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Face à l'IT, les pigeons se rebiffent

Face à l'IT, les pigeons se rebiffent
Un pigeon de Sud-Ouest Conserves peut transporter jusqu'à 5 Go de données dans ses pattes.

Réduit a peau de chagrin par l'arrivée des nouvelles technologies, le secteur des pigeons voyageurs a décidé de se ressaisir et de s'attaquer au monde de l'entreprise. La société ComuPige vient en effet de lancer une suite collaborative CollabPige déjà adoptée par une société du Sud-Ouest.

PublicitéIls étaient une centaine, ce mardi 31 mars au matin, à bloquer l'accès au data-center d'Orange de Val-de-Reuil, en Normandie. Des éleveurs de pigeons voyageurs venus de toute la France protestaient contre le mal qu'ont pu faire les nouvelles technologies à leur business centenaire.
« D'abord il y a eu La Poste, le téléphone, le Minitel et maintenant internet. Comment voulez-vous que nous rivalisions face à tout ça ? », lance Pierrick Runy-de-Saint-Phallois, propriétaire d'un pigeonnier dans l'Orne et secrétaire général de la CGT-Pigeons. Sur les barricades élevées autour du datacenter tôt dans la matinée, le constat est similaire. « C'est tout de même aberrant le manque de considération dont fait preuve l'Etat à notre égard. C'était un pigeon de mon grand-père qui avait porté le message annonçant la libération de Paris au Général de Gaulle en 44. Vous pensez que quelqu'un aurait pensé à lui décerner la légion d'honneur ? Que dalle ! », argue Yannick Galahad, maitre pigeonnier à Versailles.

Les chiffres parlent d'ailleurs d'eux-mêmes. Entre les années 1800 et aujourd'hui, le nombre de pigeonniers en activité a chuté de près de 99%. Aujourd'hui, la France ne compte plus que 12 500 colombophiles, pour la plupart voués à une activité sportive. Mais ces derniers n'ont pas baissé les bras et veulent refaire du pigeon un moyen de communication à part entière. « Nous avons compris les problématiques des entreprises et avons décidés de mettre en place des solutions alternatives à celles utilisant les nouvelles technologies », déclare Pierrick Runy-de-Saint-Phallois. Afin de les mettre en oeuvre, les éleveurs ont créé la société ComuPige.


La collaboration en fer de lance

Parmi les solutions phares de la société, la suite collaborative CollabPige a déjà trouvé preneur. Sud-Ouest Conserves, une société française spécialisée dans la conserverie de produits du Sud-Ouest l'a en effet déployé. « Nous avions besoin d'une solution de collaboration innovante pour faciliter la communication, aussi bien en interne qu'avec nos partenaires extérieurs », témoigne Jean-François Tharbe, DSI de Sud-Ouest Conserves.
La société qui emploie 554 personnes dont une centaine dans son siège de Toulouse se contentait jusqu'à présent d'un petit train électrique pour faire circuler les documents en interne. « C'était bruyant et les déraillements devenaient trop fréquents », explique le DSI. En outre, cette solution ne répondait pas aux enjeux de mobilité de l'entreprise dont l'implantation multi-sites nécessite l'utilisation de solutions plus globales.

CommuPige a donc commencé a déployé sa solution en avril 2014. Parmi les 1100 volatiles fournis, deux types de pigeons ont été dressés distinctement. Les premiers devaient mémoriser les lieux et les bureaux entre lesquelles ils devaient circuler. Les autres, pour les dirigeants, devaient mémoriser les personnes auxquelles ils étaient dédiés. « Pour des raisons de sécurité, si une personne non autorisée essaie de récupérer un message qui ne lui est pas adressé, le pigeon lui crève les yeux », précise Pierrick Runy-de-Saint-Phallois.
Chaque collaborateur bénéficie ainsi d'un pigeonnier personnel pouvant accueillir jusqu'à dix pigeons. Pour la communication entre les différents sites et les partenaires, un système VPPN (Very Protected Pigeon Network) a été mis en place. Les oiseaux affrétés à ce service sont ainsi équipés de puces GPS et d'armures en alliage de titane pour éviter les mésaventures avec les chasseurs ou les prédateurs.

Publicité Ainsi, la solution a apporté à Sud-Ouest Conserves un fort gain en efficacité. Le taux de messages n'arrivant pas à destination s'est ainsi réduit à moins de 50% (48,7%). En outre, la société s'est inscrite dans une démarche de recyclage. Les pigeons arrivant à la retraite sont envoyés aux usines de traitement pour être reconditionnés sous forme de magrets.

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