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L'impact du digital sur les RH

L'impact du digital sur les RH
Gerald Karsenti, à gauche, Alain Roumilhac à droite, décryptent l'impact du digital sur les RH

Les patrons de HPE France, Gerald Karsenti, et de ManpowerGroup France, Alain Roumilhac débattent dans un livre de l'impact du digital sur les RH.

PublicitéSous le titre « Terres nouvelles droit devant » (*), les patrons de HPE France, Gerald Karsenti, et de ManpowerGroup France, Alain Roumilhac (**), donnent leur appréciation sur les mutations de l'emploi dans un monde de plus en plus digital et de plus en plus incertain. C'est d'ailleurs le point de départ du livre, le passage d'un monde où le risque est assuré à une ère où règne l'incertitude. Les ressources humaines sont très impactées, mais sur ce sujet précis, les entreprises restent dans le flou.

Faut-il s'inquiéter de l'impact de la transformation digitale sur les ressources humaines, côté entreprises comme côté salariés ? Gerald Karsenti se montre partagé. Une étude d'Oxford prédit la disparition d'un emploi sur deux avec la numérisation de l'économie, d'autres ont une approche plus optimiste. En fait, nous sommes entrés, depuis la crise de 2008, dans un monde d'incertitude sans équivalent, notent les deux auteurs. Jusqu'alors l'économie vivait des cycles, avec une alternance de croissance et de dépressions. Aujourd'hui, elle semble durablement engluée dans une crise, d'abord financière, qui englobe tous les secteurs, sans permettre de voir de manière lisible et assurée, notre avenir.

Une attitude plus accueillante au changement

« Je crois que le bilan sera positif au final » souligne Gerald Karsenti. Pour lui, la formation qui permettra de combler l'écart de compétences et de se familiariser avec les nouvelles technologies, est importante, mais ne suffira pas. Le changement suppose une mutation plus profonde et une attitude plus accueillante au changement. Ce n'est pas non plus une affaire de génération, mais d'attitude personnelle. « Nous allons devoir rompre avec le statu quo et notre goût pour la stabilité, car le numérique promet de tout chambouler ».  Nous entrons dans un monde durablement incertain, sans avoir la possibilité de se raccrocher aux bouées de sauvetage du passé.

On imagine que les entreprises, dans ce nouveau cadre, doivent accompagner leurs salariés mais aussi s'aligner sur les nouvelles générations et leurs spontanéités, elles qui n'acceptent plus les mêmes rapports aux horaires, aux hiérarchies, aux conduites de projet. L'ubérisation fait également réfléchir les directions d'entreprise. La digitalisation n'est pas qu'une affaire de technologie et de tarifs plus bas, l'entreprise doit le comprendre et le faire comprendre à ses salariés actuels et futurs. Si les taxis se font concurrencer de manière radicale, c'est aussi pour leur manque d'amabilité, de notion de service, de leur tarification floue. Avec Uber, le tarif est clair, le véhicule propre et le chauffeur obligatoirement souriant et aimable !

Des modes d'organisation qui ont atteint leurs limites

PublicitéLes entreprises doivent de venir plus agiles, or, remarque Alain Roumilhac elles sont en silos, matricielles, mondialisées, donc adeptes des effets de masse. Des modes d'organisation qui ont atteint leurs limites. Comment relancer la créativité pour affronter la concurrence ? C'est le défi RH des entreprises, défi d'autant plus aigu qu'elles ont du mal à recruter de nouvelles compétences, ne dégagent pas suffisamment de moyens financiers et restent dépendantes de l'impulsion venue du haut.

Plusieurs générations différentes affrontent la révolution digitale : du bon vieux baby boomer, aux digital natives, qui aiguillonnent tout le monde. « Il ne sera plus question d'horizontalité, de verticalité ou même de transversalité, ces notions n'existeront plus... Les notions de plein emploi, de contrats à durée indéterminée et plus largement le Code du travail, tout cela va être profondément remis en cause », rappelle Gerald Karsenti. Mais, prévient Alain Roumilhac, « il faudra se garder de construire une société de précarité, alors que tout incite les travailleurs du futur à être par force indépendant, à multiplier les employeurs ».

« Personne ne le fera à leur place »

Un salarié sur trois aux Etats-Unis est aujourd'hui en free-lance. Les entreprises auront un noyau de salariés à plein temps, à l'ancienne, mais vont recourir à des sous-traitants, à des auto-entrepreneurs, des free-lance de toute nature. Le renouvellement des compétences se fait à un rythme trop rapide pour supporter autant de salariés à plein temps qu'aujourd'hui. Les salariés en particulier seront focalisés sur leur patrimoine personnel. « Personne ne le fera à leur place » note Gerald Karsenti. La demande de sécurité ne disparaîtra pas pour autant, mais le risque de ne rien faire pour adapter un modèle qui a vécu existe aussi ».

L'attachement à l'entreprise non plus ne s'effacera pas, mais l'entreprise va le retravailler sérieusement en fonction des évolutions actuelles des salariés et de leurs compétences.
Les deux dirigeants voient l'avenir de manière pragmatique, privilégiant le terrain, à hauteur d'homme, estime leur préfacier Christian Boghos. Pour eux la transformation digitale n'est pas une affaire de discours mais leur quotidien. « Elle est là, sur leur bureau, dans leur smartphone, à leur rappeler que le temps joue contre eux». Mais les deux auteurs gardent un fond d'optimisme, c'est leur nature de chefs d'entreprise, et  sans trop promettre, ce qui fait tout le réalisme de ce livre. (*) : « Terres nouvelles droit devant » est publié aux Editions Eyrolles, dans la collection « L'instant qui suit », co-animé par l'éditeur et la Fondation ManpowerGroup.
(**) :
. Gerald Karsenti est Pdg de HPE, Hewlett Packard Enterprise France depuis septembre 2015 après avoir occupé les mêmes fonctions chez HP. Il a une longue carrière internationale au sein d'IBM et ensuite de HP.
Gerald Karsenti compte 30 000 folowers sur twitter. Il est par ailleurs professeur affilié à HEC sur le leadership et la révolution digitale et anime le Cercle des dirigeants d'entreprises étrangères implantées en France.
. Alain Roumilhac, passé par IBM et Osiatis, est Pdg de Manpower France, groupe qui a structuré, après le rachat de Proservia un pôle de services informatiques. En dehors de cette fonction, il joue un rôle dans l'évolution des RH en France, comme vice-président de la Fondation Agir Contre l'Exclusion (FACE) ou dirigeant de fédérations professionnelles.

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