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KDC : un test de datacenter pour valoriser les îles Kerguelen

KDC : un test de datacenter pour valoriser les îles Kerguelen
La station de Port-Aux-Français, aux îles Kerguelen, est une zone froide et toujours sous le vent. (c) Daniel Delille / Wikipedia

Une source d'énergie naturelle illimitée a fait naître un projet de « datacenter vert » dans une île presque déserte. Cette valorisation étonnante séduit pourtant les acteurs du marché.

PublicitéLes Îles Kerguelen font partie des Terres Australes et Antarctiques Françaises et ne sont actuellement habitées que par les scientifiques détachés à la station de Port-Aux-Français [en photo]. Mais cela pourrait bientôt grandement changer. Ces îles ont en effet des particularités qui les rendent propices à l'installation d'un « datacenter vert ». Le projet a été baptisé KDC (Kerguelen Data Center) et est porté par le consortium éponyme regroupant des entrepreneurs, des scientifiques et la Caisse des Dépôts et Consignation.
Le projet KDC comporte plusieurs parties. La plus problématique est la liaison sous-marine en fibre optique entre les Îles Kerguelen et La Réunion puis le renforcement de la liaison existante entre La Réunion et, d'une part, l'Île Maurice puis l'Inde, d'autre part, l'Afrique du Sud. La liaison avec la métropole française serait de ce fait indirecte, la distance très importante et les temps de latence élevés. Mais Jules de Chaischmidt, président de KDC, balaye l'objection : « évidemment, il n'est pas question de faire réaliser aux Kerguelen des traitements nécessitant une grande réactivité et du temps réel mais les avantages importants en matière de coût sauront séduire les acteurs ayant besoin de réaliser des calculs massifs, plutôt ponctuels. »

Une température idéale pour un refroidissement par air ambiant

La partie principale du projet reste le datacenter lui-même. Celui-ci devrait prendre place sur la Péninsule Courbet située entre le Golfe du Morbihan et le Golfe des Baleiniers, près de la station de Port-Aux-Français. Le premier avantage de cette localisation est la possibilité de refroidir le datacenter à l'air ambiant, voire d'utiliser la chaleur du datacenter pour chauffer les bâtiments de la station scientifique de Port-Aux-Français. La température est normalement entre 2 et 12°C tout au long de l'année. « Il ne gèle que rarement, parfois entre -1 et 0°C durant l'hiver austral, en Juillet et Août, la température la plus élevée jamais enregistrée étant de 23°C » explique Yves Lebrac, responsable météorologie à la station de Port-Aux-Français. L'absence de gel trop intense évite la détérioration des matériels, notamment les risques de destruction des canalisations de fluides. La chaleur permanente du datacenter a, de plus, l'immense avantage d'aisément compenser les températures les plus basses.

L'énergie éolienne garantie pour alimenter le datacenter

A l'inverse d'autres sites aux températures similaires et plus proches des zones habitées, notamment au Canada ou même en Sibérie, les îles Kerguelen ont un atout de taille : le vent. Yves Lebrac précise : « les îles sont situées en plein océan, à des milliers de kilomètres de la moindre masse continentale, sur le chemin entre l'Océan Indien et l'Océan Atlantique. Il en résulte un vent important absolument permanent. »
Ce vent est destiné, dans le projet KDC, à alimenter des éoliennes. Une batterie de soixante éoliennes de 150 mètres de haut sera ainsi déployée en ligne sur la Péninsule Courbet avec une première tranche de dix unités, les suivantes étant déployées au fur et à mesure des besoins. « Le bruit des pâles n'importunera personne : les seuls habitants des îles sont les occupants de la station de Port-Aux-Français » se réjouit Jules de Chaischmidt. Le datacenter sera, lui, construit juste à côté, dans des bunkers en béton fabriqués grâce aux roches prélevées et concassées sur place. La création d'une centrale à béton ad hoc est en effet une méthode de construction fréquente dans les cas de bâtiments élevés dans des lieux très isolés.
Une fois la construction terminée, le coût de fonctionnement pur du datacenter sera donc quasiment nul : une énergie gratuite assurera en effet le fonctionnement du datacenter. Les premiers clients seront, assez logiquement, les établissements disposant déjà de laboratoires scientifiques sur place, au premier chef la Météorologie Nationale. Jules de Chaischmidt relève : « la modélisation climatique nécessite de très grosses masses de calcul mais le temps de latence est de faible importance ».
Le datacenter comprendra au départ assez peu de machines et montera en puissance progressivement si les premiers tests sont concluants.

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