OOXML avait été rejeté par l'ISO, nous risquions une perte de vision sur le format et de la dynamique normative », sans aucune garantie que Microsoft aurait poursuivi dans la voie de la normalisation et de l'ouverture de ses formats. « Nous gardons la capacité d'alerter le marché en cas de comportement inadéquat de certains acteurs » a menacé Olivier Peyrat, oubliant que l'alerte du marché a été bien peu utile dans les différents conflits concernant les grands éditeurs de logiciels, à commencer par Microsoft (vente liée...). L'Afnor attend donc que l'ECMA et Microsoft respectent leurs engagements et, donc, publient une norme OOXML rédigée conformément aux engagements pris devant l'ISO. Il suffit donc d'attendre... et de prier pour que les engagements soient respectés sous la pression du marché... Un refus de commenter l'enquête européenne Les évolutions dans le temps des votes des organismes de normalisation dans bon nombre de pays européens ne sont pas sans poser de questions. Selon nos informations, la Commission Européenne aurait envoyé un courrier à ces différents organismes pour leur demander s'ils avaient subi des pressions. Si Frédéric Bon a nié l'existence de pressions « particulières », Olivier Peyrat a, quant à lui, très sèchement refusé de confirmer ou d'infirmer la réception de cette lettre et, plus encore, d'apporter le moindre commentaire : « Aucun commentaire. S'il y a enquête, nous répondrons à l'enquête. Je n'en dirai pas plus ».

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