Stratégie

Digital : la grande illusion

Digital : la grande illusion
L'EBG (Electronic Business Group) a diffusé une enquête basée sur une centaine d'interviews de décideurs d'entreprises membres du CAC 40.

La transformation numérique fait se gargariser bon nombre de consultants mais, dans les faits, une enquête de l'EBG en montre les limites.

Publicité« Quand on parle de transformation digitale, les mots qui apparaissent en premier sont ceux liés aux outils : cloud, data, serveur... Mais le sujet le plus compliqué, c'est la dimension humaine » a témoigné Patrick Hoffstetter, Chief Digital Officer / Directeur Digital Factory de Renault. Il s'est ainsi exprimé dans le cadre d'un ouvrage, Transformation Numérique 2015, diffusé par l'EBG (Electronic Business Group) une association de grandes entreprises autour des sujets du numérique.
De fait, la transformation numérique est loin d'être une réalité malgré les grands discours, même dans les plus grandes entreprises. L'ouvrage de l'EBG se base sur une centaine d'interviews de décideurs d'entreprises membres du CAC 40. Et il montre toutes les limites factuelles derrière les mots dont les consultants se gargarisent.

Le digital : un effet d'affichage

Ainsi, par exemple, le Big Data ne concerne dans les faits que le tiers des entreprises du CAC 40. Moins d'un quart ont une « direction du digital » autonome mais, au moins, ce chiffre laisse l'espoir au DSI de garder la haute main sur le numérique. C'est d'autant plus vrai que, même si un « CDO » existe dans 73% des cas, il n'est présent au Comité Exécutif que dans 18% des cas.
Et ce n'est pas tout ! 15% ont un vrai dialogue métier/digital et 30% disposent de véritables indicateurs mesurant la performance du digital. Enfin, l'uberisation ne fait pas peur : 10% seulement des entreprises du CAC 40 « estiment que l'évolution des usages numériques pourrait remettre en question la survie de l'entreprise ». Un tiers estime que le numérique a modifié leur « rythme business ». Les cas où le modèle économique a changé (par exemple via la désintermédiation ou le changement des modèles d'intermédiation) restent rares.
Marc Florette, membre du Comité Exécutif et Directeur Digital d'Engie, en a tiré une leçon simple dans l'ouvrage de l'EBG : « aujourd'hui, le problème des entreprises est que le digital transforme la vie quotidienne du consommateur plus vite qu'il ne transforme les entreprises. C'est sûrement la première fois qu'on assiste à un phénomène de ce type ». Certains, cependant, reconnaissent bien que la pression concurrentielle peut être exacerbée par l'usage innovant du numérique réalisé par des concurrents. 40% jugent qu'un impact est prévisible.

Quelques contre-exemples d'entreprises ayant lourdement investi

Heureusement, certaines entreprises ont pris le taureau par les cornes. De la SNCF à aux Centres Leclerc en passant par EuropAssistance, la transformation numérique a été voulue et décidée au niveau de la direction générale. Et cela n'est pas resté un concept. Les investissements et les actions concrètes ont suivi. Dans ces entreprises, le numérique est devenu un facteur stratégique essentiel.
Marc Gigon, VP Digital, Marketing & Services chez Total, a ainsi jugé : « Une transformation digitale, ce sont des changements longs, profonds, compliqués et coûteux. C'est un sujet de Direction Générale. Si ce n'est pas porté par le management, rien n'est possible ». Une bascule vers le e-commerce, c'est un choix qui impacte lourdement toute la chaîne de valeur et l'organisation de l'entreprise qui va au delà de la création d'un site web. Nouveaux services, nouvelles relations clients... le numérique ne peut que tout transformer dans l'entreprise. Si elle le veut vraiment.

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