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La VOD, un marché à maturation lente

La VOD, un marché à maturation lente

PublicitéNul ne conteste le potentiel du marché de la VOD mais l'offre embryonnaire actuelle et la réticence des distributeurs à s'en faire le relais unique mettent en lumière certains freins économiques et juridiques qu'il convient aujourd'hui de décrypter afin de mieux cerner les enjeux à venir. Pour obtenir les droits de diffusion d'un titre en VOD, tout distributeur doit, en principe, s'acquitter auprès du studio d'un minimum garanti, souvent très élevé, et qui peut paraître démesuré, comparé aux revenus potentiels escomptés. Dans les faits, seuls quelques grands opérateurs peuvent se le permettre. Ce modèle économique ne me paraît pas économiquement viable en l'état. D'ailleurs, aux Etats-Unis, où les modalités commerciales dans ce domaine sont relativement similaires, NETFLIX, le pionnier et leader de la location de DVD par Internet, a refusé ces conditions, repoussant ainsi son offre VOD à une date ultérieure. Du point de vue juridique, la majorité des contrats-cadre signés entre les studios et leurs ayants droit ne prévoient pas le mode de diffusion VOD. Pour étoffer leur offre, les Majors doivent actuellement renégocier ces accords ce qui prend du temps et ralentit le développement de l'offre. A ces freins s'ajoute un certain nombre de menaces identifiées par les acteurs de la profession. Au premier plan figure le risque de cannibalisation de la VOD par les autres modes et supports de diffusion du cinéma comme la télévision, le pay per view, le DVD, etc. Plus grave encore, ils craignent que l'essor de la VOD se traduise par une chute des revenus et des prix, à l'instar de ce qui s'est produit dans l'industrie musicale. C'est la raison pour laquelle ils se sont accordés, par protocole d'accord interprofessionnel sur la vidéo à la demande (VOD) le 21 décembre 2006, sur la mise en place d'un calendrier (fenêtre de diffusion) extrêmement restrictif : un film en VOD est disponible au plus tôt sept semaines après sa sortie en DVD et sort provisoirement du paysage cinématographique quelques semaines plus tard. Autre ombre au tableau, l'apparition de logiciels pirates qui permettent aujourd'hui de contourner simplement les verrous techniques comme les DRM censés interdire la duplication ou la limitation de visionnage d'un film VOD dans le temps. La VOD connaît donc un démarrage difficile. Parallèlement, le chiffre d'affaires des vidéoclubs traditionnels en France a considérablement chuté ces dernies mois. C'est sans doute le signe que les utilisateurs se tournent vers d'autres modes de consommation audiovisuels comme la location de DVD par Internet (Location Postale), qui connait une croissance fulgurante en France ou à l'étranger. En 2009, elle représentera plus de 30% du marché total de la location vidéo aux Etats-Unis, 60% en Angleterre. En France, où l'offre est encore peu connue du grand public, elle est estimée à plus de 25% (Source Screen Digest 2005 « The Outlook for Online DVD rental »). Le marché du DVD est loin d'être moribond et l'expansion de la location de DVD par Internet en est une preuve tangible. De plus, la guerre, à coup de milliards de Dollars, que se livrent actuellement les géants de l'industrie comme Sony, Toshiba, NEC, Warner ou Universal, pour remporter le marché du DVD de demain (HDD Versus Blu Ray) confirme cette tendance. Tout laisse à penser qu'à court terme, la location de DVD par Internet va se développer avec force. L'universalité et la simplicité du service, l'exhaustivité des catalogues proposés et les coûts pratiqués en sont les principaux atouts. Cependant, je reste convaincu que l'Industrie du Cinéma trouvera les réponses appropriées aux nombreuses questions qui freinent la diffusion massive de la VOD dans les foyers et que ces deux modèles complémentaires continueront à se développer en parallèle.

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