Stratégie

Convention USF : SAP répond peu aux mises en cause

Convention USF : SAP répond peu aux mises en cause
Marc Genevois, nouveau DG de SAP France, n'a que peu répondu aux mises en cause de l'éditeur par ses clients en plénière de la Convention USF.

L'USF (Utilisateurs de SAP Francophones) réunit la convention de son 25ème anniversaire à Lyon les 7 et 8 octobre 2015. La deuxième journée donnait à l'éditeur la possibilité de répondre aux mises en cause de la veille. En vain ou presque.

PublicitéTraditionnellement, la deuxième journée de la Convention Annuelle de l'USF (Utilisateurs SAP Francophones) s'ouvre par une plénière répondant à la première, mêlant interventions de l'éditeur et sujets d'intérêt culturel. L'édition du 25ème anniversaire se déroule les 7 et 8 octobre 2015 à Lyon. La première journée ayant été marquée par une mise en cause directe et inédite par sa violence de l'éditeur sur les audits de licences et les accès indirects, la réponse de celui-ci était attendue en plénière.
Marc Genevois a pris la direction générale de SAP France il y a quelques jours seulement après quatorze ans passés chez l'éditeur. L'un de ses premiers clients lui avait avoué que, chez lui, SAP signifiait « Seigneur, Ayez Pitié » tellement l'outil était vu comme lourd. « Et à l'époque, on ne parlait pas des accès indirects » a-t-il plaisanté pour faire baisser la tension née la veille sur ce sujet. Pour lui, « il est nécessaire de partager et d'échanger, c'est ce que j'ai toujours crû, depuis mon premier jour comme commercial chez SAP. »

Chez SAP, tout va bien, merci

Il a axé son discours sur la transformation numérique et la contribution de SAP à celle-ci. Même si c'est plus sexy de parler de start-up plutôt que de regarder les grands éditeurs capables de fournir un système complet. Il a défendu le passage à Hana au delà de la seule vitesse pure. Il a pris l'exemple du distributeur Wall Mart qui, aux Etats-Unis, utilise le module finance sur Hana pour analyser les promotions du Black Friday sur la côte Est des Etats-Unis et en tirer des leçons pour le Middle East et la Côte Ouest en jouant sur le décalage horaire. Mais le DG de SAP France a averti que la réécriture de SAP pour Hana prendrait des années même si la revente et le support de la base de données Oracle ne pouvait pas être garantie au delà de 2018.
« Transformation digitale : se réinventer ensemble » était ainsi le seul thème de son intervention préparée à l'avance. Face aux clients assemblés, il a ainsi défendu les progiciels et la stratégie de l'éditeur, notamment les rachats de Concur, Hybris, Ariba... pour servir la totalité des besoins des entreprises, y compris, le cas échéant, dans le cloud.

Les litiges évacués en quelques phrases

Mais son intervention au pupitre n'a abordé ni les audits de licence ni les accès indirects. Bref, avec l'intervention du DG de SAP France en plénière, la violente mise en cause de l'éditeur la veille n'a reçu aucune réponse durant tout le long discours. Par contre, le discours marketing était, lui, bien au rendez-vous.
Il a fallu attendre un petit jeu de questions-réponses avec un communicant de l'éditeur pour que le DG explique que le modèle économique de SAP exige une grande rigueur pour les audits de licences. Même si une certaine pédagogie est nécessaire, a-t-il admis, pour que cette évidente zone de frictions se passe le mieux possible. « Les mauvaises surprises, les budgets imprévus, amènent des tensions » a-t-il explicité.
Pour lui, l'usage indirect n'existe pas, n'étant pas prévue au contrat de licence. Le DG a concédé qu'il peut y avoir des surprises importantes en matière de nombre d'utilisateurs à cause de cet « accès dit indirect ». Il a jugé qu'il fallait être pro-actif avant les projets pour trouver une solution commerciale « faisant sens pour SAP comme pour le client ».

PublicitéLes meilleurs projets SAP récompensés

Comme tous les ans, l'éditeur a profité de la Convention USF pour remette à ses clients aux projets les plus intéressants et les mieux menés ses Quality Awards.
Le prix Fast Delivery a récompensé Pôle Emploi pour sa gestion immobilière avec deux accessits à l'Assemblée Nationale et à Téléperformance. Le prix Business Transformation a récompensé Berluti, Beaumanoir et, en première place, Nature et Découverte.
La catégorie innovation a distingué Galderma (implémentation de Concur), Anevia et, en premier lieu, Atos pour une implémentation interne d'Ariba en deux mois sur une quarantaine de pays. Une autre catégorie « Large Innovation » a, elle, récompensé Orolia, CMA CGM et, à la première place, les fromageries Bel.


L'intelligence artificielle

L'innovation réelle a occupé la fin de la matinée. Laurent Alexandre, chirurgien neurologue, énarque, auteur, chef d'entreprise, créateur de Doctissimo... est ainsi intervenu pour insister sur la révolution en cours. Il a regretté : « les informaticiens créent le futur, avec un rôle politique majeur, mais ne font pas de futurologie et ils ont tort. »
Il existe deux sortes d'intelligence artificielle (IA) : forte (avec conscience d'elle même, comme Hal 9000) et faible (sans conscience d'elle même). Si l'intelligence artificielle forte n'existe pas aujourd'hui, sa version faible s'insinue partout. Conduire une voiture autonome, analyser des millions de documents en quelques instants, remplacer des milliers de chercheurs... tout cela est possible avec l'IA faible.
Or celle-ci voit son coût baisser. A un terme rapide, l'IA sera gratuite. L'impact en sera majeur selon Laurent Alexandre : sur l'économie, sur l'organisation sociale et sur la philosophie avec la conception même du monde, la séparation matière/animaux/humanité. Le transhumanisme, avec sa promesse d'immortalité humaine, reposera sur des technologies disponibles et une éthique non-judéo-chrétienne, avec acceptation de l'eugénisme et de l'auto-modification humaine. « Tuer la mort » est le credo des Transhumanistes tels que les dirigeants de Google.
« Le Transhumanisme est une révolution politique et non pas seulement une révolution technique » a jugé Laurent Alexandre. Et il y aura évidemment des contre-révolutions.
La transformation de la médecine est telle que la communauté médicale est totalement dépassée. « Il ne reste qu'à leur installer SAP pour achever de les perdre » a plaisanté Laurent Alexandre. Pour lui, « l'IA sera amenée à prendre des décisions éthiques. ».

La révolution disruptive

Nicolas Baverez, normalien, avocat, éditorialiste au Point et intervenant pour France Culture dans l'émission « L'Economie en questions », a eu une intervention moins technique. « Beaucoup ont professé la fin de l'histoire alors qu'au contraire l'histoire accélère » a-t-il indiqué. Etats et entreprises sont remis en cause de manière parfois très violente, avec des « disruptions », événements à probabilité faible mais aux conséquences énormes.
Or la France a alterné depuis les origines des phases de non-adaptation et de révolutions brisant les résistances d'un seul coup. « De Gaulle disait avec raison que la France n'adoptait les évolutions qu'avec des révolutions » a cité Nicolas Baverez.

Quatre rêves en conclusion

Igor et Grichka Bogdanoff, essayistes, producteurs et animateurs de télévision, ont conclu la deuxième matinée de plénière de la Convention USF. En tenue argentée emblématique de l'émission Temps X, ils sont revenus sur la construction du monde des dix prochaines années. « 80% des innovations technologiques qui changeront le monde n'existent pas aujourd'hui » ont-ils indiqué.
Le grand rêve numérique est la plus grande révolution industrielle, économique et sociale. Le rêve énergétique l'accompagnera, avec une énergie renouvelable et abondante. Le rêve biologique sera celui du transhumanisme. Le rêve spatial, enfin, est sans doute le plus romantique autant que le plus classique.


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